Phrases R : R12 : Extrêmement inflammable. R23 : Toxique par inhalation.
Phrases S : S9 : Conserver le récipient dans un endroit bien ventilé. S16 : Conserver à l’écart de toute flamme ou source d’étincelles - Ne pas fumer. S33 : Éviter l’accumulation de charges électrostatiques. S36 : Porter un vêtement de protection approprié. S45 : En cas d’accident ou de malaise, consulter immédiatement un médecin (si possible, lui montrer l’étiquette).
Code Kemler : 263 : gaz toxique, inflammable Numéro ONU : 2204 : SULFURE DE CARBONYLE Classe : 2.3 Étiquettes : 2.3 : Gaz toxiques (correspond aux groupes désignés par un T majuscule, c'est-à-dire T, TF, TC, TO, TFC et TOC). 2.1 : Gaz inflammables (correspond aux groupes désignés par un F majuscule) ;
L'oxysulfure de carbone ou sulfure de carbonyle, de formule chimique COS, est un gaz incolore, toxique[10] et inflammable, principalement émis dans l'environnement par les sols anoxiques[11], l'océan et l'activité volcanique. Il est également issu indirectement de l'oxydation dans l'atmosphère du sulfure de diméthyle (DMS) et du disulfure de carbone CS2 principalement dégazés depuis l'océan[12]. Il fait partie des ligands soufrés volatils (composés chimiques appartenant au cycle du soufre et interagissant chimiquement avec certains métaux).
Dans notre atmosphère riche en dioxygène ce gaz est rapidement dégradé (photolyse + probables phénomènes catalytiques). Il perd alors ses capacités de gaz réchauffant puisqu'au contraire, les composés issus de cette dégradation forment des aérosols soufrés qui renvoient vers l'espace une partie du rayonnement infrarouge solaire[13] (mais en contribuant secondairement à l'acidification des mers... laquelle, au-delà d'un certain seuil pourrait rétroactivement diminuer la capacité des océans à stocker le CO2 sous forme de CaCO3, c'est-à-dire faire de l'océan une source de dioxyde de carbone, voire de méthane qui accélèrerait le réchauffement).
Une équipe de chimistes danois (Université de Copenhague) et japonais (Institut de technologie de Tokyo) estime que ce gaz a joué durant l'archéen et avant cette période un rôle majeur, puisque :
similaire au rôle joué aujourd'hui par l'ozone stratosphérique, c'est-à-dire protégeant la surface de la Terre des UV solaires.
comme gaz à effet de serre (stable à cette époque car l'atmosphère ne contenait pas d'oxygène), ayant permis que la Terre ne soit pas entièrement gelée avant l'archéen et au début de cette période (sans ce gaz, la température terrestre aurait été 30 % plus basse[14]). Grâce à lui toute l'eau n'a pas gelé sur Terre, ce qui a permis à la biodiversité naissante de mieux se maintenir alors que le Soleil était plus petit et émettait 30 % moins de chaleur que de nos jours.
Néanmoins les bactéries photosynthétiques ont à cette époque peu à peu libéré dans l'atmosphère une grande quantité d'oxygène, lequel a oxydé les composés carbonés et soufrés de l'air. Le soufre rejeté par les volcans au lieu d'être transformé en oxysulfure de carbone s'est alors peu à peu transformé en aérosols sulfatés qui ont considérablement refroidi la planète, conduisant à une Terre boule de neige (glaciation presque totale de la planète, responsable d'une première grande extinction qui s'est étendue sur plusieurs millions d'années, marquant la fin de l'Archéen il y a environ 2,5 milliards d'années)[15].
Propriétés physico-chimiques
C’est un gaz incolore et inflammable, à l’odeur désagréable d'œuf pourri (au-delà d'un certain taux dans l'air, indétectable à faible concentration). Sa molécule de structure linéaire est composée d'un groupe carbonyle lié par une double liaison à un atome de soufre. Le sulfure de carbonyle peut être considéré comme un intermédiaire chimique entre le dioxyde de carbone et le disulfure de carbone, qui sont tous deux isoélectroniques de cette molécule.
