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Fils d’un agent de police, il passe son enfance à Brest. Ses premières tentatives graphiques datent de l’école élémentaire.“J’allais naturellement vers le dessin’’ déclare-t-il dans une interview dans le numéro 45 de la revue Hop![2] en 1989. En effet il aime dessiner des petits bonhommes dans les marges de ses cahiers et tracer de belles majuscules.
En 1924, il s’adresse au "Pêle Mêle" à qui il envoie quelques dessins en couleurs sur le thème des embarras de la circulation. La rédaction lui répond favorablement et lui demande de recommencer son travail en noir et blanc. C’est sa seule collaboration à ce journal.
Il fait ensuite la tournée des clients potentiels de Brest, proposant des échantillons de son savoir-faire. Des commerçants lui commandent quelques pavés publicitaires illustrés qui sont publiés dans la presse locale. L'agence Choblet l’engage, puis l'agence Queffurus. Il est rémunéré, mais encore trop peu pour être indépendant, ses parents continuent donc de subvenir à ses besoins.
En 1928, ne pouvant gagner correctement sa vie à Brest, il décide de partir à Paris. “J'ai rassemblé mes maigres économies et, mon carton à dessin à la main, une pauvre valise mais beaucoup de détermination et de courage, j'ai pris le train pour la capitale. Partant dans l'inconnu absolu, sans une adresse, sans une recommandation, sans même savoir où loger.” raconte-t-il plus tard[2].
Une nouvelle fois il fait le tour des rédactions et des imprimeurs. Au journalLe Rire, il vend quelques pages de dessins, toujours sur le problème de la circulation.
Il se met à travailler pour l'imprimerie Kossuth. Il y réalise des dessins publicitaires et des figurines de mode. Quelque temps plus tard, il entre à l'atelier de publicité Marthe Ray. C’est son premier emploi important. En contact direct avec les différentes techniques d'impression, confronté à toutes sortes de problèmes, c’est là qu’il apprend le plus son métier.
Il réalise des catalogues de modes pour les grands magasins "Le Palais de la Nouveauté", "Réaumur", mais ses dessins n’y sont jamais signés. Son expérience dans la mode semble l’avoir influencé car les critiques soulignent par la suite l’allure élégante et svelte de ses personnages aux plus parfaits. Il s’installe à son compte, tout en continuant à fournir quelques travaux pour l'atelier Marthe Ray. Il réalise encore des catalogues, cette fois pour Le Printemps, Les Galeries Lafayette, Le Bon Marché de Bruxelles. À l'époque il a assez exercé pour créer lui-même des modèles et monter sa propre maison, mais il recule devant l'ampleur d’un tel projet et les difficultés à s'imposer sur le marché. Les éditions de mode Darroux et Napolitano lui commandent des catalogues entiers. Elles l’emploient également comme styliste, il crée surtout des model féminins. Jusqu'en 1939, il ne fait pratiquement que du dessin de mode. Les modèles qu’il dessine sont vus par des milliers de consommateurs à travers les catalogues à un moment où les grands magasins connaissent du succès, mais il ne peut pas les signer. Malgré l’importance de sa production, son travail n’est donc pas vraiment reconnu.
Pendant la guerre
Il rentre à Brest pour passer un conseil de révision. En raison de sa faible constitution et de sa spécialité, il sert l’armée en tant que dessinateurindustriel à l’Arsenal de Brest. Son travail consiste à exécuter des croquis, des travaux de lettres et de cartes pour l'artillerienavale. Cela lui vaut les félicitations du Préfet maritime. Mais à l'arrivée des Allemands en 1940, les autorités locales mettent le feu à l'arsenal, afin que rien ne tombe aux mains de l’ennemi. Rémy Bourlès part rejoindre sa femme et sa fille qui sont à une trentaine de kilomètres de là. Plus tard, il revient à Brest. La ville essuie une série de bombardementsalliés.
Pendant plusieurs mois, tous les soirs, lui et ses proches doivent se réfugier dans les abris à la suite d'alertes incessantes. Leur maison est atteinte d'un obus de D.C.A. qui vient heurter une poutre du troisième étage. Fort heureusement, ils étaient à la cave.
Mais il cherche à continuer dans la presse et se rend compte que le catalogue de mode dessinée a vécu, remplacé par la photographie. Il veut donc se reconvertir et se tourne alors vers la bande dessinée.
Tous les lundis on remet à Bourlès un scénario découpé et dialogué. Il ne sait jamais qui en est le (ou les) scénariste(s), d'ailleurs il ne s’en préoccupe pas. Le travail se fait un peu à la chaîne, sans grande fantaisie, il prend peu de liberté vis-à-vis du texte d'origine.
