Sid Ali Kouiret vit une enfance difficile, son père, chauffeur de taxi, rentrait souvent ivre et était violent avec sa mère. Un jour, le gamin, excédé, prend un couteau et le plante dans le dos de son père[4]. Il se retrouve ainsi dans les rues d'Alger, quitte les bancs de l’école, vit de menus larcins, et va, dès l’âge de 9 ans, multiplier les petits boulots comme cireur, travaillant pour les pêcheurs du port, n’hésitant pas à l’occasion, comme l’évoque son frère Mohamed, à pousser la chansonnette en reprenant des airs à succès de Farid El Atrache[5]. À 17 ans, il est souteneur au port, et comme il aime nager, pour aller jusqu'au môle d'Alger, il lui faut traverser la rue de la Marine, un beau jour il rencontre Mustapha Kateb qui dirigeait, dans les années 1950, une troupe de théâtre amateur, au Café de Daniel et se retrouve par curiosité à la rue Randon où Kateb répétait. En 1951, il se retrouve à Berlin avec la troupe EI-Mesrah EI-Djazairi, puis à Paris, en 1952.
En 1954, il est à Bucarest pour le 2e festival de la jeunesse et des étudiants pour la paix. La même année, il devient professionnel et signe avec la troupe municipale d'Alger dirigée par Mahieddine Bachetarzi. En 1955, la DST surveille le local de la rue Randon et fiche ses camarades. Il débarque à Marseille et rejoint Paris où il rencontre Mohamed Boudia, Hadj Omar, Missoum, Nourreddine Bouhired. « On faisait les cafés FLN, entonnant Min Djibalina », raconte-t-il.
Mustapha Kateb en 1958, est mandaté pour créer une troupe artistique pour porter le drapeau de la lutte pour l’indépendance de l'Algérie, Sid Ali Kouiret rejoint Tunis et intègre la troupe dite du FLN, composée de deux ensembles dramatique et lyrique, avec quelques 35 comédiens, chanteurs, musiciens, danseurs et techniciens. Jusqu’en 1962, cinq spectacles seront donnés à Tunis, Saint-Pétersbourg et Moscou, mais aussi au Maroc, en Libye et en Irak[5].
Sid Ali Kouiret, qui a joué dans quelques 40 films et téléfilms tout au long de sa carrière, est resté actif jusqu’au tournant 2010, jouant dans Une Médaille Pour Hassan de Hadj Rahim (1986), Les Enfants Du Soleil de Mohamed Ifticene (1991), L'Émigré(Al-Mohager) de Youssef Chahine (1994), Les Suspects de Kamal Dehane (2003) ou Morituri de Okacha Touita (2007). Dans la mémoire collective, Sid Ali Kouiret représentera longtemps encore la figure de l’acteur populaire, charismastique, enjoué et hâbleur[5].Autodidacte et instinctif, il aimait à dire en substance, "je ne joue jamais, j’habite mes rôles".[5]
Sid Ali Kouiret décède le 5 avril 2015 à Alger, à l’âge de 82 ans. L’acteur, qui avait dû subir plusieurs interventions chirurgicales le mois précédent, souffrait d’un diabète. Il a été inhumé, le lendemain, au cimetière de Sidi Embarek (Oued Romane) à Alger[5],[7].