L’oxysulfure de carbone est le composé soufré le plus naturellement présent dans l'atmosphère, aujourd’hui présent à environ 0,5 (± 0,05) ppb car continuellement émis par les volcans, les marais et à partir des remontées d’eaux profondes, ce qui en fait un composé important dans le cycle global du soufre.
Des analyses faites dans les carottes de glace de l’Antarctique donnent une image détaillée des fluctuations de teneurs en COS des années 1640 à nos jours, permettant notamment de séparer les origines anthropiques et naturelles.
L’oxysulfure de carbone semble principalement transporté dans la stratosphère où il est oxydé en acide sulfurique.
La première source artificielle de ce gaz est industrielle (fuites de gaz utilisé comme intermédiaire en carbochimie ou perte comme sous-produit de la production de disulfure de carbone), mais d’autres sources importantes existent :
Le total des rejets directs d’oxysulfure de carbone dans l'atmosphère a été estimé à environ 3 millions de tonnes par an, dont un peu moins d’un tiers serait d’origine humaine[17]. C'est aussi une part importante des impuretés soufrées de différents syngas (gaz de synthèse) produit à partir de charbon ou pétrole.
Toxicologie, écotoxicologie
Jusqu’en 1994, la toxicité de ce produit ne semblait pas ou peu avoir fait l’objet d’études publiées. La toxicité aiguë chez l’Homme ou l’Animal était connue pour des concentrations élevées (> 1 000ppm) pouvant provoquer l'effondrement soudain ou entraîner des convulsions et la mort par paralysie respiratoire[17],[18]. Des décès occasionnels avaient été rapportés, pratiquement sans irritation locale ni avertissement olfactif, laissant penser qu’à des doses plus faibles, la toxicité du produit pouvait aussi être importante[18]. 50 % des rats de laboratoires meurent après une exposition à 1 400ppm de COS durant 90 minutes, ou à 3 000ppm durant 9 minutes[18].
Des études sur le modèle animal (animaux de laboratoire) suggèrent également que l'inhalation continue de faibles doses (par exemple, environ 50ppm durant 12 semaines) n'affecte pas les poumons ou le cœur[18].
Il induit une irritation des voies respiratoires et peut dégrader le système nerveux central. Il est toxique par inhalation, avec risque de mort par paralysie respiratoire, à la suite des effets sur le système nerveux central)
Risques d'incendie. L'exposition prolongée au feu des contenants peut induire l'explosion des récipients. La décomposition thermique produit des fumées toxiques et/ou corrosives suivantes en raison du monoxyde de carbone et dioxyde de soufre qu'elles contiennent.
Mélange détonant avec les oxydants forts.
Risque d'inhalation (cf. toxicité ; voir § ci-dessus). Sous forme liquide, gazeuse ou vapeur, il est plus lourd que l'air, et peut s'accumuler dans les creux, caves, égouts ou dans le sol en cas d'accident.
Risque de corrosion (par contact) des Aciers ferritiques (par ex. aciers au carbone) en présence de CO2 et d'humidité[20]. Le contact avec les élastomères suivants n'est pas recommandé : Isobutène - isoprène Buthyl (IIR) ; Nitrile (NBR) ; Chloroprène (CR) ; Éthylène - Propylène (EPDM)[20].
Dans les aliments
Du sulfure de carbonyle a été trouvé dans certains aliments (fromages) et dans les légumes préparés de la famille du chou (naturellement riche en soufre). Des traces de COS sont naturellement présentes dans certaines graines (0,05 à 0,1mg·kg-1).
Ce gaz est utilisé dans le procédé Mond, pour accélerer la carbonylation du nickel. En effet, la pénétration du monoxyde de carbone dans l'alliage métallique de nickel est très lente : l'addition d'oxysulfure de carbone augmente la vitesse de la réaction chimique[21].
