Nicolau dos Reis Lobato (né le à Soibada dans ce qui était alors le Timor portugais, et mort le à Turiscai dans la province du Timor Timur), est un homme politique et premier ministre du Timor oriental du 28 novembre au . Il est considéré aujourd'hui comme un héros national.
Biographie
Origines et famille
Certaines sources placent la date de naissance de Nicolau Lobato au à Bazartete[1], mais une biographie plus détaillée du FRETILIN[Note 1] l'inscrit le au mont Aïtara(de) à Soibada(en)[2].
Nicolau Lobato est le fils de Narciso Manuel Lobato de Leorema(de) (Bazartete(en)) et de Felismina Alves Lobato de Macadique(de) (Uato-Lari(de)). Alors que son père meurt le , sa mère est tuée sur le mont Maubere(de) à Laclubar(de) en juillet 1979. Le grand-père maternel de Lobato, Domingos da Costa Alves, était un catéchiste à Uato-Lari[2].
Nicolau Lobato avait douze frères et sœurs, Rogério Lobato, António Bosco Lobato, Maria Cesaltina Francisca Alves Lobato, Märzio do Carmo Alves Lobato, Domingos Cassiano Maria da Silva Lobato, Luis Francisco de Assunção Alves Lobato, Silvestre Lobato, Madalena de Canossa Alves Lobato, Elga Maria do Rosário Alves Lobato, José Bernardo Alves Lobato, Silvestre Agostinho Alves Lobato et Elisa Maria Lobato, dont aucun n'est encore en vie[2].
Son frère José meurt lors de la lutte contre l'UDT. Enfin, Domingos est président de l'organisation étudiante UNETIM du FRETILIN et trouve la mort lors du massacre de Wedauberek(de).
En 1966, Lobato débute son service militaire dans l'armée portugaise et en sort sous-officier et meilleur de sa promotion qui incluait João Viegas Carrascalão(en) et Moisés da Costa Pereira Sarmento[Note 2]. Il devient ensuite quartier-maître dans l'armée à Bazartete et rejoint le 15e compagnie Jaeger à Caicoli(de). Sur place, Lobato rencontre le sergent Timane en provenance de Nampula dans l'Afrique orientale portugaise qui lui parle du mouvement indépendantiste mozambicain. À la fin de son service militaire en 1968, Lobato devient fonctionnaire de la mission agricole du Timor portugais. Avec cette fonction, il entre en contact avec un sympathisant cap-verdien nommé Marcelino du PAIGC[Note 3]. Lobato débute alors à se documenter sur la lutte d'indépendance des colonies africaine de l'Empire colonial portugais. Recevant une promotion, il entre au département du Trésor où il s'occupe des salaires des fonctionnaires de l'administration coloniale[2].
Indépendance et invasion
Après la chute de la dictature portugaise lors de la révolution des Œillets en 1974, des partis politiques sont créés au Timor. Lobato devient alors cofondateur du FRETILIN et devient son vice-président le . Afin de s'impliquer davantage dans le parti, Lobato quitte son poste de fonctionnaire. Alors que le FRETILIN se place en position avantageuse pour prendre le pouvoir en cas d'indépendance, l'UDT, un parti politique qui milite pour le maintien d'une association avec le Portugal, tente un coup d'État en août 1975 et conduit le pays dans une situation de guerre civile(de)[6],[7]. Tentant de trouver une solution politique au conflit en permettant au Portugal de reprendre le contrôle dans sa colonie, il parvient à affirmer la supériorité du FRETILIN sur l'UDT[8]. Face à la menace d'annexion par l'Indonésie, le FRETILIN proclame l'indépendance de la première république démocratique du Timor oriental le . Le chef du FRETILIN, Francisco Xavier do Amaral, devient alors président et Lobato premier ministre[9]. Leur gouvernement est de courte durée en raison de l'invasion indonésienne qui débute le . Lobato est alors forcé de fuir la capitale Dili avec les membres du comité central du FRETILIN[10].
Occupation et décès
Lobato devient officiellement président de la République le . Le , le groupe quitte les montagnes près de Dili pour se rendre vers le village d'Aissirimou(de) dans la municipalité d'Aileu. Sur place, Lobato appelle à une résistance armée générale. Les officiers portugais encore en place se retrouvent donc obligés de livrer les soldats coloniaux aux forces du FALINTIL. Dès ce moment, Lobato assume donc des fonctions politiques et militaires de la résistance. S'amorce alors une guérilla et Lobato devient commandant militaire des Forces de libération nationales du Timor Leste (FALINTIL), aile militaire du FRETILIN, à partir de . De au , il est président du FRETILIN. Amaral est alors exclu du FRETILIN en raison d'un désaccord sur les actions à entreprendre contre l'occupation indonésienne[11].
Le dernier jour de décembre 1978, Lobato est pris en embuscade par les forces spéciales indonésiennes dirigées par le lieutenant Prabowo Subianto[12] (qui devient plus tard le gendre du président Soeharto). Des sources rapportent que Lobato se suicide avec sa dernière balle en s'exclamant « ma dernière balle est ma victoire » ((pt) A minha última bala ea minha vitória)[13], alors que d'autres prétendent qu'il est tué d'une balle dans l'estomac par les forces indonésiennes[14].
Dépouille
Alors que la dépouille de Lobato est amenée à Dili par le colonel Dading Kalbuadi(en), chef de l'armée indonésienne au Timor, afin de faire une célébration de la victoire, le lieu de son inhumation demeure inconnu. En décembre 2003, des ouvriers d'un bâtiment qu'occupait le premier ministre Marí Alkatiri découvrent des ossements dans le cour. De ces restes manque la tête, or celle de Lobato aurait été envoyée au président indonésien Suharto qui voulait recevoir la preuve de la mort du chef timorais. En mars 2004, la famille Lobato remet quelques ossements à un laboratoire de Darwin pour effectuer un examen d'identité. Cependant, ceux-ci sont oubliés au centre médico-légal de la police du Territoire du Nord pendant plus de cinq ans. Après que les analyses soient finalement réalisées, il s'avère qu'il ne s'agit pas de restes appartenant à Nicolau Lobato. En août 2018, le gouvernement du Timor oriental renouvelle une demande officielle de restitution des restes de Lobato et d'autres combattants de la liberté au gouvernement indonésien[3],[14],[15].
↑(en) Peter Alford, « Resistance-era president of East Timor, Francisco Xavier do Amaral, dies in Dili, aged 74 », The Australian, (lire en ligne [archive du ], consulté le )