PROFILPELAJAR.COM

Sculptures du revers de façade de la cathédrale

Le Revers de la façade de la Cathédrale Notre-Dame de Reims est un ensemble sculpté de végétaux et de cinquante-deux personnages au revers du portail central de la Cathédrale Notre Dame de Reims. Il constituait un arc de triomphe à l’intention du roi sortant de la cathédrale, immédiatement après la cérémonie de son sacre.

Historique

Ces sculptures ont été réalisées dans le cadre des grands travaux de reconstruction de la cathédrale après l’’incendie de 1210. Elles seraient datées autour de 1260 et réalisé sous la direction de l’architecte Gaucher de Reims. Philippe III dit « le Hardi », sacré le 15 août 1271, sera le premier à passer sous cette arche monumentale.
Les personnages sculptés dans des niches au revers du grand portail occidental ont échappé aux destructions de l’incendie de Notre-Dame de Reims du 19 septembre 1914 provoqué par l'embrasement d'un échafaudage de la tour nord à la suite du bombardement du centre-ville de Reims par la Deutsches Heer. « Un mur de briques les a protégés durant le reste de la guerre. Seule une partie de la draperie, au bas de ce décor sculpté, s’est légèrement effritée »^[1].

Description

Cet ensemble, du revers de la façade de la Cathédrale Notre Dame de Reims, se lit en partant de la gauche de bas en haut puis en repartant du bas à droite vers le haut^[2]. La partie gauche est consacrée à la vie de Marie et celle de droite à la vie de Saint Jean-Baptiste.
Le revert du portail occidental avait une fonction à la fois décorative et liturgique, représentant des scènes religieuses pour instruire les fidèles, tout en marquant la transition entre l’extérieur profane et l’intérieur sacré de la cathédrale. Les sculptures qui ornent sa façade et son revers s'inscrivent dans le contexte de l’art gothique, dont l’objectif était d’enseigner les mystères de la foi aux fidèles.

Vie de Marie ^[3]

1er registre en bas à gauche : Deux prophètes et un roi couronné.

Les prophètes représentent les figures bibliques ayant annoncé la venue du Messie. Le roi couronné illustre la royauté légitime, souvent associée à une mission divine. La juxtaposition des prophètes et du roi exprime l’union entre la prophétie religieuse et le pouvoir temporel.

2eme registre en partant du bas à gauche : l’ange à droite annonce la naissance de Marie à Anne et à Joaquim.

Joachim et Anne étaient mariés depuis vingt ans et n'avaient pas d'enfant. Ils ont été chassés du Temple pour cela. Joachim, se retire dans le désert pour prier et un ange apparaît et lui annonce que sa femme Anne donnera naissance à une fille qui sera bénie par Dieu et lui demande de se rendre à la porte dorée. Un ange apparait également à Anne, lui annonce la même chose et lui demande de se rendre à cette même porte.

3eme registre en partant du bas à gauche : Anne et Joaquim se retrouvent à la porte dorée du temple de Jérusalem.

4eme registre en partant du bas à gauche : Présentation de la crèche.
Ces sculptures reflètent l’apogée du style gothique, qui cherchait à éduquer les fidèles par des scènes narratives sculptées. La crèche évoque la Nativité. Les animaux de l’étable (bœuf et âne) évoquent la simplicité et la paix.

5eme registre en partant du bas à gauche : Hérode ordonne aux soldats romains d’éliminer tous les nouveau-nés.

6eme registre en partant du bas à gauche : Le massacre des Innocents.

7eme registre en partant du bas à gauche : La Fuite en Égypte.
Les 3 premières sculptures à partir de la gauche : Un ange presse Marie qui tient l’enfant Jésus dans le bras et Joseph de partir. Les deux suivantes : Moïse est à genoux devant Dieu qui apparaît dans le buisson ardent.

Vie de Saint Jean-Baptiste ^[3]

1er registre en bas à droite : préfiguration de l’eucharistie dite « la communion du chevalier ».

La scène peut être interprétée comme une préfiguration de l’Eucharistie, représente Melchisédech, grand prêtre et roi de Salem, offrant du pain et du vin à Abraham (un épisode tiré de la Genèse 14:18-20). Cet épisode se déroule après qu'Abraham a remporté une victoire militaire pour sauver son neveu Lot, qui explique sa tenue de chevalier. Melchisédech est souvent interprété comme une figure du Christ dans la tradition chrétienne, notamment dans l’Épître aux Hébreux (Hébreux 7:1-3), où il est décrit comme un prêtre éternel sans généalogie, préfigurant le sacerdoce de Jésus. Le pain et le vin offerts par Melchisédech sont perçus comme une annonce de l’Eucharistie, où le Christ offre son corps et son sang sous les mêmes espèces.