Production et synthèse
Il a pour la première fois été décrit en 1841[22] mais a apparemment été mal qualifié, confondu avec un mélange de dioxyde de carbone et de sulfure d'hydrogène.
Carl von Than a le premier (en 1867) caractérisé la substance, formée par réaction du monoxyde de carbone avec du soufre élémentaire. La synthèse en laboratoire implique la réaction de thiocyanate de potassium et d'acide sulfurique. Le gaz qui en résulte contient des quantités importantes de sous-produits et doit être purifié[23] :
KSCN + 2 H2SO4 + H2O → KHSO4 + NH4HSO4 + COS
Notes et références
↑(en) David R. Lide, Handbook of chemistry and physics, Boca Raton, CRC, , 89e éd., 2736 p. (ISBN978-1-4200-6679-1 et 1-4200-6679-X), p. 9-50
↑ abcdef et gEntrée « Carbonyl sulfide » dans la base de données de produits chimiques GESTIS de la IFA (organisme allemand responsable de la sécurité et de la santé au travail) (allemand, anglais), accès le 16 septembre 2009 (JavaScript nécessaire)
↑ a et b« Sulfure de carbonyle » dans la base de données de produits chimiques Reptox de la CSST (organisme québécois responsable de la sécurité et de la santé au travail), consulté le 16 septembre 2009
↑(en) Carl L. Yaws, Handbook of Thermodynamic Diagrams : Organic Compounds C8 to C28, vol. 1, 2 et 3, Huston, Texas, Gulf Pub. Co., , 396 p. (ISBN0-88415-857-8, 0-88415-858-6 et 0-88415-859-4)
↑(en) David R. Lide, Handbook of chemistry and physics, Boca Raton, CRC, , 89e éd., 2736 p. (ISBN978-1-4200-6679-1), p. 10-205
↑Crutzen, P. ; The possible importance of COS for the sulfate layer of the stratosphere ; journal = Geophys. Res. Lett., 1976 ; volume 3 ; pages = 73 à 76. DOI10.1029/GL003i002p00073
↑Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)
↑Ueno Y., et al. (2009) Geological sulfur isotopes indicate elevated OCS in the Archean atmosphere, solving the faint young sun paradox. Proceedings of the National Academy of Sciences. DOI:10.1073/pnas.0903518106. (Résumé)
↑Fiche INIS/CNRS « Étude de l'hydrolyse de l'oxysulfure de carbone et de l'hydrogénation du benzoate de méthyle sur oxydes métalliques; Application à la détermination de leurs propriétés superficielles »
↑ abc et dHazardous Substances Data Bank (1994). MEDLARS Online Information Retrieval System, National Library of Medicine.
↑ abcd et eChemical Summary for Carbonyl sulfide, U.S. Environmental protection Agency. Il y a une coquille sur la ref qui dit "When exposed to humidity or alkalies, decomposes to carbon monoxide and hydrogen sulfide." mais corrige en paragraphe III.C.3 : "hydrolyzed in water to hydrogen sulfide and carbon dioxide."
↑(en) Frank K. Krundwell, Michael S. Moats, Venkoba Ramachandran, Timothy G. Robinson et William G. Davenport, Extractive Metallurgy of Nickel, Cobalt and Platinum Group Metals, Elsevier, , 610 p. (ISBN978-0-08-096809-4, lire en ligne), p. 271-272
(en) M. T. Beck, G. B. Kauffman, « COS and C3S2: The Discovery and Chemistry of Two Important Inorganic Sulfur Compounds », Polyhedron, vol. 4, no 5, , p. 775–781 (DOI10.1016/S0277-5387(00)87025-4)
(en) P. D. N. Svoronos, T. J. Bruno, « Carbonyl sulfide: A review of its chemistry and properties », Industrial & Engineering Chemistry Research, vol. 41, no 22, , p. 5321–5336 (DOI10.1021/ie020365n)