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Aux niveaux diplomatiques et militaires, de fortes relations se sont nouées à la suite de la Seconde Guerre mondiale, sous la forme de multiples accords.
Au lendemain de la guerre, le United Kingdom - United States Communications Intelligence Agreement, souvent appelé traité UKUSA, est signé le : le Royaume-Uni et les États-Unis sont rejoints par le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande et dans une moindre mesure d'autres pays. Cet accord concerne la collaboration internationale en matière de renseignement d'origine électromagnétique[2].
Entre autres accords militaires moins importants, le programme d'armées ABCA, dont la première mouture est fondée en 1947, vise à optimiser l’interopérabilité et la normalisation de la formation et de l'équipement entre ses membres. C'est un moyen de capitaliser l'étroite coopération entre les armées de terre des États-Unis, du Royaume-Uni et du Canada pendant la Seconde Guerre mondiale[6].
Contestation
Avant l'arrivée des premières troupes américaines en 1942, les Britanniques connaissent les Américains essentiellement par l'intermédiaire du cinéma américain, en particulier, selon l'universitaire Jean-Claude Sergeant, des « films noirs de la période dont Scarface était le prototype », qui connaissent un grand succès au Royaume-Uni[7]. Les troupes américaines arrivent progressivement sur le territoire britannique au cours de la guerre, jusqu'à atteindre 1 600 000 soldats à la veille du débarquement de Normandie[7]. Les relations entre les civils britanniques et les militaires américains se dégradent à mesure de l'augmentation de ces derniers. En 1943, George Orwell compare ce contingent à une force d'occupation[7].
L'annonce par les États-Unis, en , de la suspension du Lend-Lease est très mal accueillie au Royaume-Uni. Selon Jean-Claude Sergeant, « l’opinion publique britannique a vu dans cette décision le signe concret de l’égoïsme des Américains, qui semblaient avoir oublié un peu rapidement les sacrifices consentis par le peuple britannique au nom de la défense de la démocratie »[7]. La même année, « la difficile négociation du prêt américain lié à la ratification par le Parlement britannique de l’accord de Bretton Woods allait achever d’épuiser le crédit de sympathie dont bénéficiaient les États-Unis en Angleterre »[7]. L'annonce du plan Marshall en 1947 suscite une euphorie dans le pays, mais certaines voix (le Daily Express, la gauche bevaniste) s'inquiètent de la menace qu'il peut faire peser sur la liberté du gouvernement en matière de politique étrangère[7].
En 1951, après le blocus de Berlin, des bombardiers américains armés d’engins nucléaires sont stationnés sur le sol britannique. Un groupe de parlementaires proches d’Aneurin Bevan s'oppose à cette décision et exige qu'elle soit soumise à l’autorisation du gouvernement britannique[7].
À la fin du mois de , dans le contexte de la crise de Suez, une motion affirmant que « l’attitude des États-Unis compromet gravement l’Alliance atlantique » recueille 127 signatures à la Chambre des communes, et celle appelant le gouvernement à rétablir une coopération active avec les États-Unis n'en reçoit que 22[7]. Une note de l’ambassade des États-Unis à Londres fait explicitement état de la vague d'antiaméricanisme qui touche le Royaume-Uni après cet épisode, essentiellement nourrie par la droite conservatrice[7]. En 1958 naît la Campagne pour le désarmement nucléaire, groupe de pression anti-nucléaire animé par des intellectuels qui réclame le désarmement unilatéral du Royaume-Uni et le retrait de l’OTAN[7].
Lors du Congrès du Parti travailliste de 1982, une majorité se prononce pour la fermeture de toutes les bases nucléaires américaines situées sur le territoire britannique[7].
Selon des sondages MORI, les Britanniques ont constamment dévalorisé la relation avec l'Amérique entre 1969 et 1991, au profit de celle avec l'Europe[7].
Relations contemporaines
La diplomatie américaine actuelle considère que « les États-Unis n'ont pas de plus proche allié que le Royaume-Uni »[8].
Jeremy Shapiro, ancien conseiller de Barack Obama, déclare en que la relation entre les deux pays demeure "sans contrepartie". Il ajoute que cette relation « n’a jamais vraiment été quelque chose de bien important pour les États-Unis. De mon point de vue, il était très important pour nous de mentionner la relation spéciale à chaque conférence de presse où le Royaume-Uni était représenté mais en fait nous en riions en coulisses »[14].
↑« Syrie: un "couac" dans la "relation spéciale" américano-britannique », Le Point, 30 août 2013 (lire en ligne)
↑(en) By Eleanor Hayward Jack Doyle for the Daily Mail, « 'Special relationship' was seen as joke by Obama », Daily Mail, (lire en ligne, consulté le ).
Jean-Claude Sergeant, « L’anti-américanisme en Grande-Bretagne », Revue française de civilisation britannique, vol. 12, no 1, , p. 115-125 (lire en ligne, consulté le )
Luca Bellocchio, L’eterna alleanza? La “special relationship” angloamericana tra continuità e mutamento, Milano, Franco Angeli, 2006, (ISBN9788846476050)