Peng Dehuai a la réputation d'un homme aux propos francs et directs. Ainsi en 1956, il s'étonnait auprès d'un dirigeant soviétique, Mikoïan, en visite en Chine que le parti communiste soviétique ait attendu si longtemps pour critiquer Staline. Mikoïan lui explique que la moindre critique signifie la mort pour son auteur. Peng Dehuai réplique « Quelle sorte de communiste est-ce-là, qui craint la mort? »[1].
Issu d'une famille de paysans pauvres, Peng reste très sensible au sort misérable de la paysannerie y compris après la prise de pouvoir par le Parti communiste chinois. Il demeure un critique virulent des privilèges de l'élite maoïste. Ayant pris conscience, lors d'une visite dans sa province natale du Hunan, des conséquences désastreuses du Grand Bond en avant, il s'oppose à Mao Zedong, dénonçant l'échec total de la réforme. Mao lui demande de coucher ses critiques par écrit. Il s'appuie ensuite sur ce document pour obtenir la déchéance de Peng, lors d'une conférence du parti à Lushan, en juillet 1959.
Soutenu par l'ensemble du Politburo et du Comité Central, Lin Biao mène, à l'instigation de Mao, une attaque frontale contre Peng. Il est démis de toutes ses fonctions la même année, il doit quitter Zhongnanhai, la résidence des hauts dignitaires du Parti, il est mis en résidence surveillée dans un quartier du Nord de Pékin. Lin Biao le remplace comme ministre de la défense.
Au début des années 1960, Peng retrouve certaines responsabilités dans la défense chinoise, mais les persécutions contre lui reprennent avec le déclenchement de la révolution culturelle, à laquelle il s'était opposé. Arrêté le [2], il tente de se suicider[3]. En janvier et février 1967, il est exhibé et humilié dans les rues de Pékin au cours de diverses manifestations des gardes rouges. Il est ensuite régulièrement soumis à des passages à tabac et des tortures[2].
Au cours de sa détention, Peng Dehuai écrit son autobiographie. Il reste fidèle à sa vision du communisme, qu'il oppose à celle de Mao. Atteint d'un cancer, subissant des mauvais traitements, il est transféré à la fin 1974 dans un hôpital militaire où, sur ordre de Mao, il ne reçoit aucun traitement médical[2]. Il meurt le .
Il n'est réhabilité qu'en septembre 1978, quand la troisième session plénière du comité central du Parti communiste annule sa condamnation et met en avant ses contributions à la révolution.