Par contrat du à Paris[2], il épouse Claude Louise Le Noir (1744-1801), fille de Louis Samuel Le Noir, riche financier, payeur des rentes de l'hôtel de ville, et Claude Panier.
Puis, de 1776 à 1784, il est intendant général à Bordeaux[4],[5]. Il y protège les arts et les lettres, favorise le développement du Musée, crée un jardin botanique. Il devient membre de l'Académie de Bordeaux en 1780.
Il a des projets d'urbanisme visionnaires pour Bordeaux[6]. En 1781, pour continuer l'œuvre de Tourny, il veut faire détruire le château Trompette et le remplacer par une grande place[7]. Il obtient du roi, le , les lettres patentes décidant la destruction du château. Mais son départ de Bordeaux, puis la Révolution, retardent les travaux. Le château Trompette, dont l'emplacement deviendra l'esplanade des Quinconces, ne sera rasé que sous la Restauration.
Il a également le projet de construire un canal ceinturant la ville à l'ouest, à la place de zones marécageuses. Ce canal ne vit jamais le jour et ce sont les grands boulevards qui furent établis à cet endroit.
La question des minorités religieuses, "pétition pour la nation juive" (1788)
Nommé en 1785 Conseiller d’État au Comité des Contentieux ainsi qu'au Bureau des Affaires Ecclésiastiques, Nicolas Dupré de Saint Maur souhaite voir évoluer la situation des minorités protestante et juive. En tant qu'intendant de Guyenne, il avait développé des relations privilégiées avec la famille Gradis au sein de la communauté juive de Bordeaux. En 1788, il contribue avec Samuel Gradis, Lacretelle, Roederer et Target au "rapport Malesherbes" sur la situation des juifs. Une commission formée de huit notables juifs de France est chargée d'exposer les souhaits des différentes communautés alsacienne, lorraine, du midi, du sud-ouest... A rebours de ceux, juifs ou non, qui mettaient l'accent sur les disparités entre les communautés, Nicolas Dupré de Saint Maur plaide pour un statut universel[8] et l'alignement des droits des juifs de l'est de la France sur ceux des autres "régnicoles" (habitants du Royaume) : "il n'y a pas une grande disparité entre ces juifs [de Bordeaux], écrivait-il en 1788, et ceux d'Alsace, les uns et les autres sont également des hommes[9]."
Les juifs séfarades envisagent défavorablement la perspective d'une dilution de leur communauté dans un ensemble plus large où les askhénazes seraient majoritaires. Néanmoins, c'est la vision universaliste défendue en 1788 par Dupré de Saint-Maur qui l'emporte sous la monarchie constitutionnelle.
Il est l'auteur d'un certain nombre d'écrits liés à ses fonctions d'intendant.
Essai sur les avantages du rétablissement de la culture du tabac en Guyenne, 1781, in 4°.
Mémoire relatif à quelques projets intéressants pour la ville de Bordeaux, lu par M. Dupré de Saint-Maur... directeur de l'Académie des sciences de Bordeaux, à la séance publique du 7 mars 1782, Bordeaux, impr. M. Racle, , ill. (3 pl.), 80, in 4° (lire en ligne).
Mémoire sur la décadence du commerce de Bayonne et Saint-Jean-de-Luz, et sur les moyens de le rétablir, Bordeaux, 1782, in 4°.
Mémoire important sur l'administration des corvées dans la généralité de Guyenne, et observations sur les remontrances du Parlement de Bordeaux du , Bordeaux, 1784, in 4°.
Lettre d'un subdélégué de la généralité de Guyenne, à M. le duc de ... relativement aux corvées, Paris, 1784, in 4°.
Bibliographie
Julien Vasquez, Nicolas Dupré de Saint-Maur ou le dernier grand intendant de Guyenne, Bordeaux, Fédération historique du Sud-Ouest, 2008, 393 p., ill. (ISBN9782854080667)
Michel Suffran, Le rêve est une seconde ville. Trois urbanistes et visionnaires bordelais : Dupré de Saint-Maur, XVIIIe siècle, Léo Drouyn, XIXe siècle, Cyprien Alfred-Duprat, XXe siècle, Bordeaux, Les Dossiers d'Aquitaine, 1997, 187 p., ill. (ISBN2-905212-40-3)
Notes et références
↑Pierre Julien, « L'Homère, le Virgile et le Cicéron de la pomme de terre. », Revue d'histoire de la pharmacie, vol. 84e année, no 310, , page 285 (lire en ligne, consulté le ).
↑M Bedeneau, O. Nougarède et A. Cabanettes, « Histoire et sylviculture aujourd'hui : l'exemple des taillis de la forêt de Lamotte-Beuvron en Sologne. », Norois, no 153, , page 62 (DOI10.3406/noroi.1992.6406, lire en ligne, consulté le ).
↑Johel Coutura, « Le Musée de Bordeaux. », dans Johel Coutura et al., Dix-huitième Siècle : La franc-maçonnerie, vol. 19, (DOI10.3406/dhs.1987.1641, lire en ligne), pages 150 et 151.
↑Louis Desgraves, « Chronique du Bordelais en Bazadais (publications de 1936 à 1948) . », Annales du Midi : revue archéologique, historique et philologique de la France méridionale, vol. Tome 65, no 22, , page 231 (lire en ligne, consulté le ).
↑Christian Taillard, « De l'Ancien Régime à la Révolution : l'histoire exemplaire des projets d'aménagement du Château Trompette à Bordeaux. », Revue de l'Art, no 83, , page 76 (DOI10.3406/rvart.1989.347762, lire en ligne, consulté le ).
↑Archives Nationales de France 181 AQ 147, volume 70, lettre de Dupré de Saint-Maur à Gradis : pétition pour la nation juive, 1788.
↑Julien Vasquez, Nicolas Dupré de Saint-Maur ou Le dernier grand intendant de Guyenne, Bordeaux, Fédération Historique du Sud-Ouest, , 393 p. (ISBN9782854080667), p. 331