Après une enfance à Paris et en Touraine, des séjours à Londres et dans le Devonshire[1], Philippe Delaveau retourne vivre six années à Londres, pendant les années 1980, avec sa famille. Ce séjour lui permet de découvrir sa véritable voie. L’époque, particulièrement en France, est alors marquée par le formalisme en littérature. Lisant les poèmes de T.S. Eliot, qui a fréquenté le quartier de Londres où il habite, découvrant une « autre » poésie anglaise, lecteur enthousiaste de Claudel, Dadelsen, Reverdy, Schehadé, Grosjean, Réda, etc., il prend ses distances avec le nouveau roman et le peu qu’il connaît des écritures formalistes françaises d’alors, qui ne privilégient bien souvent que des jeux sur les signifiants.
Jonathan Griffin lui fait lire des poètes américains contemporains et rencontrer des poètes anglais. C’est à cette époque que des promenades le long de la Tamise font surgir des personnages échappés à la mythologie grecque ou latine, qui semblent errer dans la grande ville moderne en quête de sens. Ces « hallucinations » qui succèdent aux séances de travail au British Museum, où se trouve la British Library, lui font écrire de nombreux poèmes, dont la plus grande partie sera reprise dans Eucharis.
Peu à peu, en écrivant, il découvrira les orientations de ses livres à venir : le poète est un « veilleur » dans un univers « en proie au désastre », à qui la poésie peut offrir les ressources de ses formes innombrables, à condition de ne pas rompre la continuité avec la tradition dans ce qu’elle a de vivant. En cela il rejette tout retour en arrière et tout académisme. L’activité d’écriture poétique cherche à exprimer « la part d’éternel de ce qui existe » (les êtres, les choses, l’univers) dans le cadre paradoxal du poème, qui s’empare de « l’éphémère » pour lui donner sa forme désormais vivante et pérenne.
La poésie anglaise, en particulier, lui a fait mesurer l'importance de la musique dans le poème. C'est ce qu'il cherchera à retrouver en s'inscrivant dans l'une des deux modernités issues d'Apollinaire : celle du vers accentué, en quête de « mélodie ». Il entrevoit alors en quoi la « poésie » est cette part invisible du langage, procédant du logos, et irriguant la forme à réinventer chaque fois de tout nouveau poème.
La tâche du poète consiste donc à creuser à l'intérieur de la langue ce langage capable d'exprimer la réalité intérieure profonde à travers laquelle remontent les « émotions fondatrices », éprouvées parfois longtemps avant, parfois à une époque récente, et qui ont cristallisé des « séquences de mots » en attente de forme.
Histoire ecclésiastique du peuple anglais (Bède le Vénérable), collection « L'Aube des peuples », traduit de l’anglais, préface et notes, 1995.
Petites Gloires ordinaires, 1999.
Infinis brefs avec leurs ombres, 2001.
Instants d'éternité faillible, 2004.
Son nom secret d'une musique, 2008.
Ce que disent les vents, 2011.
Invention de la terre, 2015.
Anthologies Gallimard
20 Poètes pour l'an 2000, présentation et choix de Guy Goffette, coll. Folio Junior Poésie, no 1010, 1999.
Poèmes à suivre, Le Printemps des poètes, préface de Claude Allègre, coll. Folio Junior Poésie.
Petit Printemps portatif, poèmes présentés par Guy Goffette, 2002.
La Poésie lyrique, anthologie proposée et commentée par Christine Chollet et Bruno Doucey, coll La bibliothèque Gallimard, 2002.
Une salve d'avenir. L'Espoir, anthologie poétique, préface d'Edgar Morin, 2004.
Chez d'autres éditeurs
Un Triste crépuscule, nouvelle, Les Cahiers Bleus, 1986.
La Poésie française au tournant des années 80, textes présentés et réunis par Philippe Delaveau, José Corti, 1988.
Écrire la peinture, textes présentés et réunis par Philippe Delaveau, Éditions universitaires, 1991.
Les secrets endormis, impressions du Mexique (en collaboration avec Bernard Pozier, dessins de Philippe Delaveau et photographies de Bernard Pozier.), Les Écrits des Forges, Ottawa, Canada 1993.
Julius Blatazar, un abstrait à l'état sauvage, Michel Vokær, Bruxelles, 1994.
Cent sous pour la reine Mab, poèmes pour la scène, La Différence, Paris 1999 (gravure originale de Pierre Alechinsky), repris partiellement dans :
Orphée studio, poésie d'aujourd'hui à voix haute - présentation et choix d’André Velter, Poésie/Gallimard, 1999 - Texte créé par Mme Françoise Seigner, de la Comédie-Française, et l'auteur pour France-Culture et repris au Théâtre Molière (2000).
Architecture sereine du vide, poèmes de Roberto Di Pasquale, traduction de l’espagnol (Argentine), couverture et gravure originale d’Antonio Seguí, Éditions Bernard Dumerchez, 2000.
Trois notes fluides pour le silence, Editions Vents de terre, 2012.
