Cet article concerne le Parti communiste de Pologne de 1918-1938. Pour le Parti communiste de 1942-1948, voir Parti ouvrier polonais. Pour le parti communiste de 1948-1989, voir Parti ouvrier unifié polonais.
Parti communiste de Pologne (pl) Komunistyczna Partia Polski
Le Parti communiste de Pologne (en polonais Komunistyczna Partia Polski, KPP) est un parti politique polonais né le à la suite de la fusion de la SDKPiL et du PPS-gauche. À partir de 1919, il est une section de l'Internationale communiste (Komintern). À l'origine, le parti compte 7 000 adhérents [réf. nécessaire] et jusqu'en 1925 son nom officiel est Parti communiste ouvrier de Pologne (Komunistyczna Partia Robotnicza Polski, KPRP). Ses dirigeants étaient Adolf Warski, Henryk Walecki et Wera Kostrzewa, surnommés « les 3 W ».
Le parti, illégal en Pologne depuis , est dissous en 1938 par le Komintern sous l'accusation de « trotskisme ».
Le mouvement socialiste et social-démocrate polonais jusqu'à l'indépendance de la Pologne (1918)
La naissance du mouvement ouvrier polonais coïncide avec le développement industriel en Pologne dans la 2e moitié du XIXe siècle. De même, la liquidation de la frontière russo-polonaise en 1851 et l'abolition du servage le permirent un développement rapide d'une industrie contrôlée par les Russes. La construction des chemins de fer, les distances étant raccourcies avec les mers Baltique et du Nord, les potentiels en richesses naturelles (principalement les mines de charbon), une force de travail bon marché et un bon niveau d'éducation rendaient la Pologne attractive pour le développement de l'industrie. Les produits polonais étaient ainsi moins chers sur le marché russe que les produits fabriqués en Allemagne ou en République tchèque grâce notamment à la liquidation des frontières. Dans ce cadre s'est développée une classe de travailleurs qui commença rapidement à confronter les capitalistes pour une amélioration de ses conditions économiques. Le besoin se fit très vite dans la création d'organisations professionnelles aux fins de défense économique ainsi que dans la mise en place de partis politiques, dans le but de défendre les intérêts des ouvriers. Le premier fut le parti ouvrier social-révolutionnaire "Proletariat" créé le par Ludwik Waryński. À la suite du démantèlement du parti par les forces tsaristes, de nouveaux partis furent créés, Proletariat II (Marcin Kasprzak et Ludwik Kulczycki) puis Proletariat III (Ludwik Kulczycki). En parallèle au développement de l'intelligentsia polonaise, les idéologies positivistes et socialistes fournirent les terreaux à la création de partis politiques dont la base idéologique est le marxisme.
En 1889, Julian Marchlewski, Jan Leder, Henryk Wilkoszewski furent les principaux fondateurs de l'Union des travailleurs polonais, représentant l'aile gauche du socialisme. En 1892, à Vilnius fut créé l'Union des travailleurs lituaniens, dirigée par Feliks Dzierżyński sur le même modèle.
Il fut donc dès sa création le , dans le contexte de la Révolution russe, opposé au PPS. Son organe de presse était Czerwony sztandar(L'étendard rouge), dont le tirage était estimé de 10 à 30 000[réf. nécessaire]. Pour son soutien à l'Armée rouge, qui selon lui doit « libérer les prolétaires polonais de l'oppression bourgeoise » lors de la guerre russo-polonaise, le parti est rendu illégal. Tout en restant illégal, il adhère à l'Internationale communiste, en .
Programme
Le KPRP milite pour la proclamation d'un État prolétaire, la disparition de l'État polonais (qu'il considère comme provisoire), la nationalisation et la collectivisation des terres, la dissolution de l'Armée polonaise, et le rattachement de la République de Weimar à la Haute-Silésie.
En 1922, le KPRP participe aux premières élections à la Diète de Pologne avec le bloc Związek Proletariatu Miast i Wsi (Union du prolétariat rural et citadin) et obtient deux places (avec moins de 5 % des suffrages).
En 1923, à la suite de l'annexion de l'Ukraine par l'URSS, le parti est rejoint par quelques centaines d'anciens membres du premier Parti communiste d'Ukraine et du Parti communiste biélorusse. Voulant prendre part légalement aux élections de 1922 pour la Diète de Pologne, il prend le nom d'emprunt « Związek Proletariatu Miast i Wsi » (Parti prolétaire rural et citadin), et obtient deux députés (avec moins de 5 % des suffrages).
Lors du IIIe Congrès du KPRP, en , le parti change d'appellation pour devenir Parti communiste polonais (Komunistyczna Partia Polski, KPP) et soutenir Léon Trotski. Il reconnaît également l'existence d'un État polonais souverain, et tente une alliance électorale avec le Parti socialiste polonais (PPS) et le mouvement socialiste juif Bund qui refusent.
En , le KPP décide de soutenir le coup d'État de Józef Piłsudski, par opposition au gouvernement de droite. Piłsudski fera par contre emprisonner certains opposants communistes, dont Władysław Gomułka, Edward Ochab ou Bolesław Bierut. Aux élections parlementaires de 1928, le parti obtient 8 % des voix et sept députés. Le parti compte alors environ 30 000 membres.
En 1932, 60 % des membres du parti sont des « intellectuels », 30 % sont des paysans et ouvriers agricoles, et 10 % seulement des ouvriers. De nombreux cadres étaient juifs. L'élection d'Adolf Hitler en 1933 fera monter chez les communistes polonais un sentiment patriotique anti-allemand.
En 1934, au moment de sa plus grande prospérité, le Parti Communiste Polonais compte environ 10 000 membres.
À partir de 1936, des groupes de communistes polonais participent à la guerre civile espagnole, combattant du côté républicain au sein des Brigades internationales.
En 1942, convaincu de la nécessité d'un nouveau communisme polonais pro-stalinien, Staline fera créer en 1942 le Parti ouvrier polonais qui lui est entièrement subordonné dont plusieurs membres sont des anciens du KPP. Après la guerre, ce parti deviendra en 1948 le Parti ouvrier unifié polonais (Polska Zjednoczona Partia Robotnicza, PZPR).