Les affrontements entre militants palestiniens et soldats israéliens sont fréquents à Jénine. Mais d'après Al-Jazeera, il s’agit d’« une des journées les plus meurtrières dans la Cisjordanie occupée depuis qu’Israël a intensifié ses raids au début de l’année dernière ». Le ministre de la Santé palestinien a, outre les neuf Palestiniens décédés, dénombré « vingt autres personnes blessées par des tirs à balles réelles »[6]. L'armée israélienne mène des opérations presque tous les jours en Cisjordanie et plus particulièrement dans les secteurs de Jénine et de Naplouse, où sont présentes des factions palestiniennes armées[7].
Israël ne contredit par le bilan humain du 26 janvier à Jénine[6], et présente son action comme une opération contre des activistes islamistes dans le camp de réfugiés de la ville[7]. Tsahal déclare qu'une « escouade terroriste » du Jihad islamique devait être appréhendée mais que « l'escouade terroriste a ouvert le feu en direction des forces de sécurité israéliennes »[3]. Selon des sources israéliennes, le Jihad islamique préparait une attaque contre Israël[8].
"Parmi les martyrs du jour, il n’y a pas que des combattants armés, déplore Mohammad Sabbagh, le président du comité populaire du camp de réfugiés. « Il y a aussi des enfants et une femme âgée »[9].
D'après les Nations unies, le bilan des morts pendant l'opération sur Jénine est le plus élevé comptabilisé depuis le début des recensements des victimes du conflit israélo-palestinien à partir de 2005. Et, selon Le Temps, il s'agit de la séquence la plus meurtrière depuis la montée de violence en août 2022 entre l’armée israélienne et le Jihad islamique à Gaza, pendant laquelle 49 Palestiniens au moins sont décédés en trois jours, un bilan comportant également des civils dont des enfants[10].
A la suite des événements de Jénine en Cisjordanie, des tirs de roquettes attribués au petit territoire de Gaza ont été effectués vers Israël, qui a alors riposté, menant des frappes nocturnes contre des infrastructures du Hamas, tenu pour responsable des tirs en provenance de Gaza[8].
Réactions
Le gouvernement palestinien a exprimé sa condamnation du massacre et a appelé à une intervention internationale urgente[11].
L'Autorité palestinienne a décidé de rompre la coopération sécuritaire avec Israël, pour la première fois depuis 2020. Les États-Unis ont déclaré le regretter, estimant « très important que les parties maintiennent voire approfondissent leur coordination sécuritaire », et ont annoncé la venue d'Antony Blinken en Israël et Cisjordanie, affirmant qu'il existe une « nécessité urgente de prendre des mesures de désescalade »[10]. Antony Blinken, dont la venue au Moyen-Orient était prévue de longue date, a commencé par se rendre en Egypte, premier pays à avoir fait la paix avec Israël en 1979 et qui reçoit aussi bien les dirigeants israéliens que les dirigeants palestiniens. Puis Antony Blinken a rencontré les dirigeants des deux camps en conflit, plaidant en faveur d'un arrêt des violences de part et d'autre et une solution à deux États, israélien et palestinien. Il a cité comme politique israélienne notamment l'expansion des colonies et déploré « un horizon d'espoir qui se rétrécit pour les Palestiniens », appelant à ce que cela change[12],[13].