Serenoa repens, le palmier scie est une espèce de palmiers nains. Comme d'autres espèces, il est appelé « Palmier de Floride », «Saw Palmetto » ou « Chou palmiste ». C'est l'unique espèce reconnue pour le genreSerenoa, de la famille des Arecaceae.
Palmier nain, de 1,5 à 2,5 m de hauteur, l’espèce a un stipe (faux-tronc) la plupart du temps rampant, souvent un peu enfoui avec l’âge. Il forme en général des colonies denses et impénétrables en raison de ses pétioles épineux.
Le naturaliste américain William Bartram (1739-1823) a d’abord décrit l’espèce sous le nom de Corypha repens, en 1791, puis John Kunkel Small, un botaniste américain du début du XXe siècle, l’a reclassé sous le nom de Serenoa repens en 1926 dans Journal of the New York Botanical Garden 27(321): 197[2].
Le nom de genre Serenoa a été dédié au botaniste américain Sereno Watson (1826-1892), connu pour ses contributions à la classification des plantes.
L’épithète spécifiquerepens est un terme latin dérivé de repo, signifiant « ramper », dont la forme épithète signifie « rampant ». L'adjectif "repens" fait donc référence au type de croissance de l’espèce, qui a des tiges rampantes ou se propageant horizontalement sur le sol.
Synonymes
Selon POWO[3], le nom accepté Serenoa repens a pour synonymes:
Synonyme homotypique
Corypha repens W.Bartram in Travels Carolina: 61 (1791)
Synonymes hétérotypiques
Brahea serrulata (Michx.) H.Wendl.
Chamaerops serrulata Michx.
Corypha obliqua W.Bartram
Diglossophyllum serrulatum (Michx.)
Sabal serrulata (Michx.) Schaedtler
Serenoa repens f. glauca Moldenke
Serenoa serrulata (Michx.) Hook.f.
Description
Serenoa repens palmiers nains, en sous-bois des arbres Pinus elliottii
Pétiole épineux de Serenoa repens, le « palmier scie »
Fleur visité par une abeille
Fruits
Abeille sur le fruit
Serenoa repens, stipe rampant
Palmier de 1,5 à 2,5 mètres de hauteur, à croissance lente, formant des colonies denses[4].
Stipes fibreux assez minces et très souvent multiples (palmier multipliant), la plupart du temps rampants, souvent un peu enfouis avec l'âge. C'est ce comportement rampant qui explique que la pointe des feuilles ne dépasse pas souvent 2,5 m de haut. Certains individus sont néanmoins à port dressé[5].
Feuilles : Palmées, aplaties, très divisées en segments rigides, de couleur verte, vert glauque bleuté, vert jaunâtre ou blanc-argenté selon les formes, à petites épines recourbées le long des pétioles (d'où le nom de « palmier scie »).
Fleurs : inflorescences naissant entre les feuilles, leur pédoncule étant plus courts que celui des feuilles. Fleurs de 4-5 mm, avec 3 carpelles, de couleur blanc d'ivoire, 3-6 étamines. Les inflorescences sont émises dès que les températures le permettent.
Fruits : drupes globuleuses-ellipsoïdes, vertes puis orange et enfin noires à maturité. 1,6 - 2,5 cm long, 1,2 - 1,9 cm de diamètre. Elles mûrissent pendant la saison des pluies.
Écologie et culture
Écologie : Subtropicale. Croissance très lente dans ses habitats naturels. Naturellement, se multiplie par semences et végétativement par l'apparition de rejets le long du stipe (phénomène très rare chez les palmiers, qui habituellement n'ont qu'un seul bourgeon terminal à l'extrémité du stipe qui ne se divise pas). Résiste aux climats maritimes, aux sols salins et à la faible luminosité. Résistant à la sécheresse. Résiste à l'inondation. Extrêmement résistant au feu. Résistant au gel (supporte jusqu'à -8 à -12 °C pour la forme bleue et jusqu'à -15 °C pour la forme verte).
Culture : ce palmier n'est toujours pas cultivé à grande échelle (en 2006). Les pépiniéristes de Floride le multiplient un peu (par graines). Les variétés à feuilles vert bleuté, très multipliantes, sont préférées pour un usage ornemental. Les fruits récoltés sur les peuplements naturels et séchés sont commercialisés.
Répartition géographique et habitat
Le type a été décrit en 1791 par William Bartram qui l’observa dans l'île Saint-Simons en Géorgie (États-Unis).
Il affectionne les terrains secs et sableux, les dunes et les plaines côtières, en sous-bois des pinèdes inondables ou non. Il couvre de grandes surfaces dans une grande partie de la Floride, pouvant former des peuplements assez impénétrables. Des incendies frappent fréquemment son habitat mais ce palmier est capable de surmonter les ravages du feu[4].
Par son écologie, ce palmier apparaît comme une plante rustique.
