Nicolas Fontaine, né à Paris en 1625, mort à Melun le , écrivain et théologien français.
Biographie
À l'âge de douze ans, il perdit son père qui était maître d'écriture.
Le P. Jean Grisel (1601 – 1657), un jésuite qui était de sa famille, voulant s'occuper de son avenir conçut le projet de le faire entrer dans la maison du cardinal de Richelieu et introduisit le jeune Nicolas dans le monde. Cependant, ce dernier se prêta peu aux vues de son bienfaiteur et envisagea même un temps de devenir jésuite, projet auquel il renonça finalement.
La mère de Nicolas connaissant le P. Jacques Hillerin, curé de St-Merry, lui présenta son fils. Ce dernier le prit chez lui, et lui fit étudier l'Écriture sainte et les Pères de l'Église, puis le mit en relation avec Arnauld d'Andilly et les autres solitaires de Port-Royal. En 1645, alors qu'il devait se retirer dans un petit prieuré dans le Poitou, le P. Hillerin résolut de le confier à ses amis de Port-Royal.
Son entrée à Port-Royal décida du sort de sa vie : Nicolas, âgé alors de vingt ans, se retrouva engagé dans un parti nettement opposé à celui auquel l'aurait attaché son premier vœu.
Il y occupa divers emplois, soit au service des solitaires, soit à surveiller les études des quelques jeunes gens, soit à copier les écrits des solitaires et à servir de secrétaire à Antoine Arnauld qu'il accompagna dans sa fuite lorsque ce dernier fut exclu de la Sorbonne en 1656.
À l'occasion de la publication des commentaires de St Jean Chrysostome, N. Fontaine se trouva accusé d'y avoir renouvelé l'hérésie de Nestorius. Deux jésuites, les P. Daniel et Rivière, jésuites, ouvrirent les hostilités. Le P. Quesnel, janséniste, leur répondit sans que cela mit fin à la polémique. Après avoir gardé le silence, N. Fontaine se décida à écrire à M. de Harlay, archevêque de Paris. Quoique dans sa lettre il offrait sa rétractation sur tout ce qu'on croirait répréhensible dans sa traduction, cela n'empêcha pas M. de Harlay de condamner l'ouvrage. On continua, dans différents écrits, d'accuser Fontaine. Parut alors sous son nom un "Avertissement de l'auteur de la traduction des Homélies de S. Chrysostome sur quelques passages des homélies sur l'Épître aux Hébreux" dans lequel l'auteur (la paternité à N. Fontaine est contestée), soutint qu'il avait traduit fidèlement S. Chrysostome, et entreprit de prouver que plusieurs Pères s'étaient exprimés de même que ce saint docteur. En tout cas, il est certain qu'il persista dans sa rétractation et le plus humble désaveu de tout ce qu'on pourrait trouver de répréhensible dans son livre.
Œuvres
Ses œuvres et ses traductions, publiées soit sous son nom ou de manière anonyme voire pseudonyme - ce qui peut poser des problèmes pour l'authentification -sont nombreuses (voir le catalogue de la BNF). Il a laissé, entre autres ouvrages :
Bible
Histoire du vieux et du nouveau testament représentés par des figures et des explications édifiantes tirées des saints Pères, pour régler les mœurs dans toutes sortes de conditions, 1669, ouvrage connu sous le nom de Bible de Royaumont et attribué à Isaac Lemaistre de Sacy
Le Psautier traduit en français avec de courtes notes tirées de S.Augustin, Paris, 1674 (notes en latin) et 1676 (notes en français).
Explications du Nouveau-Testament, tirées de S. Augustin et des autres Pères latins, Paris, 1675.
Les huit Béatitudes, Paris , 1689 (?).
Vies des Saints de l'Ancien Testament, 1685.
Traduction des Soliloques sur le psaume 118, Paris 1686
Pères de l'Église
Abrégé de S. Jean Chrysostome, sur le Nouveau-Testament, et sur l'Ancien-Testament, Paris, 1670 (L'ouvrage est signé "Marsilly", mais l'attribution à Fontaine est contestée : l'auteur pourrait être un certain chanoine Prévost, de Melun).
Traduction des homélies de S. Chrysostome, sur les épîtres de S. Paul,
Sermons choisis de St Jean Chrysostome, 1690
Traduction des Conférences et des Institutions de St Jean Cassien, sous le nom du Sieur de Saligny, Paris 1663 et 1667
Sermons choisis de St Jean Chrysostome : Tome premier
Œuvres de St Clément d'Alexandrie traduites du grec, avec les opuscules de plusieurs autres Pères grecs : Un volume (Clément d'Alexandrie, Nil (Evagre), Hyperechios, Proclus de Constantinople, Athanase d'Alexandrie, Jean Chrysostome, Léon le Sage et "Auteurs divers")
Sermons de St Grégoire de Nazianze, 1693 : Tome 1 et Tome 2
Conférences de St Jean Cassien (sous le pseudonyme du "Sieur de Saligny") 4° édition, 1687 : Tome 1 et Tome 2
Les Institutions cénobitiques de St Jean Cassien (sous le pseudonyme du "Sieur de Saligny"), 1667 : un seul volume
La vie des saints pour tous les jours de l'année : Tome 3 ; Tome 4
Bibliographie
Ruth B. Bottigheimer: Eine jansenistische Kinderbibel: "L'Histoire du Vieux et de Nouveau Testament" (1670 et sequ.) des Port-Royalisten Nicolas Fontaine, en Hartmut Lehmann, Heinz Schilling, Hans-Jürgen Schrader, éd.: Jansenismus, Quietismus, Pietismus. Arbeiten zur Geschichte des Pietismus, 42. Im Autrag der Historischen Kommission zur Erforschung des Pietismus. Vandenhoeck & Ruprecht, Göttingen 2002 (ISBN3525558260) (en allemand)
Jean Mesnard, « Le Maistre de Sacy et son secrétaire Fontaine », Chroniques de Port-Royal, 33, 1984, Isaac-Louis Le Maistre de Sacy (1613-1684), p. 5-18.
René Taveneaux, « Nicolas Fontaine et la contemplation chrétienne du monde », dans Brigitte Maillard (dir.), Foi, Fidélité,Amitiéen Europe à la période moderne: mélanges offerts à Robert Sauzet, Tours, Presses universitaires François-Rabelais, 1995, p. 441-450. Numérisé.
Biographie universelle ancienne et moderne, par Michaud, tome 15 (Fl-Fr), 1816, p 177