Odo Bujwid nait le à Vilnius, alors dans l’Empire russe, de Feliks Bujwid et Berta Bujwidowa, née Dan[1]. Il est l’ainé d’une fratrie de quatre enfants, issue d’une famille noble ruinée[1]. Son père, fonctionnaire du gouvernement, participe à l’insurrection de janvier 1863 et est arrêté[2],[3]. En 1866, persécutée pour les actions du père, la famille déménage à Varsovie, et vit dans des conditions de grande pauvreté[1],[2],[3]. Il étudie à l’école primaire et au collège de Varsovie[2].
En 1872, ses parents meurent et sa famille se trouve dans une situation encore plus précaire[2],[3]. À l’âge de 15 ans, Odo Bujwid doit travailler pour subvenir à ses besoins et ceux de ses deux petites sœurs[2],[3]. Pour ce faire, il donne des cours particuliers[2],[3].
Au lycée, Odo Bujwid s’intéresse à l’œuvre de Ludwig Büchner, un philosophe allemand[4]. Ses lectures l’amènent à rejeter les pratiques religieuses catholiques, sans toutefois abandonner le christianisme[4]. Il adopte un mode de vie aux principes moraux stricts, en hissant le travail sur un piédestal et en méprisant la paresse ou les pertes de temps[4].
En 1873, Kazimierz Klimontowicz, un ami de son père, l’engage pour qu’il donne des cours à sa fille[5]. C’est dans ce contexte qu’il rencontre Kazimiera Klimontowicz, qu’il épouse 15 ans plus tard[5]. Il se lie rapidement d’amitié avec la fillette, plus jeune que lui de 10 ans, et lui transmet ses idées et ses convictions politiques[4]. Kazimiera Klimontowicz applique les préceptes de manière plus extrême encore, en rejetant complètement la religion, ce qui mène à un malentendu spirituel entre eux[4].
Études
Entre 1878 et 1879, Odo Bujwid rejoint la faculté de médecine de l’université de Varsovie[2],[6]. Étudiant sérieux et talentueux, il se spécialise en microbiologie, nouvelle discipline en vogue en ces temps[2].
Odo Bujwid y rencontre Louis-Lazare Zamenhof, futur initiateur de l’espéranto, qui étudie également la médecine[2],[7]. Ils étudient ensemble pendant quatre ans, entre 1881 et 1885[2]. Il est possible qu’ils soient devenus amis et que Louis-Lazare Zamenhof ait aiguisé chez Odo Bujwid un intérêt pour les langues internationales[2].
En 1886, il fonde à Varsovie le premier institut d’inoculation antirabique de Pologne, également le premier institut hors de France[2]. Il y développe les premiers vaccins antirabiques de Pologne[8]. Il organise également des cours de bactériologie pour les médecins polonais[2].
En 1886, il épouse Kazimiera Klimontowicz, qu’il connait depuis longtemps et qui est une féministe et journaliste polonaise[2],[8]. Ils auront ensemble six enfants[8].
Entre 1886 et 1890, il travaille comme assistant à l’université de Varsovie[8]. Il est directeur du laboratoire de bactériologie de Saint-Pétersbourg entre 1890 et 1892, puis de celui d’Odessa entre 1892 et 1893[8]. En 1893, il déménage à Cracovie, alors en Autriche-Hongrie[8]. Il enseigne à l’université Jagellon de Cracovie et y dirige la chaire de bactériologie et d’hygiène jusqu’en 1920, avec une pause durant la Première Guerre mondiale[2],[8]. Il y crée le laboratoire de production de sérums et de vaccins[2].
Il passe tout le reste de sa carrière universitaire à Cracovie, durant laquelle il écrit environ 400 articles scientifiques – dont 200 en bactériologie[3] – en polonais, français, allemand, russe et espéranto[2],[8]. Il voyage fréquemment pour assister à de nombreux congrès scientifiques[2].
Espéranto
Il participe aux affaires sociales de Cracovie, avec une approche active et progressiste, étant rotarien et franc-maçon[2],[8]. Au début des années 1930, il est conseiller du président de Pologne[8]. Il crée l’association d’amitié entre la Pologne et la Yougoslavie[8]. Il s’oppose à la consommation d’alcools et de tabac[8].
↑ abcdefghijklmnopqrstu et v(en) Eugeniusz Kucharz, « Contribution of Dr. Odo Bujwid to the development of esperanto », Comm. Hist. Artis Med., , p. 143-152 (lire en ligne)
↑ abcde et f(en) Katarzyna Talaga et Małgorzata Bulanda, « Odo Bulwid – An eminent polish bacteriologist and professor at the jagiellonian university », Folia Medica Cracoviensia, , p. 15-20 (ISSN0015-5616, lire en ligne)