Oskar Maria Graf (né le à Berg et mort le à New York) est un écrivain allemand.
Il écrit à ses débuts sous son vrai nom, Oskar Graf. Puis à partir de 1918, il utilise un pseudonyme dans la presse écrite. Ce n'est que pour les œuvres qu'il juge lui-même comme dignes d'être lues qu'il emploie le nom d'Oskar Maria Graf.
Biographie
Oskar est le neuvième enfant de Max Graf, boulanger, et de Therese, née Heimrath. Il fréquente l'école d'Aufkirchen dans son village natal à partir de 1900. Après la mort de son père en 1906, il devient apprenti dans la boulangerie reprise par son frère Max.
En 1911, il fuit les mauvais traitements que son frère lui inflige et va à Munich dans l'espoir d'y devenir poète. Il y mène une vie bohème avec d'autres et fait des petits boulots, comme postier ou portier d'hôtel, pour assurer sa subsistance. De 1912 à 1913, il vagabonde dans le Tessin et l'Italie du Nord en compagne du peintre Georg Schrimpf, avec lequel il reste ami sa vie durant. Ensemble, ils travaillent un temps pour Karl Gräser dans le village protestant de Monte Verità.
Le , il est enrôlé pour la guerre. En 1915, il sert dans le génie militaire spécialisé dans les chemins de fer sur le front est et plus précisément en province de Prusse-Orientale et en Lituanie. À cette époque, il écrit pour la première fois un article de presse, celui-ci paraît dans le journal Die freie Straße(de). En 1916, il est condamné pour insubordination. Il est interné en hôpital psychiatrique et est relâché par les militaires après avoir fait une grève de la faim de 10 jours.
En 1917, sur proposition de l'artiste Jacob Carlo Holzer, il s'ajoute un second prénom : Maria. Après avoir reçu des plaintes d'un professeur portant le même nom, le journal souhaite qu'il publie sous le nom d'Oskar Graf-Berg.
Le , il se marie à Karoline Bretting. La même année une fille, Annemarie ou plutôt "Annamirl" (1918-2008), naît de cette union. Le couple se sépare toutefois peu après, toujours en 1918. Par la suite, Oskar dit de ce mariage qu'il est « mauvais depuis le début »[1]. Sa fille est par la suite éduquée par sa mère. Le couple ne divorce officiellement qu'en 1944.
Au début de l'année 1918, Oskar Maria Graf est emprisonné pour avoir participé à une grève dans les usines de munitions. Sa participation à la république des conseils de Bavière lui vaut un nouvel emprisonnement en 1919.
Toujours en 1919, il se met en couple avec Mirjam Sachs, une cousine de Nelly Sachs, qui est de confession juive. Ils se marient le .
À partir de 1920, il travaille en tant que dramaturge au théâtre des travailleurs de Die neue Bühne. En 1927, la parution de son autobiographie Wir sind Gefangene (nous sommes des prisonniers), lui permet de vivre de son métier d'écrivain et il abandonne le théâtre.
Le , il commence un exil « volontaire » en allant à Vienne. Ses livres n'étant pas touchés par la censure nazie en 1933, leur lecture est même recommandée, il publie le dans le journal viennois Arbeiter-Zeitung, l'appel suivant demandant à ce que ses ouvrages soient eux aussi brûlés[2] :
« Brûlez-moi ! Après avoir vécu la vie que j'ai vécue et écrit ce que j'ai écrit, j'ai le droit d'exiger que mes livres soient livrés aux flammes et ne se retrouvent pas dans les mains pleines de sang et les cerveaux détraqués des groupes de la mort habillés en brun. Brûlez l'œuvre de l'esprit allemand ! Il est plus ineffaçable que votre infamie ! »
Un an après, en 1934, ses livres seront brûlés lors d'un autodafé spécialement organisé pour lui dans la cour intérieure de l'université de Munich. Ses œuvres sont interdites et on lui retire la nationalité allemande le .
Toutefois, les listes des œuvres bannies, publiées dans les villes universitaires, n'étaient pas toutes identiques. Ainsi à Göttingen, sur la liste du figurent déjà les livres d'Oskar Maria Graf (à l'exception de Wunderbare Menschen et Kalendergeschichten)[3].
