Simon de Tournai

Simon de Tournai
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Simon de Tournai (ou Simon de Tornaco [1] et parfois maĂ®tre Simon[2]), nĂ© vers 1130 Ă  Tournai et dĂ©cĂ©dĂ© en 1201, est un chanoine qui s'inscrit dans le mouvement de la Renaissance intellectuelle du XIIe siècle.

Biographie

Il étudie dans sa ville natale avant de se rendre à Paris, à l'école du cloître de Notre-Dame où il étudie notamment sous la direction d'Odon de Soisson dont il est le collaborateur et protégé.

Il enseigne à l'école des arts (sept arts libéraux) avant de devenir un éminent maître en théologie en 1165. Selon Thomas de Cantimpré[3],[4], il aurait prononcé le blasphème des trois imposteurs et aurait été immédiatement frappé d'épilepsie. Matthieu Paris[5] lui attribue un autre blasphème. Ces anecdotes ne trouvent guère de crédit chez les historiens modernes[6].
Une chose est sĂ»re, il s'est fait de nombreux ennemis, non seulement du fait de son tempĂ©rament arrogant et de son goĂ»t de la provocation, mais aussi et surtout en raison de la place importante qu’il accorde Ă  Aristote dans son enseignement. On le voit notamment dans ses Disputationes. La disputatio consistait en un cours consacrĂ© Ă  une ou plusieurs quaestiones (on en compte pas moins de 371 dans l’ensemble des 102 disputationes de Simon). Elle est entrĂ©e dans sa forme dialectique dès la seconde moitiĂ© du XIIe siècle, notamment sous l’influence du Sic et Non d’AbĂ©lard[7]. Avec Simon de Tournai, la dispute marque une Ă©volution majeure, car elle se dĂ©tache dĂ©sormais tout Ă  fait de la lectio magistralis. Simon aborde les questions telles qu’elles lui sont posĂ©es par ses Ă©tudiants, et non dans le but d’expliquer un passage de la lectio. Il rĂ©unit pour chacune les arguments pro et contra, avant de proposer une ou plusieurs solutiones. Le genre de la dispute chez Simon prĂ©figure donc la quaestio disputata promise Ă  un si grand avenir au Moyen Ă‚ge.
Simon de Tournai est Ă©galement l'auteur d'une Somme intitulĂ©e Institutiones in sacram paginam. Dans l’introduction de celle-ci, il propose une thĂ©orie gĂ©nĂ©rale de la signification appliquĂ©e aux Écritures. Il y dresse notamment un classement des signes parmi lesquels on retrouve les sacrements « signes sacrĂ©s de choses sacrĂ©es Â».

Références

  1. ↑ François ClĂ©ment, Antoine Rivet de la Grange, Charles ClĂ©mencet, Pierre Claude François Daunou, BarthĂ©lemy HaurĂ©au, Paul Meyer, Histoire littĂ©raire de la France : XIIIe siècle, Imprimerie nationale, (lire en ligne), Pour fixer maintenant tous les doutes que nous avons Ă©levĂ©s sur le vrai nom de notre thĂ©ologien remarquons que Thomas de CantinprĂ© (Cantipratensis) en parle sous le seul nom de Simon de Tornaco. Le tĂ©moignage de cet auteur est ici très important car comme il le dit ailleurs ayant assistĂ© au chapitre des Frères prĂŞcheurs qui se tenait Ă  Paris l an 1 238 ce CantinprĂ© a dĂ» se trouver contemporain de Simon de Tournai ainsi que Matthieu Paris qui mourut en 1259
  2. ↑ Rosier-Catach, Irène, 19.-, La parole efficace : signe, rituel, sacrĂ©, Paris, Seuil, , 766 p. (ISBN 2-02-062805-8 et 9782020628051, OCLC 418438912, lire en ligne), p. 42
  3. ↑ Thomas de Cantimpré, De Apibus
  4. ↑ Jean Cousin, Histoire de Tournay, ou quatre livres des chroniques annales, ou démonstrations du christianisme de l'évesché de Tournay, Douai, Marc Wyon, (lire en ligne)
  5. ↑ Matthieu Paris, Historia Anglorum
  6. ↑ Voir l'article, signĂ© P. R., sur Simon de Tournai dans Histoire littĂ©raire de la France, t. 16, Paris, 1824, p. 390-391, consultable sur Google Books.
  7. ↑ Voir J. WARICHEZ, Les disputationes de Simon de Tournai, Louvain, 1932 (Spicilegium sacrum Lovaniense, 12), p. XLIII.

Bibliographie

  • J. WARICHEZ, Les « Disputationes Â» de Simon de Tournai, Louvain, 1932 (Spicilegium sacrum Lovaniense, 12).
  • D. VAN DEN EYNDE, « Deux sources de la Somme thĂ©ologique de Simon de Tournai Â», dans Antonianum 24 (1949), p. 19-42.
  • O. LOTTIN, « Alain de Lille, une des sources des Disputationes de Simon de Tournai Â», dans Revue de ThĂ©ologie ancienne et mĂ©diĂ©vale, 17 (1950), p. 174-186.
  • M. GRABMANN, art. « Sacramentum Mundi Â», dans Theologische Lexicon fĂĽr die Praxis, Fribourg, 1967-1969.
  • N.M. HARING, « Two Redactions of a Commentary on a Gallican Creed by Simon of Tournai Â», dans Archives d’histoire doctrinale et littĂ©raire du Moyen Ă‚ge, 41 (1974), p. 39-112.
  • ID., « Simon of Tournai's Commentary on the So-Called Athanasian Creed Â», dans Archives d’histoire doctrinale et littĂ©raire du Moyen Ă‚ge, 43 (1976), p. 135-199.
  • C.J. LIEBMAN, The Old French Psalter Commentary. Contribution to a Critical Study of the text attributed to Simon of Tournai, New York, 1982.
  • H. PLATELLE, art. « Simon de Tournai Â», dans Catholicisme, 14 (1996), col. 100-101.
  • C. MARMO, « Inferential signs and Simon of Tournai’s general theory of signification Â», dans Vestigia, imagines, verba. Semiotics and Logic in Medieval theological Texts (XIIth-XIVth Century). Acts of the XIth Symposium on Medieval Logic and Semantics. San Marino, 24-28 May 1994, Ă©d. C. MARMO, Turnhout, 1997 (Semiotic and Cognitive Studies, 4), p. 61-82.
  • ID., « Simon of Tournai’s Institutiones in sacram paginam. An Edition of His Introduction about Signification in Theological Discourse Â», dans Cahiers de l’Institut du Moyen Ă‚ge Grec et Latin, 67 (1997), p. 93-103.
  • Georges Minois, Dictionnaire des athĂ©es, agnostiques, sceptiques et autres mĂ©crĂ©ants, Albin Michel, , 492 p. (ISBN 978-2-226-27037-5 et 2-226-27037-X, lire en ligne)

Liens externes