Shri Ram Chandra Mission

Shri Ram Chandra Mission
Histoire
Fondation
Organisation
Fondateur
Ram Chandra (en)Voir et modifier les données sur Wikidata
Directeur
Kamlesh D. Patel (en) (depuis )Voir et modifier les données sur Wikidata
Filiale
Shri Ram Chandra Mission (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Site web

La Shri Ram Chandra Mission (SRCM) est une organisation spirituelle à but non lucratif fondée en 1945 à Shahjahanpur, en Inde, par Ram Chandra (1899-1983) pour faire connaître les idées de son guru Ram Chandraji (1873-1931). Elle a pour objectif la promotion de la méthode du Sahaj Marg pour la pratique de la méditation et d'un yoga simplifié permettant d'atteindre la perfection en une seule vie de manière compatible avec une vie familiale et professionnelle « normale ».

En 1995 et en 2003, la SRCM a été classée comme « mouvement sectaire » par la Mission interministérielle de lutte contre les sectes (MILS). La SRCM figure toujours dans les rapports de la Mission interministérielle de vigilance et de luttre contre les dérives sectaires (notamment en 2017) concernant les possibles dérives des nouveaux mouvements religieux inspirés de la spiritualité orientale, à l'intersection du marché du développement personnel, du coaching et du développement du yoga et de la méditation.

Description

La Shri Ram Chandra Mission est une organisation internationale, dont existe une déclinaison française sous forme d'une association loi de 1901 à but non lucratif créée en 1986 à Paris[1],[2]. L'association française déclare vouloir « préserver et transmettre la culture de l'inde rattachée au yoga traditionnel et favoriser dans ce domaine les échanges inter-culturels »[3]. Elle affirme permettre à ses fidèles d'atteindre la perfection en une seule vie, tout en permettant une vie familiale et professionnelle normale. Bien que la vie en collectivité ne soit pas imposée, la vie familiale et professionnelle se révèle impossible d'après Chariji[4]. Le président de l'association est le véritable maître de l'association, dont il peut modifier le règlement intérieur[4].

L'actuel maître spirituel du Sahaj Marg est Kamlesh D Patel (en). Il a succédé en 2014 à Parthasarathi Rajagopalachari, dit Chariji et né en 1927. Il fut le disciple de Sri ram chandra nommé Babuji, qui fut lui-même enseigné par Ram Chandra nommé Lalaji qui affirma avoir redécouvert une ancienne méthode d’entraînement spirituel, héritée des sages de l'Inde antique et reposant sur la transmission de l'énergie divine « pranahuti ». Ce disciple a développé la Shri Ram Chandra Mission sur tous les continents mais n'a pas fait l'unanimité au sein des précurseurs de la « mission », ce qui engendra une scission.

Le Sahaj Marg a donné lieu à la publication de livres traduits dans une vingtaine de langues et de nombreux ashram[5].

Historique du mouvement en France

Création

L'association française acquiert le château d'Augerans à Mont-sous-Vaudrey, dans le département du Jura, pour l'équivalent de 2 millions d'euros et y inaugure le le Centre Européen de Yoga, où se déroulent des rassemblements de fidèles[4].

Classement comme mouvement sectaire

En France, la SRCM a été classée dans la liste des mouvements sectaires orientalistes de plus de 2 000 adhérents, dans le premier rapport de la commission d'enquête parlementaires sur les sectes publié en 1995[6].

Ce classement a fait l'objet de plusieurs critiques : selon l'avocat Laurent Hincker, auteur de l'ouvrage Sectes, rumeurs et tribunaux « ce système de méditation, appelé Sahaj Marg, n'exige pas de mener une vie à l'écart du monde. Il intègre tous les aspects de l'homme, qu'ils soient physiques, mentaux ou spirituels, sans exiger ni austérité ni pénitence ni négation de soi »[7]. Cette affirmation contredit cependant l'essentiel des préceptes du mouvement, qui prône différentes formes d'ascèses, et un contrôle strict des pensées, de la sexualité, et du quotidien mental de ses membres, par l'exigence de la prière. Selon le sociologue Bruno Étienne, spécialiste des questions de religion, l'absence de politique de conversion et de prosélytisme devrait permettre de classer la SRCM parmi les« NMR (nouveau mouvement religieux), groupe religieux très moderne, bien que fondé sur une tradition ancienne » arguant de l'absence de condamnation en justice du mouvement[8] ; si le groupe n'est en effet pas prosélyte, il repose cependant sur la reproduction progressive de l'adhésion au mouvement par l'intégration des enfants dans le cadre d'activités ludiques visant à les faire entrer dans le cercle de soumission au Grand Maître. Raphaël Liogier, directeur de l'Observatoire du religieux et professeur des universités à l'Institut d'études politiques d'Aix-en-Provence, déclare quant à lui ne pas comprendre la mise à l'index du mouvement, reconnu d'utilité publique en Inde[9].