En 1938, il s'enfuit de nouveau, cette fois vers les États-Unis en passant par les Pays-Bas. Il s'installe en juillet à New York. En octobre de la même année, il devient président de la German-American Writers Association. Il fonde en 1942 avec d'autres écrivains émigrés allemands, comme Wieland Herzfelde, la maison d'éditionAurora-Verlag à New York à partir des restes de l'ancienne maison Malik-Verlag.
Graf reste attaché à sa contrée natale : la Bavière. En témoigne le fait qu'il se promène continuellement dans les rues de New York habillé d'une Lederhose.
En , il obtient la nationalité américaine. À cause de son pacifisme sans compromis, on raye - sur le formulaire de prestation de serment - la mention concernant le fait qu'il est prêt à défendre son pays l'arme à la main. L'année suivante, il entreprend pour la première fois après la guerre un voyage vers l'Europe.
Le , sa femme Mirjam décède.
En 1960, il reçoit un doctorat d'honneur de l'université de Wayne State de Détroit en reconnaissance de son « intégrité intellectuelle ». Il effectue un nouveau voyage en Europe dans la foulée.
En 1962, il se marie en troisièmes noces avec Gisela Blauner.
En 1964, il se rend pour la troisième fois en Europe et notamment à Berlin-Est et Ouest. Il reçoit de nombreux honneurs par la suite, il devient ainsi membre correspondant de l'Académie des arts de la RDA et reçoit la médaille d'or de la ville de Munich pour son œuvre littéraire.
En 1965, il voyage une dernière fois en Allemagne, en Autriche et en Suisse.
Il meurt en à New York. Un an après son décès, ses cendres sont transférées à Munich, au cimetière Saint-Georges de Bogenhausen (elle se trouve au numéro 42, sur le mur de gauche).
Œuvre
(de) Die Revolutionäre, , poème
(de) Amen und Anfang, , poème
(de) Frühzeit, , souvenir d'enfance
(de) Ua-Pua!, , poème indien avec 30 dessins à la craie de Georg Schrimpf
(de) Maria Uhden, , en hommage à la peintre et graphiste Erinnerungen an die Malerin und Grafikerin
(de) Zur freundlichen Erinnerung, , fable sociale
(de) Bayrisches Lesebücherl, , sur la culture locale
↑Florence Quinche et Antonio Rodriguez, Quelle éthique pour la littérature?: pratiques et déontologies, Labor et Fides, (ISBN978-2-8309-1225-8, lire en ligne), « Ces livres qu'on brûle », p. 171
↑(de) « Ein Heimatdichter in New York », dradio, (lire en ligne, consulté le )
Bibliographie
(de) Rolf Recknagel, Ein Bayer in Amerika, Oskar Maria Graf, Leben und Werk, Berlin, Verlag der Nation,
(de) Gerhard Bauer, Gefangenschaft und Lebenslust : Oskar Maria Graf in seiner Zeit Eine Werk-Biographie, Munich, Süddeutscher Verlag, , 459 p. (ISBN3-7991-6355-7)
(de) Wilfried F. Schoeller, Oskar Maria Graf : Odyssee eines Einzelgängers. Texte : Bilder : Dokumente, Francfort-sur-le-Main, Büchergilde Gutenber, (ISBN3-7632-4383-6)
(de) Volker Weidermann, Das Buch der verbrannten Bücher, Cologne, Verlag Kiepenheuer & Witsch, , 253 p. (ISBN978-3-462-03962-7)
(de) Daniel Winkler, « Utopisches Exil eines rebellischen Patrioten: Oskar Maria Graf und Wien », Mit der Ziehharmonika. Zeitschrift für Literatur des Exils und des Widerstands 16. Jg., Viennes, no 2, , p. 45-50 (ISSN1563-3438)
(de) Georg Bollenbeck, Oskar Maria Graf. Eine Bildmonographie, Reinbek, Rowohlt, , 158 p. (ISBN978-3-499-50337-5)
(de) Hans Dollinger, Das Oskar Maria Graf Lesebuch, List Verlag, (ISBN3-471-77670-2)
(en) Martin Mauthner, German writers in French exile, 1933-1940, London Portland, OR, Vallentine Mitchell in association with the European Jewish Publication Society, , 260 p. (ISBN978-0-85303-540-4)