Le , Faya-Largeau est prise par les bandes rebelles du FROLINAT qui progressent sur plusieurs axes en direction de la capitale tchadienne, N'Djaména. La France décide l’envoi de forces militaires pour soutenir l'armée régulière tchadienne.
L'opération fait suite à l'opération Bison qui se déroula de 1969 à 1972. Dix-huit militaires français perdent la vie durant Tacaud et deux avions Jaguar sont abattus.
Les unités professionnelles françaises dans l'opération
Le , la 11e compagnie d'instruction du 8ème RPIMa devenue compagnie de combat du 6e BIMa de Libreville où elle est prépositionnée depuis est mise en alerte « Guépard » et est déposée sur l'aéroport de N'Djaména. Cette unité composée de parachutistes engagés en n'a que six mois « de paquetage » quand elle arrive au Tchad, elle sera relevée par la 1re compagnie du 8ème RPIMa début , formant un état-major tactique (EMT), sont également envoyées au Tchad. La Marine nationale participe à l'opération avec un avion Breguet Atlantic (chargé de renseigner le commandement sur les mouvements des bandes rebelles) et le Commando Trépel (renforcé d'éléments provenant du Commando Hubert) et du Commando de Penfentenyo, qui seront chargés principalement de la protection de l'aéroport de N'Djaména. L'Armée de l'air engagera huit avions SEPECAT Jaguar dans l'opération, ainsi que plusieurs C-160 Transall.
Déroulement
Durant les combats de N'Djaména entre février et , plus de 10 000 morts civils seront dénombrés. Le général Forest commande alors les forces françaises qui s'interposent entre différentes tendances tchadiennes. Un détachement d'assistance militaire (DAMi) arrive d'abord pour renforcer les personnels de l'infanterie de marine qui sont en séjour d'aide militaire technique (AMT) dans l'armée tchadienne. Durant le mois de , la patrouille d'Alouette III d'Abéché effectuera 32 missions de reconnaissance (cp: cne Saleun) Le 1er escadron du 1er REC à 3 pelotons de combat équipés d'AML 60/90, 1 peloton de commandement et 1 peloton porté (escadron sous les ordres du capitaine Yvanoff), est envoyé le . Il est rejoint par le 2e escadron du Régiment d'infanterie chars de marine (RICM).
Les premiers accrochages, auxquels participe également la 1re batterie du 35e RAP, ont lieu à Salal. Après la mise en fuite de la bande rebelle, le matériel qu'elle a laissé sur place est récupéré. Les 18 et , le 1er régiment d'infanterie tchadien basé à Mongo, encadré par ses instructeurs du DAMi, se porte au secours des gendarmes qui sont encerclés au siège de la gendarmerie tchadienne à Ati.
L'escadron du 1er REC basé à Moussoro se met en route mais ne peut rejoindre la zone des combats. La 3e compagnie du 3e RIMA basée à Mongo aborde Ati et est prise à partie par des feux nourris d'une extrême violence. L’aviation est demandée et les Jaguar interviennent guidés par des Br 1150 Atlantic de la marine. Le lendemain, un demi-peloton du REC arrive sur les lieux pour participer à l’assaut. Le , une seconde attaque des Jaguar entame les défenses des rebelles. Ati est reprise et les rebelles s'enfuient de la ville pour se regrouper à Djedda, 45 km plus au Nord d’où ils tenteront de prendre la ville.
Le , la bataille de Djedda est une initiative française pour neutraliser cette bande importante qui fait peser une grave menace sur la ville-préfecture d'Ati. L'attaque est conduite par le 3e RIMA avec deux compagnies appuyées par un escadron du 1er REC, une batterie du 11e RAMA et une patrouille d'avions Jaguar. Le FROLINAT est déterminé, ouvrant d'abord le feu sur les unités d'assaut françaises puis envoyant un SA-7 et des rafales de kalachnikov et mitrailleuse anti-aérienne sur un Jaguar. Le missile manque sa cible mais l'appareil est abattu par une rafale de mitrailleuse[1]. Il faudra 6 heures d'intenses combats pour que la bataille se termine par une lourde défaite du FROLINAT.
Enfin le , la 7e Cie du 2e REI accroche un rezzou près du village de Géria. Le FROLINAT ne reprendra ses attaques que dix mois plus tard lors de la bataille d'Abéché le à laquelle participeront des éléments 3e régiment d'infanterie de marine, le régiment d'infanterie-chars de marine et le 11e régiment d'artillerie de marine[2]..
Les unités professionnelles françaises se relayent au Tchad jusqu'à mai 1980, date à laquelle l'opération Tacaud prend fin. Cette opération entraîne la décision d'amplifier la professionnalisation de l'armée française, notamment sa composante logistique.
Emmanuel Lebreton, « Le retour d’expérience de l’opération Tacaud : une étude au cœur de la mutation des forces d’intervention françaises », Bulletin de l'Institut Pierre Renouvin, vol. 53, no 2, , p. 145–155 (ISSN1276-8944, DOI10.3917/bipr1.053.0145, lire en ligne).
Stéphane Mantoux, Les guerres du Tchad, Lemme Édition, 2014.
Témoignage du capitaine Yves Cadiou qui commandait la 1re compagnie du 3e RIMa et de plusieurs de ses camarades : reproduction intégrale d'un livre de 150 pages qui inclut 34 photos et plusieurs liens externes relatifs à cette opération, préfacé par le général d'armée Bruno Cuche, CEMAT : [2]