2eme registre en partant du bas à droite : Jean-Baptiste entouré de deux prophètes.

Dans les textes, il est écrit : « déjà la cognée se retrouve à la racine des arbres ; tout arbre qui ne produit pas de fruits va être coupé et jeté au feu ». Ce verset se trouve dans l'Évangile selon Matthieu (chapitre 3, verset 10) et est également présent dans une forme similaire dans l'Évangile selon Luc (chapitre 3, verset 9). Saint Jean-Baptiste utilise cette image pour illustrer un avertissement : un jugement imminent est proche. Ceux qui ne répondent pas par des actes concrets aux exigences spirituelles de Dieu seront rejetés. La « cognée à la racine » symbolise un acte décisif et irréversible. La racine est le fondement de l'arbre : si elle est coupée, l’arbre entier périt. Cet outil prêt à couper illustre l'urgence : le jugement divin est sur le point de se manifester.

3eme registre en partant du bas à droite : Jean-Baptiste (à droite) reproche à Hérode (au centre) d’avoir contracté une union illégitime avec Hérodiade.

Le verset qui évoque Jean-Baptiste reprochant à Hérode son union avec Hérodiade se trouve dans les Évangiles selon Matthieu (14:3-4), Marc (6:17-18) et Luc (3:19-20). Jean-Baptiste est l’exemple du prophète fidèle à sa mission, qui proclame la vérité divine même face aux puissants. Il ne craint pas de dénoncer les péchés, même au risque de sa vie. Cette attitude fait de Jean un modèle de courage spirituel et d’intégrité. Jean-Baptiste incarne le martyr, celui qui paie le prix ultime pour sa fidélité à Dieu. Sa mort préfigure également le sort de Jésus, qui sera condamné pour avoir proclamé la vérité.

4eme registre en partant du bas à droite : Jean-Baptiste, entre deux disciples, présente l’agneau de Dieu.

La sculpture illustre une scène biblique tirée de l’Évangile selon Jean (1:29, 1:36), où Jean-Baptiste désigne Jésus comme l’Agneau de Dieu. Jean-Baptiste montre l’Agneau de Dieu, symbolisant sa mission de détourner l’attention de lui-même pour la diriger vers Jésus. L'agneau évoque la pureté de Jésus, qui se donne volontairement pour le salut de l’humanité et le sacrifice de Jésus pour enlever le péché du monde. Les deux disciples de Jean-Baptiste présents dans la scène symbolisent l’humanité qui, guidée par le témoignage des prophètes, est appelée à suivre le Christ.

5eme registre en partant du bas à droite : Annonce par un ange à Zacharie et à Elisabeth de la naissance de Jean-Baptiste.

L’épisode est tiré de l’Évangile selon Luc (Lc 1, 5-25). Zacharie, prêtre juif, reçoit la visite de l'ange Gabriel alors qu'il officie dans le Temple qui lui annonce que sa femme, Élisabeth, malgré son âge avancé, donnera naissance à un fils, Jean, qui préparera le chemin du Seigneur. Zacharie doute de cette annonce en raison de l’âge avancé du couple, ce qui entraîne sa mutité temporaire, une preuve divine de l'accomplissement de la promesse.

6eme registre en partant du bas à droite : Baptême dans le Jourdain du Christ par Jean-Baptiste. Le Christ et Jean-Baptiste sont entourés de deux anges.

Cet épisode est relaté dans les Évangiles (Matthieu 3:13-17, Marc 1:9-11, Luc 3:21-22, et Jean 1:29-34). Jésus, venant de Galilée, demande à Jean-Baptiste de le baptiser dans le Jourdain. Les anges présents symbolisent le rôle des messagers divins et la sanctification de cet acte par la Trinité (le Fils dans l’eau, l’Esprit sous forme de colombe, et la voix du Père).

7eme registre en haut à droite : Prédications du Christ.

Les prédications de Jésus sont décrites dans les Évangiles (Matthieu, Marc, Luc, et Jean). Jésus prêche dans des lieux publics (synagogues, montagnes, plaines, ou villages) et transmet son enseignement à travers des paraboles, des discours et des miracles. Cette sculpture incarne son rôle d’enseignant divin et souligne la centralité de son message pour la foi chrétienne. En s’inscrivant dans le programme iconographique de la cathédrale, elle offre aux fidèles une réflexion spirituelle sur l’importance de recevoir et de vivre l’enseignement du Christ dans l’attente du Royaume de Dieu.