Robert Le Vrac de Tournières, né le à Ifs[1] et mort le à Caen, est un peintrefrançais.
Biographie
Son père, graveur de son état, avait épousé une veuve, la mère de François Lemoyne, dont il sera le premier maitre[2]. Après avoir achevé ses études classiques, il entra dans l’atelier d’un de ses parents, peintre médiocre, qu’il eut bientôt surpassé[2].
Élève de Lucas Delahaye, puis de Bon Boullogne et de Hyacinthe Rigaud, Tournières est reçu deux fois à l’Académie royale de peinture[3], en 1702, comme peintre de portraits avec les portraits des peintres Pierre Mosnier et Michel Corneille, et le , comme peintre d’histoire avec l’Invention du dessin (1716), montrant « Dibutade peignant sur le mur l’ombre de son amant dans l’éclairage d’une bougie », qui le fit surnommer « le Schalken de la France »[4].
Avec un réel talent de physionomiste et de peintre, Tournières a joui de son vivant d’une très grande réputation[3]. Fort recherché de son temps, il fut le portraitiste du Régent, de chanceliers, de beaucoup de personnalités politiques[5] et a laissé plus de deux cents portraits[5] conservés pour la plupart dans des collections particulières[3]. Ses nombreux portraits représentant des personnages de diverses classes : ministres, magistrats, dames de la cour, artistes, marchands[5]. Avec un coloris délicat, une convenance parfaite dans la pose et l’ajustement, une certaine élégance dans les draperies, il est un artiste plus soigneux que puissant et, sans pouvoir être compté au rang des premiers portraitistes, il y tient une place honorable[3]. Il a donné à la formule française du portrait une vérité et une vigueur particulières et son œuvre de « genre » est l’une des plus significatives de l’influence hollandaise sur l’art français[5].
Le caractère hétérogène de son œuvre est typique d’un artiste de la période transitoire de la Régence : la légèreté de sa palette préfigure le style rococo, tandis que les éléments hollandais donnent à son travail un caractère nouveau et plus intime, qui contribue à renouveler l’école du portrait de Rigaud qui avait apporté une pompe un peu superficielle dans l’art français[5]. Il exécute de grandes peintures, dont le souvenir et la trace sont perdus, et des petites dans lesquelles il se distingue, influencées par Godfried Schalken et Gérard Dou qu’il avait spécialement étudiés. Il a vu dans les tableaux hollandais des décors et des éclairages particuliers, et s’est imprégné de leur atmosphère réaliste, de la simplicité sérieuse de leurs portraits pour retenir le modelé des visages, l’expression profonde et discrète de vie intérieure et les restituer sur ses toiles[5].
Parmi ses toiles les plus remarquables, on cite un portrait de Maupertuis, gravé par Daullé ; une autre de Pécour, gravé par Chéreau ; celui de l’académicien Mosnier, à l’École des beaux-arts ; celui de Michel Corneille, à Versailles[3]. D’autres de ses œuvres du même peintre appartiennent aux fonds des musées d’Orléans, de Rennes, au musée et à la bibliothèque de Caen, au musée de Nantes, etc[3].
Promu adjoint à professeur le , il est promu professeur auxiliaire en 1737. Il a exposé aux Salons de peinture de 1704, de 1737, de 1741 à 1743 et de 1745 à 1748. Mais à la suite d’une contestation avec ses confrères, il s’est abstenu d’assister aux séances de l’Académie. En 1750, il s’est retiré à Caen et a cessé de travailler[6].
Ses principaux élèves ont été Huliot fils, peintre de fleurs, Romagnesi et Lemoyne. Sarrabat et Daulle ont gravé chacun un portrait peint par Tournières[6].
Portrait de Jacques Crevel, recteur de l’université de Caen, bibliothèque municipale de Caen.
Portrait d’une famille dans un paysage, musée des beaux-arts de Nantes.
Portrait de Charles de la Boische, marquis de Beauharnais, gouverneur du Canada ou Portrait d’homme décoré du cordon rouge (ancien titre), musée de Grenoble.
Portrait de famille dans un salon, musée des beaux-arts de Nantes.
Portrait de femme, la main gauche sur la poitrine, musée des beaux-arts de Rouen.
↑ abcde et fRaphael Pinset, Jules d’Auriac et Société d’encouragement pour la propagation des livres d'art, Histoire du portrait en France, Paris, A. Quantin, , 274 p. (lire en ligne), p. 149.
↑Société de l’histoire de l’art français, Nouvelles archives de l’art français, Paris, Société de l’histoire de l’art français, (lire en ligne), p. 279.
↑ abcde et fPaul Vitry (dir.), « Robert Tournières, sa vie, son œuvre », Bulletin des musées de France, Paris, Direction des musées nationaux, (lire en ligne sur Gallica, consulté le )
↑« Conseil municipal », Journal de Caen, (lire en ligne, consulté le ).
Sources
Louis Dimier (dir.) et Marie-Louise Bataille, « Tournières, 1668 à 1752 », Les Peintres français du XVIIIe siècle, Paris ; Bruxelles, G. van Œst, , p. 227-243 (OCLC27325056, lire en ligne, consulté le ).
Raphael Pinset, Jules d’Auriac et Société d’encouragement pour la propagation des livres d'art, Histoire du portrait en France, Paris, A. Quantin, , 274 p. (lire en ligne), p. 149.
Eddie Tassel, Robert Le Vrac Tournières : les facettes d'un portraitiste, Caen ; Gand, musée des beaux-arts ; Snoeck, , 96 p., 28 cm (ISBN978-94-6161-184-0, lire en ligne)