À la fin de la guerre, il est le dernier Délégué général plénipotentiaire de France au Levant de 1944 à 1946, où il tente en vain de retarder l'accession à l'indépendance de la Syrie et du Liban.
Carrière
Paul Beynet nait le à Châtillon-en-Michaille[3] dans le département de l'Ain, d'un père capitaine d'artillerie[réf. souhaitée].
Au sortir de la guerre, sa progression est rapide : il est promu major en 1927, lieutenant-colonel en 1932, colonel en 1935 puis général de brigade en [3]. Il est présent en Syrie — alors sous mandat français — en 1927[6], et y exerce la charge de chef d'État-Major des troupes du Levant à partir du [6]. Charles de Gaulle est alors un de ses subordonnés[7] : chef de bataillon, il y dirige le Troisième bureau[8].
À cette date le commandement par intérim de la division d'Alger lui est confié jusqu'en , et c'est à ce poste qu'il est nommé général de division en [3].
Mis en section de réserve en , il abandonne Vichy et prend contact avec le colonel Passy, chef du BCRA[8]. Il gagne Londres en avion, où le général de Gaulle le reçoit[13] avec plaisir[8], et s’engage dans les Forces françaises combattantes le [3],[4] — une « prise » majeure pour le dirigeant en exil[14].
Des missions diplomatiques lui sont alors confiées par de Gaulle : il dirige la Mission militaire française à Washington de à . Avec le grade de général d’armée de réserve (), il est Délégué général et plénipotentiaire de France et commandant supérieur des troupes au Levant (-)[3], en remplacement du général Catroux[15].
Au Proche-Orient, l'influence française s'affaiblit rapidement : le Royaume-Uni rivalise avec la France pour le contrôle de la région, et les revendications indépendantistes des deux pays sous mandat français, la Syrie et le Liban, vont croissantes. En , un accord franco-libano-syrien vient alors d'accorder une large autonomie aux autorités locales, en préservant le contrôle par les Français des troupes spéciales[16]. Mais après la libération de Paris, rien ne justifie plus que la France maintienne au Levant des forces militaires.
À la résidence des Pins à Beyrouth, Paul Beynet est chargé par de Gaulle de maintenir pour la France une position privilégiée : celui-ci connait l'expérience de Beynet en Syrie et apprécie les qualités morales et l'absence de fanatisme de ce proche[7]. Mais Beynet a une vision datée de la situation : il perçoit le Proche-Orient comme un pays soumis, dont il méprise les indigènes et leur politique[8]. Rigide, d'un abord difficile[8], le général est d'abord favorablement accueilli[7] mais se trouve vite confronté aux manœuvres de son homologue britannique Edward Spears, qui tente d'évincer les Français, et aux objectifs des dirigeants locaux[15]. Il doit en effet faire face à une opposition indépendantiste croissante : manifestations anti-françaises en , création de la Ligue arabe par la Syrie, le Liban et quatre autres pays en . La question du commandement des troupes spéciales[17] provoque fin mai de violentes émeutes à Beyrouth et à Damas, où le délégué français subordonné à Beynet[18], le général Fernand Olive[Note 3], fait bombarder la ville par l'artillerie et l'aviation pendant trente-six heures[18] sans que Beynet ne s'y oppose[18] ou ne tente d'apaiser le différend[19]. C'est l'intervention de Churchill qui contraint finalement Olive au cessez-le-feu[Note 4],[16]. En répondant militairement à des problèmes politiques, en s'arc-boutant pour retarder une indépendance promise dès la mise en place du mandat, la France a compromis ses chances de conserver une influence dans les affaires syriennes[16].
En , le retrait des troupes françaises est finalement scellé par un accord avec le Royaume-Uni, que Paul Beynet dévoile à Beyrouth[7]. Sous son autorité[7], ce transfert s'achève en en Syrie et à l'automne au Liban[16].
Vie privée
Il épouse Jeanne Julie Dunoyer le 6 janvier 1917 à Annecy. Le couple aura deux enfants[réf. souhaitée].
Bibliographie
Étienne (Paul) Beynet, Déclarations du général d'armée Beynet, délégué général et plénipotentiaire de France au Levant, aux représentants de la presse étrangère, sur les affaires de Syrie, le 9 juin 1945, , 19 p. (lire en ligne)
Général Beynet, Lettre du général Beynet, président de la Délégation française auprès de la Commission allemande d’armistice au général Volg, président de la Commission, n. 2540 ET/S du 29 juin 1942, au sujet du renforcement de la défense de l’AOF, , 59 p. (lire en ligne)
↑Opération qualifiée par de Gaulle de « mise en scène d'avance préparée [par les Anglais] en vue d'infliger à la France une humiliation publique » (Mémoires).
Jacques Vernet, Le réarmement et la réorganisation de l'Armée de terre française, 1943-1946, Service historique de l'armée de terre, , 2410 p. (lire en ligne), Notice biographique n°2 : le général Beynet