Les radis blanc (Raphanus sativus var. longipinnatus L. H. Bailey), radis d'hiver, sont un groupe de radis asiatiques (groupe daïkon) à grosse racine blanche, pivotante, longue ou ronde[2].
Le terme radis blanc apparaît en français au XVIIIe siècle comme une variété des raiforts chez Duhamel Du Monceau, (1762) il est décrit par René le Berryais (1775) comme Raphanus hortensïs magnâ radice ovatâ albâ : « ce radis réussit bien pendant l'automne. Il est très-blanc, tendre, plein d'eau peu relevé, d'une forme très allongée, et d'une grosseur de 15 à 18 lignes [35 à 40 cm]) »[4],[5]. Lamarck (1783) distingue les formes ronde et fusiforme[6].
R. sativus var. longipinnatus synonyme var. acanthiformis se dit encore en français : radis japonais, daïkon ; lobak, navet chinois (Canada), radis à bière, radis bière (Suisse, de l'allemand Bierrettich et aussi Weißer Rettich, Winterrettich, Japanischer Rettich)[8],[9],[10],[11]. En anglais daikon, de même en italien[2]. Dans les langues asiatiques : chinois : 萝卜 ; pinyin : 'luóbo ; litt. « radis » ou 白萝卜, 'bái luóbo, « radis blanc », mu en coréen (hangul : 무), daikon[a] en japonais (katakana : ダイコン ; kanji : 大根), et củ cải trắng en vietnamien.
Histoire
Origine asiatique
L'analyse des génomes montre qu'il s'est produit des événements de domestication séparés entre les radis cultivés asiatiques et les radis cultivés de l'ouest de l'Eurasie[7]. La biodiversité des radis cultivés en Asie est plus importante que celle des radis cultivés de l'ouest de l'Eurasie (ou le petit radis et le radis noir sont génétiquement peu éloignés), ce qui montre une domestication ancienne[12],[13]. L'ancêtre sauvage commun aux radis asiatiques cultivés n'est pas connu[12]. Les radis blancs du cultigroupe japonais proviennent soit de la migration directe du cultigroupesud asiatique soit du cultigroupechinois (qui comprend beaucoup de radis verts et/ou à pulpe rouge) lui-même issu du cultigroupe sud-asiatique[6]. La période de floraison et la couleur de la peau de la racine jouent un rôle important dans l'adaptation locale et l'augmentation de la diversité génétique des races locales dans les zones géographiques de domestication[14]. La couleur de la peau qui est contrôlée par un gène dominant identifié, elle résulte avec la longueur de la racine d'événements de domestication démontrés[15].
L'introduction du radis en Chine date de la dynastie des Zhou occidentaux, XIIe – VIIIe siècles av. J.-C.[16] Au Japon un témoignage de radis blanc (tsubomitomu) de grande taille est donné sous l'empereur Nintoku, en 712, dans une chanson écrite pour l'impératrice dont « les bras étaient aussi blancs que les radis récoltés par la houe de bois », le terme daikon est attesté dans le dictionnaire de langue japonaise Setsuushu fin XVe siècle. Au XVIe siècle sont mentionnés des radis blancs très longs (Radis Moriguchi) actuellement récoltés dans la préfecture d'Aichi. Au XVIIIe siècle, 90 variétés sont dénombrées, le séchage du daikon est attesté dans un livre de cuisine pendant la période d'Edo. Le radis blanc géant Sakurajima de Kagoshima et de nombreux cultivars locaux donnent lieu à une centaine de préparations culinaires. Le gros radis blanc rond shogoin date de l'ère Bunsei[17].
Mondialisation
Le mot japonais daikon (« un des noms du radis au Japon ») est présent dans le Nouveau dictionnaire d'histoire naturelle édition 1816-1819[18].
L'introduction du « daïcon » en occident date de la décennie 1870 : Eugène Vavin dans le Nouvelliste de Bellac du , décrit des gros radis blancs obtenus de graines envoyées par le Dr Auguste Benon d'Ikuno au Japon. L'auteur note qu'au Japon le radis blanc est cultivé après la récolte du riz, sa croissance est rapide, il préconise de le cultiver en supplément des betteraves et carottes après la récolte du blé[19]. Une seconde source de gros radis d'hiver (« qui peut peser 1 kg ») est signalée la même année : le radis blanc de Russie[20]. En 1879, Mitteilungen der Deutschen Gesellschaft für Natur mentionne le daikon, puis Le bulletin du New Jersey Agricultural Experiment Station le décrit en 1880[21]. En 1883, le Dr. Pailleux fait le compte rendu de la présentation, pour la première fois, par H. Veniat de 10 variétés de radis blancs japonais[3].
