Rachid Mouffouk, parfois orthographié Rachid Mouffok (en arabe : موفق رشيد), est un artiste peintre et sculpteuralgérien né le à Batna. Il est réputé pour ses personnages en ronde-bosse et en matériaux et objets recyclés.
Biographie
Enfance
Rachid naît à Batna avec son frère jumeau. Bébé plutôt petit et chétif, sa famille craint alors pour sa vie[2]. De l'école primaire qu'il fréquente à partir de 1962 — parallèlement à l’école coranique — il ne conservera, selon ses propres dires, que de mauvais souvenirs[2].
Dès son plus jeune âge, il est attiré par l'art, qu'il commence à pratiquer sans jamais passer par les Beaux-Arts[3]. La première sculpture qu'il réalise est celle de Diane, la déesse de la chasse dans la mythologie romaine. Il réalise cette première œuvre sur un morceau de bois offert par le sculpteur Mohamed Houfani[3].
Carrière
Avant 2001, l'artiste a pris une pause de vingt ans, et n'a plus fait d'œuvres artistiques[3]. Après les attentats du il a fait sa première sculpture appelée l'effondrement des tours jumelles[4].
Il a travaillé comme soudeur en charpente métallique dans une société américaine implantée en Algérie, où il expose ses œuvres sur le chantier[5]. Le directeur de l'entreprise décide de le dispenser du travail, et lui propose de ne s'occuper que de sculpture pour détendre l'atmosphère des travailleurs[5].
En , Hocine Amokrane sort un roman intitulé « Le fou et le muet » dont la photo de la couverture a été assurée par Rachid Mouffouk, par ses deux sculptures « Le fou » et « écologie »[6].
En 2010, Rachid perd trois doigts de la main droite à la suite d'un accident[7] dans son atelier[8],[7], en travaillant sur un trophée au profit du ministère de l'Énergie et des Mines[9]. Deux mois après l'accident, Rachid revient à la sculpture, en créant une sculpture en métal intitulé « Mes trois doigts »[3],[10].
Rachid Mouffouk, en collaboration avec l'écrivain Hocine Amokrane, sort en 2011 un ouvrage intitulé L'Abysse et le firmament. Cet ouvrage regroupe des photographies d’œuvres de Rachid Mouffouk et des textes de Hocine Amokrane[11].
Œuvres artistiques
Sujets
Ses sujets de prédilection sont notamment les scènes de la vie quotidienne de la société algérienne, les problèmes de l’écologie, les problèmes de la société artistique algérienne comme la liberté d'expression[12]. Rachid introduit également des thèmes plus graves dans son œuvre tels que les problèmes qui touchent la Palestine[13], ou les événements du 11 septembre[14] ou encore la guerre d'Irak[15] et le conflit atomique[16] ou encore la corruption[17].
Quelques-unes des sculptures de Rachid retracent des moments de son histoire[18].
L'autre sujet de ses sculptures sont les trophées, tels que celui du théâtre national amazigh[19] et le trophée national algérien de la qualité décerné chaque année à la meilleure entreprise du pays[1].
Ses sculptures ont été utilisées pour la couverture du roman de Hocine Amokrane, Le fou et le muet[6].
Style
Sur une quarantaine d'années de création avec récupération de toutes sortes de matériaux, il leur donne tantôt une forme abstraite, tantôt une forme figurative[20]. Le style du sculpteur est généralement des créations en ronde bosse, des sculptures avec du relief, du haut-relief ou le bas-relief, d'autres faites par modelage et moulage. Il fait aussi des sculptures sur bois, sur pierre, céramique[20].
« Parce que je n'accepte pas que des objets vulgaires soient placés sur le même piédestal que les œuvres d'art (...) Une œuvre d'art est un produit purement humain, capable de sensibilité et qui tente de représenter dans des formes et des structures d'éléments (...)[20] »
Sculpture
Les sculptures de Rachid Mouffouk se trouvent toutes dans son atelier sur la route du quartier Kechida dans la commune de Batna[21].
Après son accident, il a vite repris la sculpture et fait sa première œuvre sans ses doigts, la sculpture parle de son accident et de la perte de ses doigts, il les a représentés par trois belles femmes qui s'en vont[21]. Et il a continué de faire des sculptures qui parlent de son accident, et de sa douleur en tant qu'artiste[21]. Il réalise une grande chaise amputée d'un pied et à la place de ce pied amputé, il a placé une personne assise sur une petite chaise et de ses deux mains, elle assure l'équilibre de la grande chaise[21]. La sculpture représente pour lui le soutien moral de ses proches[21].
↑ a et bLounes Gribissa, « Pour la reconquête des espaces culturels « Dialogue artistes-pouvoirs publics » », El Watan, no 6177, , p. 15 (ISSN1111-0333, lire en ligne)
↑ a et bHocine Amokrane, Le fou et le muet (Roman), Batna, A.Guerfi, , 179 p. (lire en ligne), p. 7
↑ a et bSaid Med El Hadi Amamra, « Mouffok rachid : Victime de son art.. », Batna Info, (lire en ligne)