Usages
Les usages notables sont essentiellement de deux ordres : alimentaire et médicinal.
Usage alimentaire
Les fruits, évoquant des olives noires par leur taille, forme et couleur, ont été consommés comme des « petites dattes » par les indigènes pendant des siècles en Floride, Géorgie, Louisiane et dans d'autres états du sud-est de l'Amérique du Nord.
Usage médicinal
Les anciens habitants indigènes (Indiens de Floride et peut-être aussi les Maya), semblent avoir eu connaissance de propriétés médicinales de la plante[6], et lui attribuaient des propriétés aphrodisiaques (philtre d'amour)[7]. En médecine traditionnelle, les Indiens auraient utilisé les fruits pour soigner la cystite, la gonorrhée, l'hyperplasie prostatique et les irritations des muqueuses[8].
On y a récemment identifié et redécouvert certains principes actifs intéressants, et les extraits de plante entrent actuellement dans la composition de plusieurs préparations pharmaceutiques. Le produit est souvent utilisé en médecine naturelle.
L'extrait de fruit (extrait lipidostérolique) a été mis sur le marché par certains laboratoires pour traiter des troubles urinaires, notamment mictionnels, liés à l'hypertrophie bénigne de la prostate (adénome de la prostate). Mais on ne connaît pas les molécules responsables de cette action[9]. L'extrait aurait des propriétés décongestionnantes sur l'appareil urinaire, en freinant l'action de l'hormone mâle sur la prostate, ce qui permettrait de retarder le développement des adénomes prostatiques.
Son efficacité n'a cependant pas été démontrée, du moins sur les symptômes[10].
La Haute Autorité de santé (HAS), en France, conclut le que « le rapport efficacité/sécurité de cette spécialité dans cette indication est modeste » et que le niveau de service médical rendu est modéré[11].
Cependant le dictionnaire Vidal[12] de 2013 indique que des travaux expérimentaux réalisés chez l'animal ou in vitro sur des cellules prostatiques ont montré que l'extrait lipidostérolique de Serenoa repens présente des propriétés d'inhibition non compétitive de la 5-alpha réductase (types 1 et 2), enzyme transformant la testostérone en son métabolite actif, la dihydrotestostérone ou DHT qui stimule deux fois plus la croissance de la prostate.
Dans l'hypertrophie bénigne de la prostate, la DHT est présente en grande quantité. Cette inhibition entraîne une diminution du taux de DHT et par là même une diminution des symptômes[13]. L'hypertrophie bénigne de la prostate est un processus multifactoriel, où la durée de l'exposition aux hormones androgènes, les changements hormonaux liés à l'âge, et d'autres facteurs physiologiques jouent un rôle crucial dans l'apparition des symptômes chez le sujet âgé.
Il inhibe la formation de prostaglandines et de leucotriènes (mis en évidence sur des polynucléaires) et freine la prolifération de cellules provenant d'hyperplasie bénigne de la prostate, et stimulées par des facteurs de croissance.
Il est aussi utilisé en cosmétologie naturelle pour lutter contre l'alopécie androgénique masculine. Et ceci, malgré des études menées en double aveugle montrant une efficacité modérée[14],[15]. En médecine classique, les tests cliniques concluant à son efficacité sont controversés[16],[17].
Il entre dans la composition de nombreux compléments alimentaires (alicaments) aux USA, où on ne peut pas homologuer ses extraits comme spécialité pharmaceutique pour des raisons de réglementation.
Enfin, son activité sédative fait qu'il est aussi utilisé dans le traitement de l'insomnie, des crises de toux et de la bronchite[18].
Notes et références
Références
↑(en) William J. Baker et John Dransfield, « Beyond Genera Palmarum : progress and prospects in palm systematics », Botanical Journal of the Linnean Society, vol. 182, no 2, , p. 207–233 (DOI10.1111/boj.12401, lire en ligne, consulté le ).
↑Selon un rapport du groupe Bioforce. La source initiale est Hale EM. Saw Palmetto, its History, Botany, Chemistry, Pharmacology, Provings, Clinical Experience and Therapeutic Applications. Boericke & Tafel, Philadelphia, 1898.
↑Séverine Daunay, Nouvelles utilisations des extraits de Serenoa repens (Bartr.) Small (Arecaceae), Thèse, Faculté de pharmacie de Grenoble,
↑Edzard Ernst, Max H Pittlerle, Médecines alternatives : guide critique, Elsevier Masson, 2005, p. 169. Nelson Prager, Karen Bickett, Nita French, Geno Marcovici. A Randomized, Double-Blind, Placebo-Controlled Trial to Determine the Effectiveness of Botanically Derived Inhibitors of 5-α-Reductase in the Treatment of Androgenetic Alopecia. The Journal of Alternative and Complementary Medicine. April 2002, 8(2): 143-152. doi:10.1089/107555302317371433.