Le chasteau de labour (d), Lettres nouvelles de Milan (d), Entrée de l'archiduc Philippe d'Autriche (d), Entrée d'Anne de Bretagne (d), Les abus du monde (d)
Gringore a été directeur de troupe et dramaturge à Paris de 1506 à 1512. Il fit partie des Enfants-sans-Souci qui l’élevèrent à la seconde dignité de leur société, celle de Mère Sotte. Le poète Jean Delespine en était le Prince des Sots[2]. De 1502 à 1517, il dirigea l’exécution des mystères à Paris[3]. Le Cry du prince des Sotz, par lequel il convoquait le public, est :
Sotz lunatiques, sotz estourdis, sotz sages,
Sotz de villes, de chasteaulx, de villages,
Sotz rassotés, sotz nyais, sotz subtilz,
Sotz amoureux, sotz privéz, sotz sauvages,
Sotz vieux, nouveaux, et sotz de toutes âges,
Sotz barbares, estranges et gentilz,
Sotz raisonnables, sotz pervers, sotz retifz ;
Vostre prince, sans nulles intervalles,
Le mardy gras, jouera ses jeux aux Halles.
Appartenant au groupe des grands rhétoriqueurs, Pierre Gringore a écrit des poèmes moraux : le Château de Labour (), le Château d’Amours (), les Notables enseignements et proverbes par quatrains (), les Dits et autorités des sages philosophes (date incertaine) ; des poèmes satiriques : les Folles entreprises () où il soutient le roi de France Louis XII contre le pape Jules II, les Abus du monde (), les Feintises du monde qui règne () ; des pamphlets politiques : la Complainte des Milannoys (1500), l’Entreprise de Venise (1509), l’Espoir de paix (1510) dirigé contre le pape Jules II, ainsi que le suivant, la Chasse du cerf des cerfs (allusion au titre des Papes : Servus servorum Dei) ; des soties, des farces et des moralités pour le théâtre, dont quelques-unes, avec l’appui du roi, attaquaient le pape : le Jeu du Prince des sots et de Mère Sotte (), première comédie politique où il encourage Louis XII à engager la lutte contre l'Église, suivi de l’Homme obstiné (Jules II) et de Faire, et Dire, les Fantaisies de Mère Sotte (1516), les Menus propos de Mère Sotte (), le Testament de Lucifer () ; un mystère du genre grave, le Mystère de saint Louis (), pour la confrérie de ce roi ; enfin des ouvrages de piété : le Blason des hérétiques (1524), les Heures de Nostre-Dame (1525), les Chants royaulx, figurés moralement sur les mystères miraculeux du Christ (1527], la Paraphrase des sept très-précieux et notables Psaumes (1541)[3].
Ses œuvres offrent un singulier mélange de malice et de bonhomie, de gaieté et de gravité, de foi naïve et d’humeur discuteuse[3] ; elles sont la représentation exacte de l’esprit de la bourgeoisie parisienne au commencement du XVIe siècle. Il est surtout remarquable par ses œuvres dramatiques, auxquelles il doit son renom ; ses farces ont de la finesse, ses soties de la vigueur et ses comédies politiques une hardiesse qui fait penser à Aristophane et dont on ne vit presque plus d’exemple sur le théâtre en France. Dans le Mystère de saint Louis, il a de l’élévation et de la grandeur. On le trouve fréquemment énergique dans ses œuvres satirico-morales où il affecte même une solennité que son style ne soutient pas toujours. La plupart des ouvrages qu’il fit imprimer montrent au frontispice le portrait de Mère Sotte, avec une robe de moine et un capuchon garni d’oreilles d’âne ; on lit autour : « Tout par Raison ; Raison partout ; Par tout Raison. » Ces éditions sont fort rares.
Le Jeu du prince des sotz et de mère sotte, Éd. A. Hindley, Paris, Champion ; Genève, Slatkine, 2000 (ISBN978-2-74530-475-9), (OCLC407089150), 213 p. ; 24 cm.
Le Blazon des hérétiques, réimpression faite à Chartres en 1832 par les soins de M. Hérisson(d), tirée à 66 exemplaires.
Maurice Allem, Anthologie poétique française : XVIe siècle, t. I, Paris, Garnier-Flammarion, , 383 p.
Émile Badel, Pierre Gringoire : poète français, héraut d'armes du duc de Lorraine (1470-1539), Nancy, A. Voirin, (lire en ligne).
Charles Oulmont, Étude sur la langue de Pierre Gringore, Paris, Honoré Champion, 1911.
Charles Oulmont, Pierre Gringore : la poésie morale, politique et dramatique à la veille de la Renaissance, Paris, Honoré champion, 1911 [lire en ligne] ; réédition Slatkine, 1976.
Émile Picot, Pierre Gringore et les comédiens italiens, Paris, D. Morgand & C. Fatout, 1878.
Gustave Vapereau, Dictionnaire universel des littératures, Paris, Hachette, 1876, p. 940.