Le mouvement est à nouveau cité en 2003 dans le rapport de la mission interministérielles de vigilance et de lutte contre les sectes (Miviludes) en raison du ciblage opéré, au sein du mouvement, à l'encontre des enfants des fidèles[10][a]. En 2013, le mouvement est composé de 5 000 fidèles[11]. En , la SRCM continue d'être citée dans le rapport d'activité de la Miviludes comme mouvement aux dérives sectaires, devant son développement à l'intersection du marché du développement personnel et du coaching et du développement du yoga et de la méditation[12].

Conditionnement et soumission des adeptes

Les adeptes du mouvement sont encouragés à la soumission au maître : « Le moyen le plus facile et le plus sûr d’atteindre le but est de s’abandonner au Grand Maître et de devenir soi-même un mort-vivant [...]. En cet état, un homme ne pense et ne fait que ce que la volonté de son Maître lui ordonne »[4]. La vie en communauté n'est cependant pas imposée[10], seul le souvenir du maître doit prédominer dans le quotidien des adeptes. Parmi les pratiques dénoncées par la Miviludes, est notamment dénoncée la pratique quotidienne de la méditation le matin, du « cleaning » et de la « méditation prière » le soir, autant d'étapes quotidiennes qui entretiennent fortement l’emprise sur les membres du mouvement. La tenue obligatoire d’un journal dans lequel les adeptes doivent consigner leurs pensées, sentiments, impressions, accentue l’enfermement. Le mouvement est aussi caractérisé par un contrôle strict de l’activité sexuelle, par la pratique du végétarisme forcé, associé à l’interdiction de l’alcool, du tabac, des drogues, et la soumission entière à la volonté du maître. Le mécanisme de soumission au maître passe par un abandon total de son libre-arbitre au Grand Maître[12].

Références

  1. Journal Officiel, 9 juillet 1986
  2. « Shri Ram Chandra mission France - Annonce JOAFE parue le 9 juillet 1986 », sur journal-officiel.gouv.f, .
  3. Journal Officiel des Associations, « Annonce JOAFE n°1428 de la parution n°20170007 du 18 février 2017 », sur journal-officiel.gouv.fr, (consulté le ).
  4. a b c et d Prevensecte, « Sri Ram Chandra Mission (SRCM) - Page d'information », sur prevensectes.me (consulté le ).
  5. The Sunday Times, 03/08/2008,[1]
  6. Rapport de la commission d'enquête sur les sectes de 1995
  7. Laurent Hincker, Sectes, rumeurs et tribunaux, éditions La nuée bleue, 2003.
  8. Bruno Etienne, La France face aux sectes (ISBN 2-01-235569-2), p. 86.
  9. Interview de Raphaël Liogier par le CICNS
  10. a et b Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, Rapport au Premier ministre - Les dérives sectaires, , 118 p. (lire en ligne), 5 - La protection des mineurs, chap. I (« La santé des enfants »), p. 80 :

    « Le groupe Shri ram chandra mission[Ce groupe exerce un contrôle pesant sur ses membres par l’intermédiaire de « précepteurs », qui animent des « centres d’entraînement spirituels » locaux. Le président de l’association, gourou qui vit en Inde, dispose d’un pouvoir exorbitant. Le mode de vie n’est pas communautaire. Néanmoins, la pratique quotidienne de la méditation le matin, du « cleaning » et de la « méditation prière » le soir, entretient l’emprise. La tenue obligatoire d’un journal dans lequel les adeptes doivent consigner leurs pensées, sentiments, impressions, accentue l’enfermement. Le contrôle strict de l’activité sexuelle, le végétarisme, l’interdiction de l’alcool, du tabac, des drogues, la soumission entière à la volonté du maître, sont imposés aux adeptes.] s’adresse aux enfants des adeptes sous couvert d’activités ludiques et récréatives : « Vous viendrez à l’ashram voir le Maître et participer avec vos parents à un séminaire spirituel[Document fourni par les documentations de l’UNADFI et du CCMM.] ». Les risques de conditionnement sont évidemment tout aussi présents. »

  11. Corine Sabouraud, « Les sectes prospèrent dans les P.-O. », sur lindependant.fr, (consulté le ).
  12. a et b Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, Rapport d’activité 2016 et premier semestre 2017 - Études, , 182 p. (lire en ligne), p. 27 :

    « Grandes promotrices du développement personnel inspiré des techniques orientales, des organisations multinationales comme[...] Shri Ram Chandra Mission[Fondée en Inde en 1945, SRCM est reconnue d’utilité publique dans plusieurs pays. Implantée en France depuis 1986, elle a fait l’objet de plusieurs signalements défavorables. Elle a pour but de promouvoir le Sahaj Marg, méthode de méditation issue du Raja Yoga et « d'éveiller à la conscience divine et d'accompagner sur le chemin de l'évolution ».] [...] côtoient des structures créées par des Occidentaux « initiés », mais aussi des individus isolés dont certains bricolent des formations à partir de quelques stages qu’ils ont eux-mêmes suivis. »

Notes

  1. Document fourni par les documentations de l’UNADFI et du CCMM.

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes