De nos jours, on appelle « réaction de Sandmeyer » toute méthode de substitution d'un groupe amine aromatique via la préparation de son sel de diazonium suivie par son remplacement par un nucléophile en présence catalytique[note 1] de sels de cuivre(I).
Les réactions de Sandmeyer les plus communément utilisées sont la chloration, la bromation, la cyanation, et l'hydroxylation, utilisant respectivement CuCl, CuBr, CuCN, et Cu2O, comme réactif. Plus récemment a été développée la trifluorométhylation de sels de diazonium, une réaction qualifiée de « type Sandmeyer ». Les sels de diazonium réagissent aussi notamment avec les boronates, les iodures, les thiols, l'eau et l'acide hypophosphoreux[5], et la fluoration peut être conduite en utilisant des anions tétrafluoroborate (dans ce dernier cas, la réaction est alors appelée réaction de Balz-Schiemann). Cependant, comme ces réactions n'ont pas besoin de catalyseur métallique, on ne les qualifie pas en général de « réaction de Sandmeyer ». De multiples variantes utilisant d'autres sels et d'autres métaux de transition – notamment sels de cuivre(II), fer(III) et cobalt(III) – ont été développées[6].
Mécanisme réactionnel
Dans le mécanisme ci-dessous, l'aminearomatique est diazotée par l'acide nitreux formé in situ par l'action du nitrite de sodium en présence d'un excès d'acide pour former le sel de diazonium, qui sera décomposé pour donner, en fonction des réactifs présents, l'halogénure d'aryle ou le nitrile voulu[7],[8].
en présence de cyanure de cuivre(I) (CuCN), la formation d'un benzonitrile[11].
Quel que soit l'homologue, il y aura toujours un dégagement de diazote gazeux.
Il existe toute une série de réactions apparentées à celle de Sandmeyer qui permettent de substituer un groupe amino par un autre sur un noyau aromatique via un diazonium. Certaines nécessitent un catalyseur à base de cuivre, d'autres non. Quelques exemples de groupes:
Nitro, le tétrafluoroborate du diazonium est traité par un nitrite en présence de poudre de cuivre comme catalyseur [12]
Acide sulfinique, par l'action du dioxyde de soufre sur le diazonium en présence de sulfate de fer (II) et de poudre de cuivre [13]
Azide, par l'action de l'azoture de sodium sur le diazonium sans catalyseur [14].
Acide phénylarsonique, le diazonium est ajouté à une solution d'arsénite de sodium en présence de sulfate de cuivre [15]
Mercaptan. Il existe différentes variantes où le diazonium est traité par un xanthate, un sulfure, un disulfure suivi d'une réduction [16].
Hydrogène. Cette réaction est appelée désamination de Griess, le diazonium est réduit par de l'éthanol [17] ou de l'acide hypophosphoreux.
Hydroxyde (phénol). Le diazonium est ajouté à de l'eau chaude en présence d'acide sulfurique [18].
La réaction de Gomberg-Bachmann [19] est également un cas de figure analogue, où l'électrophile est un autre cycle aromatique, formant un biphényle.
La réaction de Schiemann permet d'introduire un fluor et se distingue de par la particularité de la procédure de synthèse.
Réaction de Schiemann
Pour l'homologue fluor, la réaction utilisée sera la réaction de Balz-Schiemann[20], qui est également une décomposition de sel de diazonium, avec la particularité de passer par le tétrafluoroborate du diazonium, un sel peu soluble et relativement stable, qui se laisse décomposer thermiquement pour donner un fluorobenzène, avec dégagement gazeux simultané d'azote et de trifluorure de bore.
Notes
↑Du fait du faible coût des sels de cuivre, une quantité stœchiométrique est souvent employée pour une meilleure réactivité, même lorsque la catalyse est possible.
2.↑ cette réaction est une étape clé de la synthèse de la lévothyroxine (Chalmers et Hems, 1949) qui est le principe actif des médicaments contre l'hypothyroïdie comme le lévothyrox"
↑(en) Zerong Wang, Comprehensive Organic Name Reactions and Reagents, John Wiley & Sons, Inc., , 2471–2475 p. (ISBN9780470638859), « Sandmeyer Reaction »
↑M. P. Doyle, B. Siegfried and J. F. Dellaria, « Alkyl nitrite-metal halide deamination reactions. 2. Substitutive deamination of arylamines by alkyl nitrites and copper(II) halides. A direct and remarkably efficient conversion of arylamines to aryl halides », J. Org. Chem., vol. 42, no 14, , p. 2426–2431 (DOI10.1021/jo00434a017)