Cet exercice de style rigoureux est pour lui une bonne école. Il collabore avec Jean Pradeau, un scénariste de chez Del Duca.
À partir de 1947, dans sa collaboration avec ce dernier, il dessine les Coups d’épée de Monsieur de la Guerche, et réalise l’Aigle des mers et la Poursuite éperdue, scénarisée par Prado (faire une note), dans L'Intrépide (première série, 1949).
Bob Mallard chez Vaillant
En 1946, il crée Bob Mallard, un bimestriel dans Vaillant, puis dans Pif qu’il anime jusqu'en 1947 sur un scénario de Henri Bourdens. Bourdens est par ailleurs pilote; il lui fournit donc croquis et documents techniques pour s’immerger dans l’univers de son personnage. En complément, Bourlès fait de nombreuses visites à l'aéroport du Bourget afin d'aller respirer sur place l’odeur du cambouis et se familiariser avec l'ambiance des ateliers, au contact des mécaniciens.
Il s’agit d’une série d’aventure qui se déroule pendant la seconde guerre mondiale et met en scène les aventures du personnage de Bob Mallard, pilote dans l’aéronautique. La paix revenue, il retourne à la vie civile, luttant contre le crime dans le monde entier en compagnie de son fidèle ami Puchon.
Collaboration avec des titres et des éditeurs variés
Bourlès dessine Robin des Bois dans L’Ecureuil, et réalise des récits complets pour les éditions Artima, et pour les périodiquesHardi les gars, Caméra 34, Vaillante ou encore L’Astucieux.
En 1949, travaille pour L’Intrépide, des numéros 6 à 2 en réalisant 19 planches de L'Aigle des mers, adaptation du film de la Warner Bross par R. Prado. Bourlès travaille à partir d'une douzaine de photographies mais sans avoir jamais vu le film.
Il réalise des romans dessinés pour La Vie en Fleur de 1952 à 1956 : La Promeneuse au clair de lune, Le Gouffre du lutin, Le Visiteur sans visage, Le Berger de Guadeloupe, La Sorcière du crépuscule etc
Rémy Boulrès a abordé tous les genres de la bande dessinée réaliste, travaillant également pour la grande presse et les publications féminines, il s'est aussi penché sur la peinture qu'il pratique en loisir. Il figure parmi les auteurs populaires les plus intéressants et prolifiques de l’après-guerre, mais ayant travaillé souvent dans l’ombre.
D’après Henri Filippini, qui s’exprime à son sujet dans Histoire du journal Vaillant (aux Éditions Glénat), "son trait d'une grande finesse et ses personnages élégants se reconnaissaient au premier coup d’œil». Son style a marqué la mémoire de plusieurs générations de lecteurs de l'immédiat après guerre jusqu'aux années 1970.
Malgré sa production et sa longue carrière, il reste peu connu. Les fanzines et amateurs de bande dessinée se sont rarement penchés sur cet auteur qui a pourtant sa place dans l'histoire de la bande dessinéefrançaise. Il appartient à une période bien spécifique, celle des années 1950-1960. Les auteurs de cette période sont peu reconnus malgré le travail de quelques fanzines comme Haga, le collectionneur de bande dessinée ou Hop! pour mettre en valeur cette époque charnière de la bande dessinée.
Sans doute trop modeste, peu habitué à la médiatisation des auteurs de bande dessinée contemporains, c'est avec surprise que Rémy Bourlès rencontre ses anciens lecteurs au cours de quelques festivals où il est invité.
Récits complets dans Aventuriers d’Aujourd’hui, l’Audacieux, Collection Odyssées entre autres
Bob l'Ardent
Pour la collection Gang. Le personnage est un champion du monde de boxe qui effectue de nombreux voyages. Il a réalisé un total de 24 planches pour ce périodique
Le Vagabond du pacifique
Dans Mon Journal. Dans l’intrigue, deux voleurs s’emparent de la clé du coffre de Van Maalen, richissime négociant d’un comptoir sud-africain. Ils tentent de reporter les soupçons sur le secrétaire, Jacques Dalbert. Il a réalisé 35 planches.
Jean-Marie le mousse
Dans la collection Prouesse. 38 planches ont été réalisées par Bourlès.
Périodique présentant des récits complets en bande dessinée. D'abord édité par SEPIA en 1940 puis 1945 sous une maquette différente chez l'éditeur Héroïca. Des aventures diverses sont proposées aux lecteurs, elles se déroulent au Moyen Âge, en plein cœur de la jungle, ou bien encore durant la guerre. Bourlès a réalisé 18 planches.
