Le chef Hans Winderstein (à gauche), le compositeur Sergueï Liapounov (2e à partir de la gauche), le pianiste Ricardo Viñes (3e à partir de la gauche) et l'éditeur Julius Heinrich Zimmermann (à droite) à Leipzig en 1907.
Diplômé en 1883, il rencontre le compositeur Mili Balakirev qu'il rejoint à Saint-Pétersbourg en 1885. Balakirev, lui-même originaire de Nijni Novgorod, prend le jeune pianiste-compositeur sous son aile et l'accompagne dans ses premières compositions aussi attentivement qu'il le fait avec les membres de son cercle qui a succédé au fameux Groupe des Cinq. En 1893, dans le cadre du programme de la Société impériale géographique de Russie, Liapounov fait un voyage dans les provinces de Iaroslavl, Viatka, Vologda et Kostroma pour recueillir des chansons folkloriques de ces endroits. Le résultat est la collection publiée six ans plus tard Chansons du peuple russe[1],[2]. En 1894, Liapounov est engagé comme directeur musical adjoint à la Chapelle impériale, succédant à Rimski-Korsakov. Il contribue grandement à l'amélioration du chant liturgique dans l'Église orthodoxe russe et il a aussi du temps pour composer. Son œuvre fameuse, Ouverture solennelle sur des thèmes russes, est composée en 1896. À partir de 1904, Liapounov se montre comme chef d'orchestre, notamment à Berlin et à Leipzig en 1907[2]. En 1908, il compose son poème symphonique Żelazowa Wola en hommage à Chopin pour lequel il a une grande vénération depuis l'enfance. Il fait plusieurs tournées en 1910-1911 en Allemagne et en Autriche.
Il accède au rang de professeur au Conservatoire de Saint-Pétersbourg dans la classe de piano en 1911. Tout en enseignant au conservatoire, Liapounov vit une période intense de compositions et d'activités de concertiste virtuose. Au printemps 1919, Liapounov, contre toute attente pour lui, est élu staroste (marguillier) de la chapelle du Conservatoire de Pétrograd (nouveau nom de Saint-Pétersbourg depuis 1914). Il s'engage sérieusement à l'exécution de chants d'Église pendant les services divins et attire des représentants du conservatoire. Il commence à développer un cours spécial pour l'étude de la musique de culte russe ancienne. À l'automne 1921, une classe pour l'étude du chant religieux russe est formée au conservatoire sous la direction de Liapounov[1]. Le décret des autorités bolchéviques publié le 23 février 1922 sur la saisie des objets de valeur des églises donne le signal de la répression à venir. Le troisième jour après le décret, des commissaires du peuple se présentent à la chapelle du conservatoire. Le staroste Liapounov refuse de leur donner les clefs, mais ils forcent la porte. Par la suite, il est arrêté avec quatre-vingt-seize personnes (dont dix seront fusillées) dans le cadre de l'Affaire des ecclésiastiques de Pétrograd. Lors du procès, le compositeur se comporte avec dignité. Il écrit sa dernière œuvre dans son pays natal dans la salle d'audience le 20 juin 1922. Un manuscrit de la partition du compositeur portant cette date a été conservé. Il s'agit de l'hymne Ô Mère de Dieu, Vierge, réjouis-toi pour un chœur mixte à quatre voix. Il est condamné à six mois de prison[1]. Menacé et surveillé, il émigre à Paris en 1923 et dirige une école de musique pour émigrés russes, mais meurt d'une attaque cardiaque peu de temps après.
Lui-même pianiste virtuose, comme Balakirev son mentor, Liapounov s'est illustré dans des œuvres pour cet instrument, avec ou sans orchestre. Il a également composé des chansons avec accompagnement au piano. Son œuvre la plus célèbre, écrite à la mémoire de Liszt, est Douze études d'exécution transcendante.
Sergueï Liapounov est enterré à Paris, au cimetière des Batignolles (24e division, 7 ligne, n°29). La sépulture du compositeur a été restaurée en 2017 grâce à la Renaissance française, à l'Ambassade de Russie, au Conservatoire de Moscou P.I.Tchaïkovski et à des dons privés.
Discographie sélective au 03/11/2021
12 Études d'exécution transcendante op.11 : Louis Kentner (piano) 1 CD APR, enregistrements de 1939 & 1949
12 Études d'exécution transcendante op.11 : Florian Noack (piano) 1 CD La Dolce Volta 2020 Diapason d’or
Concertos pour piano et orchestre no 1, op.4 & no 2, op.38 + Rhapsodie sur des thèmes ukrainiens, op.28 : Hamish Milne (piano) & BBC Scottish Symphony Orchestra, Martyn Brabbins (direction d'orchestre) 1 CD HYPERION 2002 (Collection Le Concerto romantique pour piano, Vol. 30)
Concertos pour piano et orchestre no 1, op.4 & no 2, op.38 + Rhapsodie sur des thèmes ukrainiens, op.28 : Shorena Tsintsabadze (piano) & Orchestre philharmonique russe, Dmitry Yablonsky (direction d'orchestre) 1 CD NAXOS 2010
Rhapsodie sur des thèmes ukrainiens, op.28 : Michael Ponti (piano), Orchestre Symphonique de Westphalie, Siegfried Landau (direction d'orchestre) 1 CD CONCERTO ROYALE/ADORA 1975, complément : Balakirev)
Concerto pour violon et orchestre, op.61 & Symphonie no 1, op.12 : Maxime Fedotov (violon), Orchestre philharmonique russe, Dmitry Yablonsky (direction d'orchestre) 1 CD NAXOS 2011
Symphonie no 1, op.12 ; Concerto pour piano et orchestre no 2, op.38 & Polonaise, op.16 : Howard Shelley (piano) & BBC Philharmonic, Vassily Sinaïski (direction d'orchestre) 1 CD CHANDOS 2006
Symphonie n°2, op. 66 : Orchestre philharmonique de Radio-France, Evgueny Svetlanov (direction d'orchestre) 1 CD INA/NAÏVE 1998
Poèmes symphoniques : Ouverture solennelle sur des thèmes russes op.7 + Zelazowa Wola op.37 + Hashish, fantaisie orientale op.53 + Polonaise op.16 + Orchestration du poème symphonique "Islamey" de Balakirev : Orchestre symphonique académique d'URSS, Evgueny Svetlanov (direction d'orchestre), 1 CD MELODYA 1986
Œuvre
Sergueï Liapounov laisse un catalogue de 80 œuvres musicales.