Issu d'une famille corse, Noël Carlotti exerce les fonctions de vicaire puis de prêtre en Indre-et-Loire. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il devient membre du réseau de RésistanceCohors-Asturies spécialisé dans le renseignement. Arrêté en , il est déporté à Neuengamme en juin suivant. Là, il soutient le moral de ses codétenus en devenant l'aumônier officieux du camp. Libéré en , il revient en Touraine où, reprenant son ministère sacerdotal à Esvres, il s'implique dans plusieurs associations du souvenir de la guerre, jusqu'à sa mort survenue le à Tours. Il est inhumé dans son village natal de Pietroso.
Biographie
1900-1939
Noël Carlotti naît le à Pietroso (Haute-Corse mais son père et sa mère meurent respectivement en 1910 et 1913[N 1]. Dès sa jeunesse, il contracte en Corse le paludisme qui le handicape toute sa vie[N 2]. Il est élevé par un des oncles prêtre en Eure-et-Loir. Après des études au petit séminaire Saint-Charles de Chartres, il est ordonnéprêtre à Tours le . Il est nommé vicaire à Fondettes (Indre-et-Loire) la même année[N 3].
Dès le début de la Seconde Guerre mondiale, l'abbé Carlotti est nommé aumônier du 21e régiment de Zouaves en Algérie[N 6]. Il est démobilisé en et revient à Channay-sur-Lathan. Il y reprend son ministère et, en 1943, se voit également adjoindre la cure de Courcelles-de-Touraine[N 7]. C'est dans cette période que les relations deviennent difficiles, voire tendues, avec le maire et la municipalité de Channay[N 7].
Le résistant
Le l'appartenance de Noël Carlotti au réseau de résistanceCohors-Asturies est attestée[N 8]. Carlotti constitue un groupe d'ecclésiastiques résistants et se réserve la mission de collecter des renseignements militaires sur Château-la-Vallière et ses environs[N 9]. Il vient également en aide aux fuyards recherchés par les autorités d'occupation (résistants, aviateurs alliés, évadés des camps, Juifs...)[N 10]. En 1944, sur dénonciation d'un des membres du réseau, Carlotti et une cinquantaine de ses camarades sont arrêtés. Le groupe est décimé mais Carlotti, libéré faute de preuves, reprend immédiatement ses activités[N 11]. Il est arrêté une deuxième fois un peu plus tard mais, comme il est très prudent, les preuves manquent toujours et il est à nouveau libéré[N 12].
Le déporté
Les précautions que prend Noël Carlotti pour dissimuler ses activités de résistant ne sont pourtant pas suffisantes. Il est arrêté une troisième fois à la sortie d'une messe, le [N 12]. Il est transféré dans les locaux de la Gestapo à Tours où il est interrogé et torturé pendant plusieurs jours[N 13]. Il est ensuite conduit à la prison de Tours[N 14]. Le , il part pour le camp de transit de Royallieu à Compiègne[N 15].
Le , c'est le départ de son convoi pour le camp de camp de concentration de Neuengamme où il arrive trois jours plus tard[N 16]. Il est enrôlé dans le kommando qui travaille à l'usine Hermann Göring de Watenstedt[N 17]. Bien que la pratique religieuse soit interdite dans les camps, Carlotti arrive, avec la complicité ou tout au moins le silence de certains gardiens, à se fournir en hosties et il devient de fait l'aumônier du camp. Il est un grand soutien moral pour ses codétenus[N 18]. Le camp est évacué début mais Carlotti ne revient en France que fin mai[N 19].
1945-1966
Noël Carlotti ne reste que peu de temps à Channay ; il part se reposer à Pietroso[N 20]. Le , il est affecté à Esvres où il remplace le curé Georges Lhermitte, résistant lui aussi et mort en déportation[N 21]. Il est président de la commission départementale d'épuration et s'engage auprès de nombreuses associations d'anciens combattants et déportés[N 22].
Affaibli par le paludisme dont il souffre toujours et durablement marqué par les privations des camps, sa santé décline. Il est brièvement hospitalisé en 1964 et meurt à Tours le [N 26]. Une messe solennelle est célébrée à sa mémoire le en l'église Saint-Louis des Invalides et il est inhumé à Pietroso le [2],[3].
Différents lieux de mémoire sont consacrés à Noël Carlotti. À Esvres, une rue porte son nom et une stèle à son effigie est placée à l'entrée de l'église. À Fondettes, une rue porte son nom. À Pietroso, la place de l'église s'appelle place Noël-Carlotti. À Tours, une avenue du campus de Grandmont rappelle sa mémoire[N 28].
Annexes
Bibliographie
Chantal Ciret, « Le chanoine Nöel Carlotti (1900-1966) », Résistances en Touraine, no 6, .
Virginie Nicolas, Biographie du chanoine Carlotti (1900-1966) : mémoire de maîtrise en histoire, Tours, Université François-Rabelais, , 196 p.
LImore Yagil, Le sauvetage des Juifs dans l'Indre-et-Loire, Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe, et Loire-Inférieure, 1940-1944, Geste éditions, 2014.
Témoignage par lui-même de l'abbé Carlotti , dans le cadre d'une série de témoignage émis en 1964. "1940-1944 : La Résistance, témoignages et documents pour servir l'histoire" .19/29 : Visages de la Résistance : L'Aumonier de Neuengamme (1ère diffusion : 28/06/1964) . Rediffusion de ce témoignage direct de Noël Carlotti avec une fiction radiophonique sur France-Culture, dans la nuit du Le 16/06/2021.
Notes et références
Biographie du chanoine Carlotti (1900-1966), Université François-Rabelais, 2002 :