RHINO (squat)

Squat RHINO avec la célèbre corne rouge

RHINO, acronyme de « Retour des Habitants dans les Immeubles Non Occupés », est le nom de l'un des plus célèbres squats de Genève (Suisse).

Emblématique du mouvement squat qui s'est développé à Genève dans les années 1980, sur fond de grave pénurie de logements et d'une spéculation immobilière galopante[1], il occupe de 1988 à 2007 les immeubles situés au numéro 24 du boulevard des Philosophes et 12 et 14 du boulevard de la Tour, à quelques centaines de mètres du bâtiment principal de l'Université de Genève. Il était identifiable par une gigantesque corne de rhinocéros rouge accrochée à sa façade le .

Histoire

En avril 1988, une association homonyme est fondée pour loger ses membres de « façon communautaire et économique » et promouvoir le bail associatif qui implique une participation active des habitants à la gestion de leur habitat[2]. L'occupation de l'immeuble en était réservée qu'aux membres de l'association, qui pour empêcher toute dérive et les indésirables (dealers de drogue, marginaux, simples profiteurs etc) posèrent un digicode à l'entrée. On ignore également si les membres de ce collectif ont versé un loyer "juste" aux propriétaire de l'immeuble ou s'ils l'ont occupé gratuitement. Elle occupe les immeubles vides en novembre 1988[1]. En 1990, un projet prévoyant la destruction d'une partie des bâtiments et des loyers élevés est rejeté par les autorités. En 1994, un autre projet échoue à la suite d'un recours de l'ASLOCA pour des loyers considérés comme trop élevés[2]. En février et mai 1997, la ville puis le canton refusent de racheter les immeubles. Le 3 août, le département des travaux publics octroie une autorisation de construire, un bonus à la rénovation et une subvention pour un nouveau projet des propriétaires grâce auxquels les loyers nominaux resteraient modérés. L'association dépose une pétition pour dénoncer un projet « à caractère finalement spéculatif ». Des rencontres entre les représentants de l'association et les propriétaires pour proposer à RHINO de racheter les immeubles échouent en décembre 1997[1]. En 2003, la ville passée à gauche tente d'acquérir les immeubles mais les propriétaires refusent[1].

L'association lance en avril 2005 une initiative populaire cantonale[3] qui aboutit officiellement le avec 11 807 signatures. Cette initiative, qui demande l'expropriation des immeubles et leur mise à disposition de l'association RHINO afin de créer une coopérative, est invalidée par le Grand Conseil ainsi que par le Tribunal fédéral dans un arrêt publié le [4].

L'association est dissoute sur une décision du Tribunal fédéral le à la suite d'une procédure judiciaire initiée par les propriétaires des immeubles et visant à démontrer que l'association poursuit des buts illicites. La Cour de justice du canton de Genève avait déjà prononcé la dissolution de cette association le , confirmant ainsi un précédent jugement du Tribunal cantonal de première instance. La fortune de l'association, environ 300 000 francs[réf. nécessaire], est confisquée par la justice et la gestion du squat RHINO est donc reprise par le « collectif Rhino », l'identité des membres de ce collectif n'a apparemment pas été publiée.

Le , le squat est évacué par la police genevoise sur ordre du procureur général de Genève Daniel Zappelli[1]. Le quotidien La Tribune de Genève publie le 27 juillet une interview du rapporteur spécial de l'ONU sur le logement qui s'inquiète de la manière dont l'expulsion du squat a été réalisée[5].

Néanmoins, le les squatteurs gagnent leur procès contre la Suisse devant la Cour européenne des droits de l'homme. La dissolution de l'association Rhino est jugée contraire à la liberté d'association protégée par l'article 11 de la Convention européenne des droits de l'homme[6].

Le Bistr'ok et la Cave 12

RHINO abritait un restaurant peu onéreux, le Bistr'ok, ouvert à midi et le soir. Le squat a également accueilli occasionnellement diverses manifestations qu'elles soient musicales ou cinématographiques[7], ainsi qu'une salle de concerts : la Cave 12. Cette dernière programmait régulièrement des types de musiques dites « expérimentales »[8],[9] tous genres confondus : électrique, acoustique, improvisée, composée, électronique, etc. La programmation de cette salle a été subventionnée par le département des affaires culturelles de la ville de Genève à hauteur de 60 000 francs suisses par année entre 2003 et 2007[10].

À la suite de l'évacuation de RHINO, les programmateurs ont trouvé provisoirement asile au sein d'autres structures culturelles, comme l'AMR ou L'Usine[11].

Notes et références

Liens externes