La montagne se présente comme un pli anticlinal orienté du Nord-Est au Sud-Ouest faisant partie de la dorsale tunisienne. Les précipitations annuelles sont d'environ 450–500 mm au sommet et de 350–400 mm sur les pentes, avec un été presque entièrement sec[2].
Le sommet culminant à 1 250 m présente une forêt intacte, constituée en majorité de chênes vertsQuercus ilex rotundifolia. Les pentes sont couvertes de forêt et de broussailles contenant des pins d'Alep (Pinus halepensis), du genévrier de Phénicie (Juniperus phoenicea), et du genévrier cade (Juniperus oxycedrus oxycedrus), tandis que la partie basse de la montagne, autour de 500 m d'altitude, est couverte d'alfa (Stipa tenacissima)[2] et la plaine alentour, plus dégradée par l'activité humaine, est plantée de cactus[3].
Le parc est créé en grande partie pour préserver ce qui reste sur les pentes de chêne-lièges, d'arbousiers (Arbutus unedo), de bruyère arborescente (Erica arborea) et de myrte commune (Myrtus communis) et la riche faune qu'ils abritent[2].
Le parc contient des grottes, par exemple à Sdir Hajlaet et Kef Halloufa, et des oueds et divers points d'eau, ce qui en fait un habitat propice pour différents types de chauves-souris : une étude a mis en évidence onze types différents présents sur le site[2].
Paléontologie
La partie Nord du parc est située en bordure de la faille de Sbiba[5]. La région est bien située pour étudier la période de transition entre l'âge géologique de l'Albien et celui du Cénomanien. De ce fait, le parc est riche en fossiles : 22 espèces d'ammonites différentes, correspondant à différentes époques géologiques de cette transition, sont mises à jour en une seule étude, en plus du seul reste de serpent marin (élasmosaure) découvert dans une couche stratigraphique de la période de l'Albien, qui se trouve aussi être le premier plésiosaure découvert en Tunisie[6].
Une grande partie du parc est incluse dans une zone militaire fermée au public. En 2015, le groupe Jound al-Khalifa, allié aux organisations terroristes Al-Qaïda puis État islamique[7] s'est retranché dans la montagne et a opéré dans la région[8],[9]. Le groupe est accusé d'avoir causé directement la mort de six soldats lors d'affrontements (dont quatre morts et neuf blessés le , un mort le de la même année[10] et un le [11]) et de deux bergers locaux, les frères Mabrouk et Khelifa Soltani[12],[13] qui sont enlevés puis décapités à un an d'intervalle. Les membres du groupe sont capturés[8],[14] ou éliminés[15],[16] lors d'opérations de ratissage en 2018 puis, après les dernières tensions résiduelles[17], en 2020[18] et 2021[19].
Le parc a souffert d'incendies lors des affrontements entre djihadistes et militaires, en particulier en 2017[20]. La zone minée par les djihadistes continue de faire des blessés parmi les militaires (en 2015[21], 2017[22], 2018[23], 2020[24] et 2021[25],[26]) et les civils quand des habitants viennent récolter l'alfa, du bois ou faire paitre leurs troupeaux (en 2018[27], 2021[28] et 2023[29]).
↑ abc et d(en) Ridha Dalhoumi, Amor Hedfi, Patricia Aissa et Stéphane Aulagnier, « Bats of Jebel Mghilla National Park (central Tunisia): first survey and habitat-related activity », Tropical Zoology, vol. 27, no 2, , p. 53–62 (ISSN0394-6975, DOI10.1080/03946975.2014.936752, lire en ligne, consulté le ).
↑Jean Philip, Jean-Pierre Masse et H. Bessais, « Organisation et évolution sédimentaires d'une marge de plate-forme carbonatée : l'Albien-Cénomanien de Tunisie centrale », Géologie méditerranéenne, vol. 16, no 2, , p. 155–169 (DOI10.3406/geolm.1989.1423, lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Jean-Louis Latil, Étienne Jaillard, Nathalie Bardet et Naser Raisossadat, « The Albian-Cenomanian transition in a shelf-basin transect: Biostratigraphy, sedimentology and paleontology of Jebel Mghila, Central Tunisia », Cretaceous Research(en), vol. 124, , p. 104809 (ISSN0195-6671, DOI10.1016/j.cretres.2021.104809, lire en ligne, consulté le ).