Le Parti ouvrier (PO), plus tard renommé Parti ouvrier français (POF), est un parti politique socialiste français de la Troisième République, le premier parti marxiste en France, qui a existé de 1882 à 1902.
En 1882, Jules Guesde fonde le « Parti ouvrier »[1] avec Paul Lafargue. En 1888, face au boulangisme, les guesdistes adoptent une fausse neutralité, restant en dehors de l'aventure mais renvoyant dos à dos le boulangisme et la République, tandis qu'ils estiment que la position antiboulangisme est une trahison du socialisme. Les guesdistes ne voient pas en Boulanger un danger mais plutôt une opportunité de déstabilisation du régime pour prendre le pouvoir. Au cours de l'année, les guesdistes sont en croissance dans plusieurs villes de France, et prennent les municipalités de Narbonne et Saint-Etienne lors des élections municipales de mai[2]
En 1893, le Parti ouvrier devient le Parti ouvrier français.
Certains membres du POF, oubliant momentanément l'objectif de la révolution, en viennent à penser que le socialisme est possible par la voie électorale (voir le banquet et le programme de Saint-Mandé le ).
Lors des élections législatives de 1898, Jules Guesde est battu dans le Nord, comme Chauvin dans la Seine. Mais parmi les 40 élus socialistes de toutes tendances, entre 13 et 15 appartiennent au POF :
En 1899, la crise au sein du socialisme provoquée par la participation d'Alexandre Millerand au Gouvernement Waldeck-Rousseau pousse le POF à retourner à sa pureté doctrinale révolutionnaire (manifeste de l'été 1899). Cependant la majorité de ses députés ne le suivent pas, et sont exclus ou quittent le Parti. Claude Willard[4] chiffre à cinq, ceux qui restent en 1900, dont deux « donnent des signes d'abandon ». Selon la plupart des historiens, le parti aurait alors perdu de son influence[5]. Ainsi lors des élections législatives de 1902 (12 députés pour le Parti socialiste de France (PSdF) héritier du POF) il ne retrouve nationalement que les deux tiers des voix obtenues aux élections de 1898[6].
En 1889, les adhérents sont 2 000[7]. En 1893, ils sont 10 000. À son apogée, vers 1898, ils seraient 16 000.
Les électeurs , de 25 000 en 1889, croissent à 160 000 en 1893, puis à 295 000 en 1898, soit à cette date 2,7 % des électeurs inscrits et 40 % des suffrages socialistes.
La sociologie
60 % des adhérents sont des travailleurs industriels (textile, métallurgie, bâtiment). 17 % sont des commerçants (détaillants alimentaires, cabaretiers), 7 % sont des paysans propriétaires (notamment vignerons, horticulteurs).
Claude Willard distinguent trois grandes zones géographiques d'implantation :
« Le Nord industriel de la France » : les départements du Nord, et du Pas-de-Calais, où se trouve la moitié des effectifs du parti, l' Aube.
René Chauvin (1860-1936), coiffeur, député de la Seine (1893-1898), fondateur de la chambre syndicale des ouvriers coiffeurs. En 1914, il quitte la SFIO pour fonder un petit parti ouvrier prônant le retour à la lutte des classes.
↑Daniel Ligou, Histoire du socialisme en France (1871-1961), PUF, 1962, p. 159.
↑Claude Willard, Les guesdistes. Le mouvement socialiste en France (1893-1905), « Le POF en difficulté », p. 465
↑Tous les chiffres livrés ici proviennent de : Claude Willard, Socialisme et communisme français, Armand Colin, 1969, « Le Parti ouvrier français (guesdistes) », p. 51-56.
Voir aussi
Bibliographie
La naissance du Parti ouvrier français : correspondance inédite de Paul Lafargue, Jules Guesde, José Mesa, Paul Brousse, Benoît Malon, Gabriel Deville, Victor Jaclard, Léon Camescasse et Friedrich Engels, réunie par Émile Bottigelli, Paris, Éd. Sociales, 1981.
Claude Willard, Le Mouvement socialiste en France, 1893-1905. Les guesdistes, Éd. sociales, 1965.
Claude Willard, Socialisme et communisme français, coll. U2, Armand Colin, 1969 (2e éd.).
Jean Verlhac, La formation de l’unité socialiste (1898-1905), L’Harmattan, 1997 (réed. d'un mémoire paru en 1947).
Liens externes
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