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La revue Esprit n'est pas la terre d'origine d'Olivier Mongin, même s'il l'a lue très tôt[réf. nécessaire] et s'il vient du catholicisme social. Il est un peu décalé par rapport au personnalisme d'Emmanuel Mounier, fondateur en 1932 de la publication, et il n'appartient pas à la très importante génération de militants qui l'avaient portée auparavant (qu'on songe à Jean-Marie Domenach, ancien résistant et militant contre la guerre d'Algérie, directeur après la mort d'Albert Béguin de la revue Esprit de 1957 à 1976). Paulette Mounier, Bertrand d'Astorg, Camille Bourniquel, Louis Dulong, Paul Fraisse, François Goguel, Jean Lacroix et Henri-Irénée Marrou, figures historiques d'Esprit avaient d'ailleurs souhaité se retirer de la revue au moment où Jean-Marie Domenach avait cessé de la diriger. La génération d'Olivier Mongin sera moins « républicaine » que celle qui l'a immédiatement précédée (Paul Thibaud). Il entre à la revue comme secrétaire en 1976, quand Paul Thibaud en prend la direction[3]. La revue lui est une terre d'accueil, dans sa lutte contre le totalitarisme, la redécouverte du libéralisme, l'influence de penseurs comme Ivan Illich, René Girard, et la mise au premier plan intellectuel d'Emmanuel Levinas, de Paul Ricœur et de Claude Lefort.
Olivier Mongin succède à Paul Thibaud fin 1988, époque de transformations importantes avec la chute du mur de Berlin et « l'illusion » de la « fin de l'histoire », illusion qui est vite détrompée par les rapides transformations du monde contemporain.
Penser le monde contemporain
Un point de vue multidisciplinaire
En marge du monde intellectuel académique, déstabilisé par la mise à mal de la figure du professeur, Olivier Mongin peut se servir de son point de vue multidisciplinaire et indépendant pour s’attaquer aux problèmes créées par les ruptures : comment civiliser un monde qui est violent, et qui – contrairement aux croyances des générations précédentes – restera violent ?[Interprétation personnelle ?]
Un thème important est celui de la « Condition urbaine » (un livre porte ce titre, 2005[4]) : la mondialisation n’est pas qu’un phénomène économique, on assiste aussi à une reconfiguration des territoires[5]. Une autre approche de la compréhension du monde tel qu’il est en train de bouger, c’est la prise en compte des « fictions » qui le décrit : dans les romans, sur scènes, et sur les écrans ; c’est la thématique des trois volumes des Passions démocratiques (1991-2002)[6]. C’est aussi une façon de prendre en compte la rupture créée par les nouvelles technologies. Son livre sur les Mutations du paysage intellectuel, Face au Scepticisme (1998), s’attaquait à la mutation du paysage intellectuel à l’heure de la mondialisation et à la nécessaire remise en compte des schémas de pensée.
Une réflexion en cours
Olivier Mongin vient d’une génération anti-totalitaire et portée par des valeurs démocratiques venues de l’histoire culturelle, philosophique et politique européenne. Mais le monde d’aujourd’hui est beaucoup plus grand que l’Europe qui est maintenant décentrée. Les valeurs européennes ne sont pas dévalorisées, mais il faut les penser dans un monde où l’Europe n’est plus le centre du monde.[Interprétation personnelle ?]
Un thème majeur reste celui de la violence[7], dans les villes, dans la politique, dans la création artistique. Olivier Mongin n’a jamais cru à l’éradication de la violence contrairement à des théoriciens de l’individualisme et de la pacification démocratiques. La violence perdure, qu’en fait-on ? Qu’est-ce qu’une « civilisation démocratique » de la violence ? Olivier Mongin a ainsi beaucoup écrit sur le comique[8], car celui-ci le frappe, paradoxalement, par sa violence[9].
Pour lire le monde contemporain, surtout dans la façon dont il est reflété sur nos écrans, il a souvent recours aux techniques d’analyse de la mise en scène telles qu’il les a héritées de deux grands auteurs : André Bazin – le père spirituel de François Truffaut a aussi été le grand critique de la revue Esprit – et Serge Daney, autre esprit indépendant, autodidacte, iconoclaste, le plus grand critique de cinéma de sa génération, mort précocement (1992), et qui était venu à la rencontre d’Esprit. À cette question de Philippe Petit : « Le déficit de mise en scène est donc, selon vous, au cœur du malaise de la représentation de nos sociétés contemporaines », Olivier Mongin répond : « Absolument. On ne manque pas de réel, on ne manque pas d’informations, elles fusent de partout, du plus près au plus lointain. On ne manque pas de spectacle non plus, c’est incontestable, il suffit d’allumer le petit écran pour s’en rendre compte. On manque seulement d’une capacité de mise en scène, c’est-à-dire de recul et de décalage qui nous permettent de mieux saisir corporellement et intellectuellement le monde présent et comment on peut y agir autrement qu’en ravivant des vieux schémas. »[10]
Autres activités
Olivier Mongin a codirigé la collection « La Couleur des Idées » aux Éditions du Seuil de 1985 à 2007. Il a dirigé la collection « Questions de Société » aux Éditions Hachette de 1993 à 1997.
Ancien secrétaire général, puis vice-président du Syndicat de la presse culturelle et scientifique. Ancien secrétaire général du groupement pour les droits des minorités de 1977 à 1982. Membre du conseil d’administration de la chaîne de télévision Sénat. Vice-président de la République des Idées
↑ Voir la trilogie Essai sur les Passions démocratiques : I La peur du Vide, Seuil, 1991 ; II La Violence des Images, Seuil, 1997 ; III Eclats de rire, Seuil, 2002.