Amputé de trois manches à cause du premier choc pétrolier, le Championnat Mondial des Rallyes pour Marques ne compte que huit épreuves à son calendrier contre treize l'année précédente, les épreuves suédoise, néo-zélandaise et grecque ayant été annulées. Le 'RAC', qui se dispute quinze jours après le 'Press on Regardless', est l'avant-dernier rallye de la saison. Les épreuves du championnat sont réservées aux voitures des catégories suivantes :
L'homologation récente de la Lancia Stratos en groupe 4 a changé la donne du championnat, ayant permis à la Scuderia Lancia d'obtenir deux victoires (Italie et Canada) et de revenir à un point de Fiat, seul constructeur disputant l'intégralité des épreuves, à qui le titre 1974 semblait acquis.
Le rallye de Grande-Bretagne (RAC Rally), organisé par le Royal Automobile Club, fut créé en 1932 et était à l'origine une épreuve de maniabilité et d'orientation. Il évolua en 1937, avec l'apparition d'un classement officiel, mais ne devint une véritable épreuve de vitesse qu'à partir de 1960. En raison de l'interdiction de toute forme de compétition automobile sur le réseau routier britannique, les épreuves chronométrées se disputent sur des chemins privés ou dans des parcs, seul le parcours de liaison se déroulant sur route. L'itinéraire est tenu secret jusqu'au départ, interdisant les reconnaissances. Les pilotes nordiques, qui disputent régulièrement les rallyes d'outre-manche, s'y sont régulièrement imposés depuis 1960, seul le pilote anglais Roger Clark, vainqueur en 1972 sur Ford Escort RS1600, ayant mis fin à leur domination. Le pilote finlandais Timo Mäkinen remporta l'épreuve en 1973 sur un modèle identique.
Fiat Rally a engagé quatre spiders 124 Abarth (1750 cm3, 190 chevaux, environ 900 kg[3]). Pour cette épreuve spécifique, Fiat a confié trois de ses voitures à des pilotes nordiques : Rauno Aaltonen, Leo Kinnunen et Ingvar Carlsson. La quatrième est pilotée par Alcide Paganelli. Exceptionnellement, Markku Alén ne court pas pour cette équipe, le Finlandais étant en contrat avec Ford pour les manches du championnat britannique[4]. Les spiders 124 ne sont pas favoris sur ce rallye, mais le constructeur espère néanmoins terminer à une place d'honneur afin de renforcer sa première place au championnat du monde.
Lancia
La Scuderia Lancia aligne une Stratos groupe 4 à moteur 12 soupapes (V6, 2400 cm3, 250 chevaux) pour son pilote de pointe Sandro Munari, ainsi que deux coupés Beta 1800 cm3 (une version groupe 4 seize soupapes, 180 chevaux pour Amilcare Ballestrieri, une version groupe 2 huit soupapes, 160 chevaux pour Simo Lampinen[3]).
Ford
Ford a engagé quatre Escort RS1600 groupe 2 (2 litres, 235 ch à 8200 tr/min, environ 800 kg[3]) pour cette épreuve. Ces voitures, confiées à Timo Mäkinen, Hannu Mikkola, Roger Clark et Markku Alén, sont les favorites de la course, ayant remporté les deux dernières éditions. En plus des quatre voitures officielles, de nombreux pilotes privés disposent de modèles identiques, tels Pentti Airikkala, Billy Coleman ou Tony Fowkes. En tout, les Ford Escort représentent près d'un tiers du plateau.
Saab
Le constructeur suédois a amené trois modèles 96 groupe 2 (environ 1100 kg, moteur Ford V4 de 1850 cm3, 170 chevaux[1]) pour Stig Blomqvist, Per Eklund et Tapio Rainio. Très robustes, ces voitures compensent leur puissance modeste par une excellente motricité sur les pistes britanniques, et peuvent contester la suprématie des Ford Escort si les conditions de course sont difficiles (boue, neige ou verglas).
Volvo
Toujours très à l'aise dans les forêts britanniques, le pilote suédois Per-Inge Walfridsson s'aligne à nouveau au volant d'une Volvo 142 S groupe 2 préparée par l'usine, une voiture avec laquelle il avait obtenu la quatrième place l'année précédente.
