Considéré par ses contemporains comme un esprit brillant, loué pour ses connaissances en mathématiques, philosophie, poésie, rhétorique et musique, il est une figure emblématique du Moyen Âge. Seule une partie de ses compositions musicales — quelques motets et chansons — et de ses traités de musique nous sont parvenus. Sa musique se démarque de celle de Pérotin (v. 1160 - v. 1230), et son influence, qui perdure plus d'un siècle après son décès, se reconnaît, par exemple, dans les œuvres de Guillaume de Machaut ou de Guillaume Dufay.
En plus de ses fonctions importantes dans l'administration royale, Philippe de Vitry est très estimé de ses contemporains qui le considèrent comme un grand érudit et un intellectuel, un homme de lettres et un musicien reconnu. Il est en relation avec les grands intellectuels de son temps, notamment Pierre Bersuire, Nicole Oresme et Pétrarque. Ce dernier, dans une lettre qu'il lui a adressé en 1351, parle de lui comme « un poète unique ». Leo Hebraeus le proclame « le plus grand maître de la science musicale ». L'auteur des Règles de la seconde rhétorique (ouvrage anonyme) dit de Vitry qu'il « a inventé le style des motets, ballades, lais et rondeaux simples », une position également attestée par le témoignage de Gace de La Bigne (« Philippe de Vitry qui a élaboré des motets mieux que quiconque »). Gilles Le Muisit dans ses Méditations (1350), le considère avec Guillaume de Machaut comme le plus grand des musiciens vivants.
Son rayonnement dépasse largement le milieu français puisqu'à sa mort, Francesco Landini compose un madrigal, Si dolce non sono, où Vitry est implicitement évoqué. Ce renom est explicable par le rôle majeur qu'exerce Vitry dans les domaines politique et intellectuel, mais aussi par le fait que le traité Ars nova cite explicitement ses motets comme exemples du style et des techniques de composition propres au XIVe siècle naissant. L'importance de Vitry est enfin soulignée par les deux sources principales contenant ses œuvres jusqu'à nous parvenues et les cercles auxquels ces premières sont attachées : le Roman de Fauvel associé à la Cour de France et le manuscrit d'Ivrea (recueil de pièces composées pour la Cour et la Chapelle pontificales d'Avignon).
Œuvres
En dépit de sa célébrité, peu d'œuvres de Vitry nous sont parvenues. Nous ne possédons rien de ses écrits savants et seulement quelques-uns de ses poèmes, et on ne connaît qu'un tronçon du fameux traité[2]Ars nova musicæ, paru vers 1320 et dont il est l'auteur présumé, qui propose une notation musicale novatrice, utilisant des signes inconnus. Il encourage l’emploi de nouvelles règles de composition, notamment des arrangements rythmiques novateurs, ce qui permet l'émergence d'un style polyphonique moins dépendant des contraintes de l’Ars antiqua du XIIIe siècle, considéré pour cela comme le siècle classique médiéval, dans le domaine musical comme dans d'autres.
Philippe de Vitry a aussi écrit le Dit de Franc-Gontier[3], qui appellera une réponse du cardinal Pierre d'Ailly: Combien est misérable la vie du tyran[4]. Le cycle sera clôturé par François Villon au siècle suivant avec Les Contredits de Franc Gontier[5].
Les experts modernes n'ont attribué à Vitry qu'une quinzaine de motets, dont l'attribution pour certains est remise en cause aujourd'hui, tous conservés dans seulement deux manuscrits : un manuscrit savoyard de la fin du XIVe siècle, Ivrea 115, et surtout le Roman de Fauvel (Paris, Bibliothèque Nationale fr. 146) qui contient également un grand nombre de chants courtois qui sont peut-être également de la plume de Vitry.
Les motets « Adesto » et « Tribum que » ont fait chacun l'objet d'une diminution anonyme, ces pièces destinées à l'orgue nous ont été transmises par le dénommé Codex Robertsbridge[6].