Comme Minos n'avait pas tenu son engagement de sacrifier à Poséidon le magnifique taureau blanc qu'il lui avait envoyé en Crète, le dieu par vengeance inspira à Pasiphaé une passion amoureuse pour l'animal. Selon le pseudo-Apollodore (au deuxième siècle de notre ère)[3] :
« Dédale construisit une vache de bois montée sur des roulettes ; l'intérieur était creux, et elle était recouverte d'une peau de bovidé ; il la mit dans le pré où le taureau avait l'habitude de paître, et Pasiphaé y entra. Quand le taureau s'en approcha, il la monta, comme s'il s'agissait d'une vraie vache. La jeune femme mit au monde Astérion, dit le Minotaure : il avait la tête d'un taureau et le corps d'un homme[4]. »
D'après Hygin[5], la divinité offensée aurait été Aphrodite. C'est à la suite de cet épisode que Minos fait construire le Labyrinthe par l'architecte Dédale, où il maintient enfermé le Minotaure (selon une tradition minoritaire rapportée par Diodore, Pasiphaé aide ensuite Dédale et son fils Icare à s'enfuir de l'île en bateau pour échapper à la vengeance de Minos). Dans l’Énéide (VI, 447), Virgile la montre dans les « Champs des Pleurs » lors de la descente aux Enfers d'Énée.
Culte
Πασιφάᾱ est le nom d'une déesse de la lune du Péloponnèse[6].
Pasiphaé était honorée comme une déesse de la divination à Thalame en Laconie (près de Sparte). Pausanias décrit le sanctuaire comme petit, situé près d'un ruisseau clair et flanqué de statues en bronze d'Hélios et de Pasiphaé. Son récit rapproche également Pasiphaé d'Ino et de la déesse lunaire Séléné[réf. nécessaire].
Interprétations
Pasiphaé, « celle qui brille sur tout », est aussi une épiclèse de la lune ; le taureau, selon James George Frazer est un emblème du soleil. À l’origine du mythe, celui-ci perçoit un « mariage du Soleil et de la Lune célébré sous forme de rite solennel par le roi et la reine de Cnossos, qui portaient respectivement le masque d’un taureau et d’une vache. »[7].
Développements ultérieurs
Peinture
Pasiphaé est une des 1 038 femmes représentées dans l'œuvre contemporaine de Judy Chicago, The Dinner Party, exposée au Brooklyn Museum. Cette œuvre se présente sous la forme d'une table triangulaire de 39 convives (13 par côté). Chaque convive étant une femme, figure historique ou mythique. Les noms des 999 autres femmes figurent sur le socle de l'œuvre. Le nom de Pasiphaé figure sur le socle, elle y est associée à la déesse serpent, cinquième convive de l'aile I de la table[8].
1677 : L'un des vers les plus célèbres de la langue française évoque Pasiphaé : il s'agit de celui de Jean Racine qui décrit Phèdre comme : « La fille de Minos et de Pasiphaé » dans sa tragédie homonyme.
2009 : Pasiphaé est reprise au théâtre par le philosophe et dramaturge Fabrice Hadjadj. Voir « Pasiphaé ou comment l'on devient la mère du Minotaure » (Éditions Desclée De Brouwer, Paris).
Luc Bigé, La voie du Héros : les douze travaux d'Hercule, Paris, Les Éditions de Janus, , 313 p. (ISBN978-2-912668-51-6), pp. 143-148
Françoise Frontisi-Ducroux, Dédale. Mythologie de l'artisan en Grèce ancienne, Paris, Maspero, 1975 ; nouvelle édition avec postface inédite de l'auteur, Paris, La Découverte, 2000.
↑(en) Michael Janda, The night sky of the Indo-Europeans, In: Larsson, J., Olander, T., & Jørgensen, A. R. (eds.), Indo-European Interfaces: Integrating Linguistics, Mythology and Archaeology, pp. 149-163. Stockholm: Stockholm University Press, 2024