Il « appartenait tout à la fois à l'armée, aux beaux-arts et à la société parisienne[2]. »
Carrière militaire
Le , Octave Penguilly L'Haridon est admis à l'École polytechnique[3] et rejoint en 1833, en qualité de sous-lieutenant, l'École d'application d'artillerie à Metz. Sorti lieutenant le , il devient capitaine le et commande la 7e batterie du 7e régiment de 1848 à 1852. Rejoignant ensuite l'École polytechnique (1853-1854) en tant qu'inspecteur des études[4], il est nommé, en 1856, conservateur du musée de l'Artillerie, en remplacement de Félicien de Saulcy, admis en retraite[5].
Promu chef d'escadron le , il termine sa carrière militaire en étant nommé, le , au grade de lieutenant-colonel[6]. Atteint par la limite d'âge, il est admis à la retraite d'ancienneté de son grade à compter du [7].
Fonctions de conservateur
Le , il reçoit au Musée de l'artillerie l'empereur Napoléon III pour lui présenter les pièces de canon, arrivées de Rhodes la veille, ainsi que la collection des armes chinoises récemment disposées[9].
La même année, il publie le Catalogue des collections composant le Musée d'artillerie. « Sous ce titre si peu éclatant, le lecteur trouvera un ouvrage qui a coûté d'immenses recherches et qui contient des trésors de savoir, un ouvrage de bénédictin » écrit le Journal des débats en 1863[10].
Napoléon III, admiratif de ce travail, le charge du classement de la collection de Pierrefonds et lui donne le titre honorifique de conservateur de sa collection d'armes[11].
Le , Octave Penguilly L'Haridon est nommé, par décret, conservateur de la collection d'armures de la salle des Preuses, qui avait été complétée par plusieurs envois de l'empereur[12].
Mêlant de front l'arme et les arts, il met à profit ses rapports avec les grands collectionneurs et sa situation auprès de l'empereur pour faire bénéficier le musée de l'Artillerie de dons nombreux et importants[11].
Carrière artistique
Parallèlement à sa carrière militaire d'officier d'artillerie, Octave Penguilly L'Haridon se consacre à sa passion pour le dessin puis la peinture. Alors qu'il est élève à l'École d'application à Metz, il participe en 1834 à l'exposition de la Société des amis des arts où il remporte une médaille. Dans son rapport, le jury est élogieux : « M. L'Haridon a exposé deux dessins qui décèlent dans leur auteur des dispositions remarquables pour la composition ; l'un dans le genre fantaisiste et exécuté à la mine de plomb, est intitulé : Concert de Venise ; l'autre exécuté à la plume, représente l'intérieur d'un corps de garde au XVIe siècle. (…) Si quelque circonstance enlevait M. L'Haridon à la carrière qu'il a embrassée, et lui permettait de se consacrer entièrement au doux commerce des Muses, on serait en droit d'attendre de lui, avant quelques années, des travaux remarquables. Une médaille de 2e classe est décerné à M. L'Haridon[13]. »
La formation artistique de Penguilly L'Haridon débute dès 1835 par des cours de dessin de Nicolas-Toussaint Charlet. Il commence par présenter des dessins au Salon de 1835.
En 1840, L'Artiste, journal de la littérature et des beaux-arts, dresse ce portrait de lui : « un très-remarquable début de dessinateur, une véritable révélation, un nouveau venu qui mérite toutes les sympathies de la critique. Celui-là dessine comme vous ou moi pourrions écrire, si nous avions la main légère, une plume bien taillée, du beau papier glacé sous notre plume, un style sans fin, beaucoup d'idées dans la tête et beaucoup d'amour dans le cœur[14]. »
Il présente ensuite sa première peinture au Salon de 1841 et envoie régulièrement ses œuvres à partir de 1846 jusqu’à sa mort. Il a su se démarquer, notamment grâce à son tableau Combat des Trente (1857, musée des Beaux-Arts de Quimper), œuvre réaliste par la multiplicité des détails. La Bretagne lui inspire des paysages et des évocations historiques qui feront l'objet d'illustration de livres sur cette région, comme Bretagne ancienne et moderne et Bretagne et Vendée.