Regards sur Paul Valéry (avec Michel Jarrety, Kolja Micevic, Patricia Signorile, Salah Stetié, Kunio Tsunekawa), Fata Morgana, 2012.
Poètes en majesté à Versailles (avec Marc Alyn, Marie-Claire Bancquart, Tahar Ben Jelloun, Alain Duault, Abdellatif Laâbi, Werner Lambersy, Nimrod, Jean Orizet, Salah Stetié, Zoé Valdès, André Velter), introduction de Catherine Pégard, préface de Denis Podalydès, Éditions des Buclats, 2013.
Chutes de temps aléatoires (avec Fernando Arrabal, Michel Bohbot, Michel Butor, Georges-Emmanuel Clancier, Guy Cloutier, Alain Freixe, Luis Mizon, Raphaël Monticelli, Lionel Ray, James Sacré, Gaston Puel), édition établie par René Piniès, Éditions du Centre Joë Bousquet et son Temps, 2014.
Autres recueils et choix de livres d'artiste
Livre des dédicaces, peintures de Julius Baltazar, Éditions André Biren, Paris 1994.
Voyageur d'hiver, peintures de Julius Baltazar, André Biren, Paris 1994.
La Nuit, demain, peintures de Roger Bertemes, André Biren, Paris 1995.
Eaux fugitives, nuits, gravures peintes de Julius Baltazar, Montréal, Alain Piroir, 1995.
Mains, Proses, peintures d’Isia Léviant, préface de Michael Gibson, étude historique de Michel Pastoureau, La Différence, 1997.
Un des noms mystères, récit, eaux-fortes de Maud Greder, André Biren, 1999.
New-York, peintures de Julius Baltazar, éd. de Rivières, 2008.
Cargos à quai, peintures de Patrice Pouperon, éd. de Rivières, 2008.
Il n'est temps d'aucune heure, gravures de Julius Baltazar, calligraphies de Jean Cortot, Éditions Matarasso 2008.
La Bicyclette de Julius Baltazar, poème - mélodie pour trombones et chœur d'hommes (gravure d'Alekos Fassianos), Éditions Rivières, 2009.
En quête du poème (peintures de Michel Bourbon), Éditions Rivières, 2009.
Le Stylo (peintures de Pierre Pardon), Éditions Rivières, 2009.
menton l'été (peintures de Guy-Paul Chauder), Éditions Rivières, 2009.
Les Pistaches (peintures de Robert Brandy), Éditions Rivières, 2009.
Chambre en été (peintures de Philippe Hélénon), Éditions Rivières, 2010.
Pour approfondir
Bibliographie
Jean-François Massol, Poésie contemporaine, 25 lectures et commentaires pour les lycées, C.R.D.P. - étude d'un poème de Philippe Delaveau, Jean-François Massol, 1995.
Trésors et merveilles de la bibliothèque municipale et inter-universitaire de Clermont-Ferrand, Catalogue de l’exposition, Clermont, Imprimerie de Bussac 1998
Austellung des Martin von Wagner Museums der Universität Wûrzburg, 1999.Présentation de Eau, fugitives nuits, emboîtage de Martin Spreng - Atelier Xylos, 1999.
Pierre Brunel, La littérature française aujourd'hui, Éditions Vuibert, 2000.
William Bush, Article Philippe Delaveau, dans le Dictionnaire de la poésie de Baudelaire à nos jours, de Michel Jarrety, Paris, P.U.F., 2001.
Robert Davreu, Michel Deguy, Hédi Kaddour, Des poètes français contemporains, Étude sur la poésie française contemporaine (texte français, anglais et espagnol), Édition du Ministère des Affaires Étrangères, 2001.
Pierre Brunel, Où va la littérature française aujourd'hui ? Éditions Vuibert, 2002.
Éliane Reybold de Sérésin, L'Esthétique de la simplicité dans Le Veilleur amoureux de Philippe Delaveau (maîtrise de Lettres modernes), Paris IV-Sorbonne, .
Jean-François Bory, Cahiers critiques de poésie, Centre international de poésie, Éditions Farago / Léo Scheer, Marseille 2002.
Guy Cloutier, Le goût de l'autre, propos sur les poètes de l'Amérique française, Montréal, Éditions du Noroît, 2006.
Adeline Albert, Le fait religieux dans la poésie française contemporaine, - Philippe Delaveau, Jean Grosjean et Jean-Pierre Lemaine, Thèse de doctorat d'État, Université de Madras (Inde), 2009.
Franck Venaille, C'est nous les Modernes, Flammarion, 2010.
Bernard Mazo, Nommer le monde, Philippe Delaveau, Revue Texture 2010 (revue-texture.fr)
Ainis Selena, Poetas tarp tylos ir triukšmo Philippe Delaveau poezijoje (Le poète entre le silence et le bruit dans la poésie de Philippe Delaveau). Vilniaus universitetas (Université de Vilnius, Lituanie, 2013)
Bernard Fournier, Les voi(e)x du poème : Philippe Delaveau, Marc Alyn, Claude Ber, Poésie première, 2014.