Le seuil du Poitou est le lieu où se rejoignent les deux principaux bassins sédimentaires de la France, le Bassin parisien, au nord-est, et le Bassin aquitain, au sud-ouest, séparant également deux massifs anciens, le Massif armoricain, au nord-ouest, du Massif central, au sud-est. Ce plateau d'une altitude moyenne de 100 à 150 m est à la fois un seuil géologique, hydrologique et climatique.
Au nord-ouest, le Massif armoricain commence à Ménigoute dans les Deux-Sèvres (abords de la Gâtine), et au sud-est le Massif central commence vers Persac et Moussac (vallée de la Vienne, aux abords du Limousin). Ces deux points ne sont éloignés que d'une cinquantaine de kilomètres.
Situé dans le nord de la région Nouvelle-Aquitaine et plus précisément dans le sud du département de la Vienne, il sépare grosso modo le Poitou au nord, des Charentes au sud, qui marquent le début du Bassin aquitain.
Lieu de passage stratégique entre le Nord et le Midi, le seuil du Poitou a été le lieu de nombreuses batailles.
Terre de passage, il marque aussi la séparation entre l'Ouest, tourné vers Nantes et Tours, et le Sud-Ouest, tourné vers Bordeaux[6].
Le seuil du Poitou est une structure permanente depuis le début du Mésozoïque (ou Ère secondaire)[7].
D'un point de vue cartographique[8], la continuité sédimentaire entre le Bassin parisien et le Bassin aquitain, qui séparent le Massif armoricain et le Massif central, témoigne depuis le début du Jurassique de l'existence d'un détroit fossile entre les deux massifs anciens : le seuil du Poitou[7].
L'ouverture de cet axe de communication entre les deux grands bassins sédimentaires français a pu être datée de la base du Jurassique inférieur (Lias) avec la découverte de sédiments d'âge Hettangien-Sinémurien dans la vallée de la Vienne (région de Queaux, Vienne)[9].
Le seuil du Poitou est alors assez étroit, d'une largeur d'une vingtaine de kilomètres selon un axe très nettement décalé vers le Limousin courant de Lussac-les-Châteaux à Civray[7]. La sédimentation est caractérisée par le dépôt de grès plus ou moins grossiers surmontés de faciès indiquant des environnements lagunaires (très peu profonds et confinés) : dolomies laminées, pseudomorphoses de gypse, faune naine et oligospécifique[Note 1] de lamellibranches et gastéropodes... ainsi que des pollens de conifères indiquant la proximité de terres émergées[9].
↑Carte IGN sous Géoportail (couches "Carte de relief" et topographique)
↑Pierre Rossignol, Bernard Balusseau, Louis Vibrac, Le Horst, une histoire naturelle et humaine. Geste éditions, La Crèche, 2014, 165 p., (ISBN978-2-36746-262-2)
↑Jacques Scheibling, Le territoire français : Permanences et mutations, Hachette Éducation Technique, , 256 p. (ISBN2-01-181831-1, lire en ligne), p. 152
↑ ab et cJean Gabilly, Élie Cariou et Pierre Hantzpergue, Le détroit du Poitou au Jurassique : Mythe ou réalité paléogéographique?, Bulletin de la Section des Sciences, Paris, tome IX, 1985, p. 141-159, (ISBN2-7355-0106-X)
↑ a et bBernard Balusseau, Extension du Lias inférieur et moyen sur le versant parisien du Seuil du Poitou. Bull. Inf. Géol. Bass. Paris., vol. 18, no 2, 1981, p. 51-53
↑Jean Gabilly, Élie Cariou et alii, Guides géologiques régionaux, Poitou, Vendée, Charentes, Paris, Masson, , 2e éd., 223 p. (ISBN2-225-82973-X)
Voir aussi
Bibliographie
Jérôme Borély, Laurent Diaz et Nadège Pradines, « Seuil du Poitou, une cohésion en construction », Décimal, no 326, , p. 1-6 (lire en ligne)