Les postures ou positions au karaté, aussi nommées en japonaistachi (dachi lorsque précédé d'un autre mot)[1] ou shisei (parfois aussi orthographié shizei)[2], sont les positions adoptées au niveau des jambes et des pieds pour exécuter une technique.
Les postures permettent de canaliser l'énergie dans une direction donnée, assurant l'efficacité de la technique[3]. Chaque posture a des usages différents : attaque, défense, esquive, etc[4]. Le travail des postures est une recherche d'équilibre entre stabilité et mobilité, et vise à permettre de passer souplement de l'une à l'autre en fonction des besoins[3]. L'étude des différentes postures se fait via la pratique du kihon et des kata, en vue de l'application lors du kumite.
La plupart des postures sont communes aux différents styles de karaté, mais les détails d'exécution peuvent varier, et certaines postures sont plus courantes dans certains styles que dans d'autres. Certaines postures sont également communes à d'autres arts martiaux ou sports de combat, et sont alors souvent connues sous d'autres noms.
Terminologie
Le terme dachi (立?) signifie « posture », « être debout », et est utilisé de façon assez technique dans les noms des positions pour préciser qu'il s'agit de postures de jambes. Par exemple, teiji-dachi signifie littéralement « posture en T ».
Le terme shisei, quant à lui, désigne plus globalement l'attitude. Shi signifie « forme, silhouette » et sei signifie « impulsion, force »[5],[6], et on pourrait donc le traduire par « forme de l'impulsion ». Cette notion évoque donc de façon plus théorique la dynamique des postures et les intentions qu'elles sous-tendent (défensives, offensives, direction de l'énergie...).
Typologie
Les postures au karaté sont généralement classées en fonction de leur hauteur : une posture est dite haute, intermédiaire ou basse selon la hauteur du centre de gravité, liée à la flexion des genoux, à l'écartement des pieds et à l'ancrage au sol. Les postures peuvent également être classées selon que le poids du corps est porté vers l'avant ou l'arrière, ou encore selon leur usage[7] : postures cérémoniales, postures d'attente, postures de transition ou de combat. Mais la classification est alors moins claire car certaines postures peuvent appartenir à plusieurs catégories en fonction du contexte.
Postures hautes
Les postures hautes sont souvent des postures d'attente, aussi appelées postures naturelles, ou shizentai en japonais[7]. Ce sont généralement des positions préliminaires au combat ou de cérémonial[7]. Certaines postures hautes sont également des postures de transition entre deux postures plus basses.
Les principales postures hautes au karaté sont les suivantes[1],[8],[9],[10] :
Heisoku-dachi (閉足立) : pieds joints
Musubi-dachi (結び立) : talons joints, orteils pointant à 30° vers l'extérieur
Heikō-dachi (平行立, posture parallèle) : pieds écartés de la largeur des épaules, parallèles et pointés vers l'avant
Hachiji-dachi (八字立, posture naturelle) : pieds écartés de la largeur des épaules, pivotés chacun à 30° vers l'extérieur
Uchi-hachiji-dachi (内八字立, posture naturelle inversée) : pieds écartés de la largeur des épaules, pivotés chacun à 30° vers l'intérieur
Heisoku-dachi
Musubi-dachi
Heiko-dachi
Hachiji-dachi
Uchi-hachiji-dachi
Moro-ashi-dachi : idem que heiko-dachi, avec un pied avancé (dont le talon est juste en avant des orteils de l'autre pied)
Renoji-dachi (レの字立, posture en レ) : pieds écartés de la largeur des épaules en profondeur, pied avant pointant devant, pied arrière à 90°
Teji-dachi (丁字立, posture en T) : idem que renoji-dachi, mais les pieds sont perpendiculaires et l'axe du pied avant passe au milieu du pied arrière
Tsuru-ashi-dachi (鶴足立, posture de la grue) : sur un pied, plante du pied appuyé sur le genou
Sagi-ashi-dachi (鷺足立, posture du héron) : sur un pied, dos du pied dans le creux derrière le genou
Moro-ashi-dachi
Renoji-dachi
Teiji-dachi
Tsuru-ashi-dachi
Sagi-ashi-dachi
Postures intermédiaires
Les postures intermédiaires au karaté permettent d'avoir un centre de gravité plus bas et plus stable. Il peut s'agir de postures de combat, ou de postures de transition entre deux techniques.