Le personnage principal, Bob Mallard[4], est un pilote indépendant qui vit des aventures en compagnie de son fidèle ami Puchon. De 1946 à 1957, Rémy Bourlès est au dessin, en collaboration avec Henri Bourdens au scénario. Ils lèguent ensuite la série à Francisco Hidalgo pour le graphisme et à Jean Sani pour le texte. Ce personnage est l’incarnation physique du héros “pur et dur” des années 1950, avec sa silhouette élancée, ses cheveux blonds et sa nuque rasée. Le dessin est réaliste, avec un trait classique.
Il s’agit véritablement de la série dans laquelle Bourlès s’est le plus investi, il a réalisé, y compris dans les suppléments de Vaillant, près de 529 planches.
Dans L’Intrépide : adaptation de L'Aigle des mers (The Sea Hawk en version originale) film de pirates américain réalisé par Michael Curtiz, sorti en 1940.
Histoires sentimentales dans La Vie en Fleurs
De 1952 à 1956 : La Promeneuse au clair de lune (d’après Maud Fleurange), Le Visiteur sans visage (d’après Jean Miroir), Le Berger de Guadeloupe (d’après Zane Gray), La Sorcière du crépuscule (d’après Jean Miroir).
En 1928, il travaille pour l’imprimerie Kossuth, pour laquelle il réalise des campagnes publicitaires et des figures de mode.
Installé un peu plus tard à son compte, il collabore aux catalogues pour les grands magasins Printemps, Galeries Lafayette et Le Bon Marché, ainsi que les éditions de mode Darroux et Napolitano.
Il a également participé à quelques rares expositions, dont la principale en juillet 1956, à la Maison de la Bretagne à Paris sous la présidence de monsieur Jean Marin, Directeur Général de l'Agence France Presse.
Hommages
De son vivant, il a participé à plusieurs festivals de bande dessinée lui rendant hommage. Il y rencontre ses anciens lecteurs.
Bourlès, un album qui évoque sa carrière, par Jean Claude Tibéri. Sorti en 2011, dans la collection Découvertes aux Éditions du Taupinambour.
Son petit fils Philippe Hourdry, sa fille Rozenn et son mari Jacques créent un site internet en 2004 pour faire connaître son travail.
Publications dans les périodiques
Les Aventuriers d’Aujourd’hui, entre 1943 et 1945.
La piqûre mortelle, récit complet dans Les Aventuriers d’aujourd’hui, 1948.
La salamandre d’or, récit complet dans Les Aventuriers d’aujourd’hui, 1949.
Pour l'honneur : L'Insaisissable, série dans Tarzan[6], 1950-1952.
L'Insaisissable, série dans Tarzan, 1953.
L'Insaisissable (suite) série dans Hurrah, 1957.
Au pays des diamants, récit complet dans Hurrah, 1957.
Le vieil homme et la mer, film raconté dans Hurrah, 1959.
Les coups d'épée de Monsieur de La Guerche dans L’Astucieux, 1947.
L'Aigle des mers (d'après le film de la Warner Bross adapté par R.Prado), dans L’Intrépide, 1949.
La poursuite éperdue, scénario de R. Prado, dans L'Intrépide, 1949.
Pour L'Honneur : L'Insaisissable, dans L’Intrépide, 1952.
La ruée des bolides, récit complet dans L’Intrépide, 1956.
Le collier de la toison d’or, récit complet dans L'Intrépide, 1958.
La machine infernale, récit complet dans L’Intrépide, 1960.
Le visiteur sans visage, roman dessiné dans La Vie en fleur, 1952
La promenade au clair de lune, roman dessiné dans La Vie en fleur, 1956.
A la recherche de la cité perdue, série dans Mireille, 1960
La rivière des castors, série dans Mireille, 1962
Pénélope était du voyage, série dans Mireille, 1963
Bob L'Ardent sera-t-il champion? dans Les aventures de Bob l'Ardent, Collection Gang, 1946.
Bob L’Ardent contre les pillards du Texas, dans Les aventures de Bob l'Ardent, Collection Gang, 1946
Bob L’Ardent pilote le Z.1-4, dans Les aventures de Bob l'Ardent, Collection Gang, 1946.
Disque de feu, l'énigme des soucoupes volantes, histoire à suivre dans Tintin, 1950.
Les voleurs d'émeraudes (d'après E de Keyser), dans Junior, 1946.
Bigh, Bagh et Bigh ou la petite protégée des grands singes, dans Fillette -spécial ‘’en vacances’’, 1948.
Henri Filippini, Dictionnaire de la bande dessinée, Bordas, Paris, 2005.
Jean-Paul Tibéri, HOP numéro 45, Interview de Rémy Bourlès, Association d’étude du mode d’expression graphique de la bande dessinée (AEMEGBD), Aurillac, 1989.
Youenn Furic, Journal Ololê, numéro 127, Une visite à nos dessinateurs : Chez Rémy Bourlès, Éditions du Léon, Landerneau, .