Cépion est chargé de la Gaule narbonnaise, où il se rend peut-être dès son consulat[13], ou en tant que proconsul pour l'année 105. Les Tectosages se sont rebellés sur incitation des Cimbres et Cépion met le siège sur la capitale, Tolosa, dont il s'empare rapidement, et qu'il livre au pillage[13]. Le butin est exceptionnel : 150 000 livres en barre d'or et 100 000 livres en barre d'argent[a 7]. Seul l'argent arrive à Rome, l'« or de Toulouse » aurait été volé en cours de route et l'escorte massacrée[13]. Proconsul de Gaule pour l'année 105[14], le commandement suprême dans la région revient au nouveau consul Cnaeus Mallius Maximus, un homo novus. Cépion refuse de reconnaître son autorité[13].
À la bataille d'Arausio, en 105, il refuse de coopérer avec son supérieur, allant même jusqu'à refuser d'être dans le même camp que lui. La défaite de l'avant-garde menée par le légat et consulaire Marcus Aurelius Scaurus ne le fait pas changer d'avis, et la crainte que cette mort fait naître chez Mallius, qui tente de rallier Cépion, ne fait que le renforcer dans son mépris envers le consul[15]. Le 6 octobre105, les deux généraux romains subissent la plus grave défaite de Rome depuis Cannes, plus de 80 000 soldats romains y sont tués, ainsi que 40 000 valets. Il n'y eut quasiment aucun survivant, si ce n'est le consul et le proconsul[16].
Condamnations (105-103)
Les procédures entamées contre Cépion sont mal connues et les dates incertaines[17],[18]. Elles s'inscrivent aussi dans un contexte politique particulièrement agité, opposant l'aristocratie sénatoriale conservatrice menée par les Caecilii Metelli et le princeps senatusMarcus Aemilius Scaurus, qui soutiennent une politique anti-gracchienne[7], et un certain nombre de tribuns de la plèbe populares sur lesquels s'appuie Caius Marius[19].
L'imperium proconsulaire de Cépion est abrogée par plébiscite, ce qui est historique[16],[18], probablement sur proposition du tribun de la plèbeCaius Norbanus nouvellement élu pour l'année à venir[20]. Il est possible que ce soit lors des échauffourées survenues à la mise en accusation que le princeps senatusMarcus Aemilius Scaurus est blessé par des jets de pierre [20].
Une commission d'enquête est mise en place pour savoir ce qu'il est advenu de l'or de Toulouse. Cépion est vraisemblablement condamné, et ses biens confisqués[17],[18].
En 104, un autre tribun de la plèbe, Lucius Cassius Longinus, profitant de la situation politique, fait voter une loi excluant du Sénat de la République romaine ceux ayant été condamnés dans un procès en amende ou dont le peuple a abrogé le commandement[21], Cassius s'inspirant là d'une disposition prise par le passé par Caius Gracchus[22]. Cépion se trouve donc chassé du Sénat en vertu de cette nouvelle lex Cassia[23],[24]. Cassius vise peut-être Cépion quand il fait voter sa loi[25], mais, alors que Rome vient de connaître une série de graves échecs militaires, la loi vise plutôt à renforcer le contrôle du peuple sur les magistrats et les généraux[26]. Fin 104 ou en 103, un tribun, Lucius Domitius Ahenobarbus, profite de cette nouvelle loi pour attaquer le princeps senatusMarcus Aemilius Scaurus, pour non-respect de certains rites, et Marcus Junius Silanus, consul en 109, pour avoir fait la guerre aux Cimbres sans en avoir reçu l'ordre du peuple romain et déclenché une série de désastres militaires[27]. Le but étant probablement de faire exclure du Sénat les deux consulaires, mais c'est un double échec[28].
Cépion s'exile à Smyrne en Asie mineure, selon Cicéron, contemporain des évènements, où il passe le reste de sa vie[a 8],[30].
Valère Maxime rapporte ainsi la vie d'un Quintus Caepio : « Une brillante préture, un triomphe éclatant, l'honneur du consulat, la dignité de grand pontife lui valent le titre de protecteur du Sénat. Pourtant il rend le dernier soupir dans la prison publique et son corps déchiré par la main du bourreau et laissé sur les marches des Gémonies est pour tout le Forum l'objet d'un horrible spectacle[a 2] ». Les seuls consuls portant ce nom sont son père et lui, mais aucun n'a été grand pontife. Il n'est pas fait mention du désastre d'Orange, et plutôt que de partir en exil, Cépion serait mort dans le Tullianum. Cependant, l'auteur antique se contredit dans une autre anecdote : « lorsque Cépion est jeté en prison comme responsable de la destruction de notre armée par les Cimbres et les Teutons. [...] [Un tribun de la plèbe] le délivre de prison [...] et l'accompagne même dans sa fuite[a 9] », cette dernière version semble plus crédible[30].
(en) T. Robert S. Broughton, The Magistrates of the Roman Republic : Volume I, 509 B.C. - 100 B.C., New York, The American Philological Association, coll. « Philological Monographs, number XV, volume I », , 578 p.
Jean-Louis Ferrary, Recherches sur la législation de Saturninus et de Glaucia, Mélanges de l'Ecole française de Rome, 91-1, (lire en ligne)
Pierre Moret, -106, main basse sur l'or de Tolosa, Éditions Midi-Pyrénéennes, Portet-sur-Garonne, 2021, 46 p.