Il présente au Salon de 1859 un paysage intitulé Les Petites mouettes (1858, musée des Beaux-Arts de Rennes), remarqué par Charles Baudelaire, dont le sujet, la composition et les couleurs prennent leurs distances avec les principes académiques traditionnels. Un peu plus tard, Octave Penguilly L'Haridon choisit de renouveler l'iconographie traditionnelle dans son tableau Les Bergers, conduits par l'étoile, se rendent à Bethléem (1863, Paris, musée d'Orsay). En effet, les bergers sont représentés ici comme des bédouins contemporains accompagnés de leurs chiens, et le lieu saint vers lequel ils se dirigent est en fait une bourgade en plein désert, signalée par une étoile qui la domine.
Le comte Horace de Viel-Castel écrit dans ses Mémoires, à la date du , que « la Princesse Mathilde s'extasie devant les dessins et tableaux du brave commandant Penguilly L'haridon[15]. »
La Maison de l'empereur fait l'acquisition de plusieurs de ses tableaux : Les Binious bretons (1855), Le Combat des Trente (1857), Ronde d'officiers du temps de Charles Quint (1859), Les Petites mouettes (1859), Saint Jérôme (1861), Un tripot (1863), Bergers conduits par l'étoile se rendant à Bethléem (1863), La Leçon d'équitation (1864), Chevalier dictant une lettre à un moine (1865), Protée et ses phoques (1866), L'Enfant prodigue (1868), Côtes de Belleville (1869)[16].
Octave Penguilly L'Haridon, Catalogue des collections composant le Musée d'artillerie, Paris, Charles de Mourgues frères, 1862 (lire en ligne).
Octave Penguilly L'Haridon, Catalogue des collections du Cabinet d'armes de S. M. l'empereur, Paris, Librairie centrale, 1865 (lire en ligne).
Notes et références
↑Actes d'état civil de la Ville de Paris, archives numérisées.
↑Journal des débats politiques et littéraires, , p. 2.
↑Journal des débats politiques et littéraires, , p. 3.
↑Annuaire de l'état militaire de France jusqu'en 1847, puis Annuaire militaire de la République française à compter de 1848, par années successives, BnF (mise en ligne partielle sur Gallica).
↑Mémoires de l'Académie royale de Metz, 1834, pp. 63-64.
↑Jules Janin, « Le Salon de 1840 », L'Artiste, 2e série, Tome V, p. 299.
↑« Lundi 24 juin 1861», in Mémoires du comte Horace de Viel Castel sur le règne de Napoléon III (1851-1864), tome VI, p. 135, 1883.
↑Maison de l'empereur Napoléon III. Musées impériaux et encouragement aux arts : ordonnances de paiement et pièces comptables à l'appui (1852-1870), Archives nationales. Compléments avec la base de données ARCHIM.
↑ a et bBulletin des Lois n°891 de l'année 1862, décret impérial n°13961 en date du .
↑Journal des débats politiques et littéraires, , p. 3.
↑Explication des ouvrages de peinture […] des artistes vivants exposés au Palais des Champs-Élysées le .
↑Explication des ouvrages de peinture […] des artistes vivants, par année d'exposition, sur BnF Gallica[réf. incomplète].
↑« Les Bergers », sur Musée d'Orsay (consulté le )
↑Catalogue des dessins modernes, aquarelles, le tout ayant appartenu à feu M. le Marquis de Chennevières, Directeur Honoraire des Beaux-Arts, 1900, p. 105.
↑ a et bHenri Beraldi, Les graveurs du XIXe siècle : guide de l'amateur d'estampes modernes, 1885, p. 25.
Voir aussi
Bibliographie
: document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.
Béatrice Fontanel, Daniel Wolfromm, Quand les artistes peignaient l’histoire de France, De Vercingétorix à 1918, Paris, Seuil, 2002.
Émile Bellier de La Chavignerie, Dictionnaire général des artistes de l'École française depuis l'origine des arts du dessin jusqu'à nos jours : architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes, tome 2, Paris, Librairie Renouard, 1885, p. 228 (en ligne).
Geneviève Lacambre, Jacqueline de Rohan-Chabot, Le Musée du Luxembourg en 1874, Paris, Éditions des Musées nationaux, 1974, p. 150.