Moto-dachi (基立, posture fondamentale) : pieds écartés de la largeur des épaules, parallèles entre eux et pivotés à 30° d'un côté, poids centré
Kosa-dachi (交差立, posture croisée) : jambes croisées, pied arrière appuyé sur le koshi, genou arrière dans le creux du genou avant
Sanchin-dachi (三戦立, posture des trois batailles) : position du sablier, pieds pivotés vers l'intérieur et genoux rentrés
Hangetsu-dachi (半月立, posture de la demi-lune) : similaire à sanchin-dachi, en plus large
Naihanchi-dachi (内歩進立) : pieds écartés d'une fois et demi la largeur des épaules, pivotés de 30° vers l'intérieur, poids centré
Moto-dachi
Kosa-dachi
Sanchin-dachi
Hangetsu-dachi
Naihanchi-dachi
Postures basses
Les postures basses au karaté regroupent les postures les plus stables, qui sont souvent aussi les plus courantes dans les kata car elles permettent de travailler l'ancrage au sol et l'aspect martial.
Zenkutsu-dachi (前屈立, fente avant) : pieds écartés de la largeur du bassin, jambe avant fléchie à 90°, jambe arrière tendue
Kōkutsu-dachi (後屈立, posture arrière) : poids sur la jambe arrière, pieds perpendiculaires et talons sur la même ligne,
Fudo-dachi (不動立, posture enracinée) ou sōchin-dachi (壯鎭立) : les deux jambes fléchies, corps de 3/4 poids centré
Neko-ashi-dachi (猫足立, posture du chat) : poids à 90% sur la jambe arrière pliée, pied avant sur le koshi
Zenkutsu-dachi
Kōkutsu-dachi
Neko-ashi-dachi
Kiba-dachi (騎馬立, posture du cavalier) : pieds parallèles, jambes fléchies, corps de face
Shiko-dachi (四股立, poturée carrée) : idem que kiba-dachi, mais avec les orteils pointés à 30° vers l'extérieur
Seichan-dachi : idem que kiba-dachi, mais avec un pied avancé de 30cm et tourné à 45° vers l'intérieur
Iaigoshi-dachi (居合腰立, posture agenouillée) : fente avant avec un genou à terre
Kiba-dachi
Shiko-dachi
Iaigoshi-dachi
Aspects techniques
Usage et choix des postures
Le choix de la posture permet de canaliser l'énergie (le kime) dans une direction donnée, rendant la technique d'autant plus efficace[3].
Chaque posture a des usages différents : attaque, défense, esquive, etc[4]. Par exemple, le zenkutsu-dachi est utilisé pour une attaque franche de l'adversaire, le kōkutsu-dachi est une position défensive, et le kiba-dachi peut servir pour les attaques latérales ou pour l'étude technique en statique[4]. En combat (kumite), il faut régulièrement changer de posture pour ne pas ouvrir de faille pour l'adversaire[3].
La plupart des postures sont communes aux différents styles de karaté, mais les détails d'exécution peuvent varier, et certaines postures sont plus courantes dans certains styles que dans d'autres.
Travail technique et physique
L'étude des différentes postures se fait via la pratique du kihon et des kata, pendant lesquels on pratique des postures basses, qui permettent d'acquérir force et stabilité[3]. Le travail des postures est une recherche d'équilibre entre stabilité et mobilité, et vise à permettre de passer souplement de l'une à l'autre en fonction des besoins[3].
« Toute position est un compromis entre force et souplesse, inertie et mouvement. »[2]