Le Conseil de sécurité des Nations unies s'est inquiété du sort des civils dans le cadre des conflits armés, notamment des femmes et enfants, qui constituaient la plupart des victimes et devenaient des cibles pour les groupes armés. La protection de ces populations est déterminante dans la perspective de la paix et de la réconciliation. Par ailleurs, les femmes jouent un rôle important dans la prévention et la résolution des conflits, c'est pourquoi il était important de mettre l'accent sur leur implication dans la résolution des conflits internationaux.
Décret
La résolution 1325 propose d'instaurer une représentation accrue de la gent féminine à tous les niveaux[4]. Ainsi, le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, est sommé d'augmenter le taux de participation des femmes à la résolution des conflits et aux processus de paix, c'est-à-dire de nommer plus de femmes observatrices de l'ONU dans les conflits, mais également d'étendre leur rôle dans les opérations de maintien de la paix. Cette décision touche plusieurs secteurs d'activité, allant des observateurs à la police au personnel d'aide humanitaire, en conformité avec le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme. Le Conseil exprime son attachement à une représentation féminine dans le cadre des opérations de maintien de paix.
Le Conseil de Sécurité réclame que tous les intéressés, lors de la négociation et de la mise en œuvre d'accords de paix, prennent en compte les besoins spéciaux des femmes et des jeunes filles dans les conflits armés, appuient les initiatives de paix prises par des femmes et respectent le droit international humanitaire et le droit international des droits de l'homme dans leurs volets relatifs aux droits des femmes. Les parties à un conflit armé sont aussi sommées de prendre des mesures pour protéger les femmes et les jeunes filles des violences comme le viol et d'autres formes de sévices sexuels et de respecter la nature humanitaire des camps de réfugiés en prenant en compte les besoins féminins durant la conception de ces camps.
La résolution a mis l'accent sur la responsabilité de tous les pays de poursuivre en justice tous ceux qui sont responsables de crimes envers les femmes. Durant le désarmement, la démobilisation et les processus de réintégration, les besoins différenciés des ex-combattants et ex-combattantes doivent être pris en compte.
La résolution 1325 marque une profonde évolution en intégrant le thème du droit des femmes dans les discussions de paix et sécurité aux Nations unies. Le groupe de travail des ONG pour les Femmes, la Paix et la Sécurité semble avoir été particulièrement influent dans le lobbying pour la résolution 1325[6].
Ces ONG, en se regroupant et en se positionnant en tant qu'autorité en matière de droit des femmes, obtiennent l'oreille des membres du Conseil de sécurité auprès desquels elles finissent par obtenir un rôle de consultants. Même après l'adoption de la résolution, le collectif continue à jouer les sentinelles sur la question[6], apportant un point de vue alternatif à la structure très masculine des résolutions sur les conflits et post-conflits. Ce groupe « milite pour la participation entière et égale des femmes dans tous les efforts pour créer et maintenir une paix et une sécurité internationales[7]». Le groupe produit chaque mois des comptes rendus de la situation des femmes dans les conflits sur son site internet. Cela apporte au Conseil de Sécurité nombre de perspectives externes, rapportant sur la situation féminine globale et proposant des solutions pratiques conformes aux discours du Conseil sur la sécurité.
Néanmoins les critiques soulignent le fait que certaines parties de la résolution peuvent potentiellement poser problème, telles que la nomination d'un « conseiller principal pour les questions de genre » gérant toutes les questions du droit des femmes, indépendamment des autres préoccupations onusiennes. Cela empêcherait « l'implication des dirigeants dans la promotion de l'approche des questions de genre qui pourraient concerner toutes les sections et départements, sans distinction de leur activité[8] ». En effet un conseiller nommé spécialement pour gérer la question du droit des femmes pourrait impliquer une approche complètement différenciée des questions de paix et de sécurité entre les hommes et les femmes[8].
Malgré ces critiques, les partisans de la résolution 1325 défendent le fait que sa mise en pratique est déjà en soi une victoire et que le changement dans les mentalités fait des progrès : « un nombre croissant de résolutions du Conseil de sécurité incluent des références directes à la résolution 1325[6] ». Ce à quoi les critiques suggèrent que le langage et les mots eux-mêmes utilisés dans la résolution victimisent plus les femmes qu'ils ne les aident réellement : « malgré une approche révolutionnaire, la résolution 1325 utilise ce langage de victimisation également, donc limite le champ de sa mise en œuvre ».
Groupes liés
Les « Amis de la 1325 » est un groupe informel ou ad hoc au sein des États membres des Nations unies formé à la suite de l'adoption de la résolution 1325 dans le but de défendre sa mise en œuvre. Il est géré par le Canada[9].
Le « groupe de travail des ONG pour les Femmes, la Paix et la Sécurité » est une coalition de dix-huit ONG qui défendent collectivement la participation entière et égale des femmes dans tous les efforts a voter de création et de maintien de la paix et de la sécurité au niveau international. Formé en 2000 pour appeler le Conseil de Sécurité a voter pour une résolution concernant les femmes, la paix et la sécurité, le groupe se concentre dorénavant sur la mise en application de toutes les résolutions du Conseil de sécurité concernées par le droit des femmes. Il sert également de pont entre les défenseurs du droit des femmes travaillant dans les zones de conflit et les décideurs au siège des Nations unies[10].
L'un des membres fondateurs de ce groupe, PeaceWomen, est un projet sponsorisé par la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté pour promouvoir l'implémentation de la résolution 1325, à travers une plateforme centralisant toutes les informations liées à la résolution et à ses thèmes de prédilection[11].
En octobre 2020 est publié un glossaire intitulé "Glossaire des termes utilisés dans la résolution 1325 du Conseil de Sécurité des Nations unies et ses résolutions connexes[12], traduit de l'original (français) en anglais par Claire Mazuhelli, édité par Tove Ivergård et Lina Hjärtström de WILPF Suède, de l'auteure Annie Matundu Mbambi, consultante en genre et développement, Représentante régionale de la Ligue internationale des femmes pour la paix et la liberté pour l'Afrique et Présidente honoraire de la même organisation en République Démocratique du Congo WILPF RDC.
↑(en) Michele Landsberg, « Resolution 1325 – Use It or Lose It », MS magazine, (lire en ligne)
↑(en) Padmini Murthy, Women's global health and human rights, Jones & Bartlett Learning, , 556 p. (ISBN978-0-7637-5631-4, lire en ligne), p. 38
↑(en) Oliver Ramsbotham, Contemporary conflict resolution : the prevention, management and transformation of deadly conflicts, Polity, , 320 p. (ISBN978-0-7456-3213-1), p. 272
↑Paragraphe 9 de la résolution 1325 du Conseil de Sécurité
↑(en) Chima Jacob Korieh, Okeke-Ihejirika, Philomina Ezeagbor, Gendering global transformations : gender, culture, race, and identity, New York, Taylor & Francis, , 291 p. (ISBN978-0-415-96325-1), p. 206