Opel
Opel Allemagne a engagé deux Ascona groupe 2 préparées par Irmscher (2 litres, environ 190 chevaux, 1050 kg), confiées à Walter Röhrl et Lars Carlsson. Les concessionnaires britanniques ont également engagé deux voitures du même type pour Tony Fall et Tony Pond.
Le départ de la course est donné de York dans la matinée du samedi [2]. Les 190 concurrents prennent la direction du pays de Galles où vont se dérouler la plupart des épreuves spéciales de la première étape. C'est tout d'abord Hannu Mikkola (Ford Escort) qui prend la direction des opérations, mais le pilote finlandais se fait bientôt dépasser par Sandro Munari et sa Lancia Stratos. Mikkola tente de résister mais une crevaison lui fait perdre le contact avec le pilote italien. Son coéquipier Timo Mäkinen prend alors la seconde place et revient sur Munari qui, malade, lui cède la première place en milieu d'étape. Mikkola vient alors d'abandonner, ayant perdu une roue à cause du cisaillement des goujons. Stig Blomqvist, qui a effectué a effectué un tonneau avec sa Saab en début d'épreuve, a pu repartir et tente de rattraper son retard. Parmi les favoris, Roger Clark (Escort) a quant à lui perdu toute chance de victoire à cause d'une sortie de route dans la quinzième épreuve spéciale, concédant douze minutes aux leaders de la course. Lorsqu'il rejoint York le dimanche, Mäkinen s'est construit une avance de quatre minutes sur Munari. Très régulier, Walfridsson termine cette première étape en troisième position au volant de sa Volvo, devançant la Toyota de Björn Waldegård et la Saab de Blomqvist. Plus de soixante concurrents ont abandonné au cours de ces deux premières journées, dont Markku Alén (Ford Escort), sur panne de pompe à eau.
Les 129 équipages rescapés repartent de York le lundi matin, cette fois en direction du nord, la majorité des secteurs chronométrés étant en Écosse. Les conditions hivernales conviennent aux Saab, et Blomqvist en profite pour remonter en seconde position, devançant Munari dont la troisième place satisfait pleinement la Scuderia Lancia dans la course au titre mondial, les équipages Fiat ayant rencontré des problèmes et n'étant pas en mesure de marquer des points au championnat. Moins heureux que son coéquipier Blomqvist, Per Eklund a dû abandonner après un spectaculaire tonneau. Mäkinen ne connaît aucun problème au cours de cette deuxième étape, et rejoint York le mardi avec une confortable avance sur Blomqvist et Munari. Walfridsson, dont l'imposante Volvo n'est pas particulièrement adaptée aux pistes enneigées ou verglacées, est quatrième, non loin de Munari.
La dernière boucle se déroule entièrement dans le Yorkshire, le mercredi. Cette dernière étape, relativement courte, ne devait être qu'une simple formalité pour Mäkinen, qui dispose d'une confortable avance sur Blomqvist. Mais peu avant le départ, le pilote découvre que l'embrayage de l'Escort est hors d'usage ! Les mécaniciens de l'équipe Ford vont faire des miracles pour le remplacer sans trop pénaliser le pilote et parviennent à préserver sa première place, l'opération s'effectuant en seulement trente-cinq minutes[5]. Malgré le forcing de Blomqvist, qui se montre une nouvelle fois le plus rapide sur les tronçons enneigés, Mäkinen garde l'avantage et remporte pour la deuxième fois l'épreuve, devançant Blomqvist d'1 min 40 s à l'arrivée. Grâce à la troisième place de Munari, Lancia reprend la tête du championnat du monde à Fiat. Une sortie de route a fait perdre trois minutes et la quatrième place à Walfridsson, devancé par la Toyota de Waldegård et l'Opel Ascona de Walter Röhrl.
attribution des points : 20, 15, 12, 10, 8, 6, 4, 3, 2, 1 respectivement aux dix premières marques de chaque épreuve (sans cumul, seule la voiture la mieux classée de chaque constructeur marque des points)
seuls les six meilleurs résultats (sur huit épreuves) sont retenus pour le décompte final des points[3].