En 1885 le Journal d'agriculture pratique signale que Vilmorin cultive déjà une douzaine de variétés venues directement du Japon[22]. La même année Désiré Bois le mentionne dans Le potager d'un curieux[23]. En 1912, des daïkons (variétés Lipato et Koro) de 4 à 7 kg sont obtenus en culture en Lot-et-Garonne[24].
Réciproquement à la même époque (Ère Meiji) les petits radis occidentaux ハツカダイコン (hatsukadaikon), 廿日大根 (tsukadaikon) sont introduits au Japon, prélude à une mondialisation des collections de radis cultivés.
Les radis à col vert (haut de la racine vert à l’extérieur), 三太郎大根, dont le poids va de 500 g. à 5 kg, représentent 90% de la production japonaise[34].
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Le semis
Le semis se fait en place ou sur plaque alvéolée à trous profonds avec repiquage dans les 10 jours. La levée est rapide 3 à 5 jours entre 20 °C et 30 °C, favorisée par la présence d'un film de germination.
Un sol doit être riche mais pas trop azoté (un excès d'azote favorise le feuillage au détriment de la racine), léger, bien drainé et profond (le sol lourd entraîne des déformations des racines) d'un pH à peine acide (6,0 à 6,5), l'acidité du sol est tolérée. L'espacement optimum est 40 cm, l'usage est entre 20 et 35 cm entre plantes selon la taille du radis. L'apport en eau doit être régulier mais il faut éviter la saturation (avantage des sols sableux) . Après récolte et nettoyage le stockage idéal est à 0 °C. en milieu humide, aucun traitement après récolte n'est nécessaire[33].
Conservation
Séchage
Débités en fins lacets le radis blanc est séché au soleil au Japon きりぼしだいこん (Kiriboshi daikon), on réhydrate 15 min avant l'utilisation[37]. Il existe une variante de radis blanc tranché puis séché[38],[39].
Lactofermentation
Le takuwan (沢庵) est un radis blanc séché puis mariné dans un mélange de son de riz, de sel, sucre et épices. Il prend un goût piquant et une couleur jaune[40].
Usages culinaires
En Chine
En Chine, il peut être mangé seul, frais et cru, pour son aspect rafraîchissant pendant les saisons chaudes, ou bien cuit dans des ragoûts.
En Corée, il sert à garnir de nombreux plats, soit cru, soit mariné en saumure.
Il est utilisé dans différents plats d'accompagnement (banchan). Sous sa forme marinée jaune, avec le kimchi de choux chinois, lui-même en kimchi : le mu kimchi, ou encore dans le musaengchae (무생채 ou muchae, 무채), un namul où il est coupé en julienne.
Il est aussi souvent utilisé pour faire le kaktugi, autre plat d'accompagnement très répandu. Il est alors coupé en petits cubes, puis dégorgé au sel avant d'être pimenté et fermenté durant quelques jours.
Au Japon
Au Japon, le radis blanc séché et coupé en lanières est appelé kiriboshi daikon (切干大根). Entier, lacto-fermenté en saumure, il s'appelle takuan ou takuwan (沢庵), en l'honneur de son inventeur, Takuan Sōhō. Il est souvent artificiellement coloré en jaune moutarde. Ayant tendance à ne pas se garder et à jaunir, les feuilles (fanes) sont souvent coupées avant la vente pour être utilisées en soupes, cuites à l'étuvée (oshitashi) ou comme condiment.
Le radis blanc peut aussi être finement râpé et ajouté comme condiment ou comme élément de sauce, comme pour assaisonner et rafraîchir la tempura.
En Malaisie et à Singapour
En Malaisie et à Singapour, existe le chai tow kway où l'on fait des petits cubes proche du gâteau de navet cantonais, que l'on mélange avec des légumes et des œufs.
Au Vietnam
Au vietnam, il est utilisé, mélangé avec des carottes (« củ cải cà rốt chua » ou « đồ chua »), saumuré au goût aigre-doux, notamment dans le sandwich bánh mì.
Les graines germées de daïkon
Le radis blanc se consomme en graines germées qui ont un goût piquant. Cette méthode aujourd'hui mondialisée est traditionnelle au Japon (en japonais カイワレダイコン(ou 穎割れ大根 ou 貝割れ大根), Kaiware daikon), où la production de graines germées a été industrialisée en 1986 sous l'égide de l'Association des graines germées (Japan Sprout Association)[41]. Elles sont principalement mangées crues, très souvent avec du jambon[42].
↑Prononcer daïkon (Les mots japonais translittérés en alphabet latin ont leur prononciation propre dépendante du système de translittération, qui ne correspond pas à la prononciation en Français.
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