La sonate en ré majeur K. 96, l'une des plus jouées[1], est célèbre par la diversité de ses thèmes[2]. Scarlatti s'y montre totalement libéré de la forme de danse, binaire et symétrique et fait preuve d'une « incomparable fantaisie et spontanéité ». Elle est parfois sous-titrée « La chasse » en raison de la sonnerie de cors de l'ouverture.
Ces caractéristiques de facture font regrouper cette œuvre et les sonates des volumes de 1742 (XIV) et 1749 (XV) de Venise, dans ce que Kirkpatrick nomme « la période flamboyante »[3], qui comprend notamment les Sonates K. 43 à 57, 115 et 116, à la forme très dynamique et d'une « richesse intérieure » sans commune mesure avec les Essercizi, dont la forme est relativement simple et la richesse plutôt « extérieure »[4].
Le même musicologue classe cette œuvre dans le type « sonate ouverte », puisque le matériel thématique de la première partie n'est pas réemployé pour la seconde. Il précise qu'elle est ouverte, mais également libre, c'est-à-dire que, tout en négligeant celui de l'ouverture, elle mélange son matériel thématique avec un nouveau[5].
Comme dans la sonate K. 491, le compositeur fait usage d'un effet d'imitation en appels de trompette[6]. C'est par une ouverture que débute la pièce et une cadence à la dominante[7]. Après les cuivres, succède un accompagnement de mandoline[2] et même de castagnettes[1]. Chaque partie se termine par un tutti, précédé par une séquence polyphonique[2].
Techniquement la sonate réserve des sauts difficiles[1] (mesures 78 et 165 et suivantes) et des notes répétées où l’auteur réclame un mutandi i deti (« changement de doigt »), indication que l'on retrouve dans les sonates K. 202 et 211[8].
Suivant le manuscrit de Parme, il est possible qu'elle forme une paire avec la fugue K. 41, qui clôt le recueil[9].
Début de la sonate en ré majeur K. 96, de Domenico Scarlatti.
Manuscrits
Le manuscrit principal est le numéro 6 du volume XV de Venise (1749), copié pour Maria Barbara[10] ; l'autre étant Parme III 29[11].
Les dates indiquées sont celles de l'édition des Essercizi et de la copie des volumes — et non la date de composition des œuvres.Les accolades figurent les paires ou les triptyques des manuscrits de Venise, Parme, Madrid et Saragosse, etc.Voir aussi : Concordances des catalogues et manuscrits des sonates