La seigneurie de La Petite-Nation couvrait un territoire carré de cinq lieues sur cinq lieues sur la rive gauche de la rivière des Outaouais à l’embouchure de la rivière de la Petite Nation[2],[3].
Cette seigneurie, la plus occidentale de Nouvelle-France, est isolée des autres aires de peuplement, la plus proche seigneurie étant celle de la Pointe-à-l'Orignal, sise sur la rive opposée de l’Outaouais à quelques kilomètres en aval, et à 50 kilomètres en amont de la seigneurie d'Argenteuil[4]. Les rivières de la Petite Nation et au Saumon, sinueuses, traversent la seigneurie[5].
Le nom de Petite-Nation provient de celui d'une tribu algonquine, qui occupe les lieux vers l’an mille[6]. Cette tribu, les Oueskarini, est appelée par Samuel de Champlain comme les gens de la Petite Nation ou comme les gens de la Petite Rivière. Les Algonquins de la Grande Nation, qui remontaient la rivière des Outaouais, s'appellent Kichesipirini (la rivière aux grands flots). Au XVIIe siècle, les Algonquins accompagnent les chargements de fourrures par la rivière de la Petite-Nation et la rivière du Lièvre jusqu'au cours supérieur de l’Outaouais. Ils sont massacrés par les Iroquois en 1654[7].
Joseph Papineau acquiert la seigneurie en deux parties en 1801 et en 1803[8]. Le voyage en canot depuis Montréal est alors d'une durée de huit jours. Papineau fait construire sa maison sur l'île Aroussen de même qu'un moulin à scie au pied de la chute du Sault de la Chaudière, sur la rivière de Petite Nation. L'approvisionnement se fait à cette époque à Rigaud. Robert Fletcher, homme d'affaires américain originaire de Boston, fait construire une scierie, des maisons, granges et étables, et engage une centaine de bûcherons de la Nouvelle-Angleterre. La difficulté de transporter les billes sur la rivière, trop sinueuse, oblige les ouvriers à les mouvoir en plusieurs endroits et les ventes plus faibles que prévu, acculent Fletcher à la faillite et Papineau hérite de ses installations. Une trentaine de bûcherons américains restent à la Petite Nation, les autres retournant en Nouvelle-Angleterre[9]. Joseph Papineau vend la seigneurie à son fils, Louis-Joseph Papineau, en 1817, année de son mariage avec Julie Bruneau[8],[10]. Denis-Benjamin, deuxième fils de Joseph, est agent des terres de la seigneurie[11]. Sa maison se situe à Plaisance[12]. La nouvelle paroisse peine à retenir ses curés du fait de l'isolement et des conditions difficiles, ainsi les curés Paisley et Power, ce qui amène l'évêque à faire desservir la paroisse par des missionnaires itinérants. Le quai Parker permet l'accostage des embarcations depuis Granville, car les voyageurs de Montréal doivent se véhiculer par terre entre ce village et Carillon en raison de la turbulence des rapides du Long-Sault[13]. Vers 1835, la population s'élève à plus de 800 habitants[14]. Louis-Joseph Papineau, chef de la rébellion des Patriotes fait construire au cap Bonsecours un manoir entre 1846 et 1850 pour y prendre sa retraite.