Retable initialement destiné au maître-autel à la chapelle Saint-Luc de la basilique Sainte-Justine de Padoue, il est commandité à Andrea Mantegna par Sigismondo de' Folperti de Pavie en 1453 (entré chez les Bénédictins sous le nom de frère Mauro). Le retable y reste jusqu'en 1797.
C'est un tableau réalisé entre 1453 et 1454 a tempera sur panneau de 177 × 230 cm. L'encadrement (perdu) avait été sculpté par maître Guglielmo à Vérone, et les rehauts d'or et d'azur ont été payés à maître Guzon en [1].
Au centre, saint Luc, assis dans un siège sculpté, est dans la posture du bénédictin travaillant au scriptorium avec ses instruments et son lutrin posé sur une colonne en marbre chiqueté[4] qui porte la signature de Mantegna : OPUS/ANDREAE/MANTEGNA[1]. Des fruits sont posés sur le haut des montants du dossier et certains reposent aussi sur le sol (allégorie) devant ses pieds chaussés de sandales.
De part et d'autre de ce panneau central de grandes dimensions (140 × 67 cm) les saints Prosdocime et Benoît le côtoient, et aux extrémités sont placées les saintes Félicité et Justine (de gauche à droite).
Au-dessus, dans le registre supérieur, le centre est occupé par le Christ en Homme de douleurs, par Marie à gauche et Jean à droite, les saints Daniel de Padoue et Jérôme sont représentés dans des panneaux (de 69 × 49 cm) à gauche et les saints Maxime et Julien dans les panneaux de mêmes dimensions, à droite.
Chaque panneau est séparé des autres horizontalement par des colonnes carrées à chapiteaux en bas-relief doré, chacun dans une ouverture ogivale. Tous les personnages du registre supérieur semblent être placés dans une galerie (leurs pieds ne sont pas visibles), ceux du registre inférieur sont représentés entier, en pied, et ils reposent sur une base de marbre chiqueté multicolore, plus haute d edeux marches pour saint Luc
Analyse
Tout le talent de la représentation des différents matériaux de Mantegna s'exprime : des marbres simulés aux cernes du bois du lutrin voire aux échardes du bois.
Des détails fins sont observables comme les différents signets en ruban rouge du livre de l'intérieur du lutrin, aux taches d'encre rouge également sur l'encrier à gauche, des essuyages des mains sous la tablette à droite.
Le rougecouleur symbolique (amour divin, et honneur de la mémoire des apôtres, des évangélistes et des martyrs[5]) est également présent dans les drapés, hampe de drapeau, épée, couvertures des livres... et évidemment dans la plaie que porte le Christ à son côté. La Vierge même (dont les couleurs mariales sont habituellement le blanc et le bleu) est revêtue d'une robe noire sur un habit rouge (habit du deuil ?).
Alberta De Nicolò Salmazo, chapitre sur le retable de San Zeno in Mantegna (1996), traduit de l'italien par Francis Moulinat et Lorenzo Pericolo (1997), coll. Maîtres de l'art, Gallimard Electa, Milan (ISBN2 07 015047 X).