En 1680, il peint un petit tableau : Narcisse se mirant dans l'eau, d’un style très différent de ce qu'il produira plus tard. En 1682, il envoya en France Jésus Christ chassant les marchands du Temple, Jésus Christ guérissant les deux aveugles de Jéricho, Le Christ et la Femme adultère et La Madeleine devant le Christ. Ces œuvres dans la continuité de Poussin lui vaudront d’être admis, en 1686, à l’Académie de Saint-Luc de Rome qu'il fréquente jusqu'en 1689. Il entreprit le voyage de Rome.
En 1684, il devient membre de la congrégation des Virtuosi al Pantheon qui regroupait les artistes et érudits les plus célèbres de ce temps. Il entretenait de solides liens avec la communauté française de Rome et gardait un contact étroit avec ses commanditaires en France.
Rentré, pour des raisons que l'on ignore, en France entre Pâques 1691 et 1693, il est agréé, le , à l'Académie royale de peinture, présenté par Pierre Mignard avec lequel il se lia d'amitié. Le , il fut reçu avec les Amours de Mars et de Rhéa comme morceau de réception.
Il a peint quantité de portraits historiés. Il a aussi composé une Sainte Cécile. Le palais de Sanssouci conserve également un de ses tableaux, qui se distinguent par la grande précision de son trait, la finesse de sa gamme colorée lumineuse, ainsi qu'une savante observation des règles de la perspective. Ses bleus profonds donnent un rendu de porcelaine dans l'esprit de Giovanni Battista Salvi. Excellent paysagiste, il ornait ses fonds d'architecture.
Peu indulgent pour les ouvrages de ses confrères, il avait la vanité de se croire égal à Raphaël et au Poussin[7], et il ne craignait pas de critiquer les ouvrages les plus corrects[2]. Il en voulait surtout aux copistes de profession, qu’il comparait à des eunuques parce que, disait-il, « les uns et les autres sont également incapables d’aucune production[2] ». Ce ton critique lui fit peu d’amis, aussi, il se vit jugé à son tour avec sévérité de son vivant ; on ne faisait pas de grâces à ses ouvrages, on trouvait que son ton de couleur était trop dur, et que ses têtes, très communes, se ressemblaient toutes[2]. Il ne manquait pourtant pas de génie, son dessin est correct, ses compositions sont riches, accompagnées de beaux fonds d’architecture qu’il entendait bien, de même que la perspective[2]. Il ne manquait pas non plus d’humour : le fils parvenu d’un maréchal-ferrant lui ayant demandé de peindre un plafond, il affecta de prendre pour sujet la Chute de Phaëton où les chevaux renversés montraient tous les fers de leurs pieds. Modérément goûté du maître de maison, le projet resta à l'état d’esquisse[8].
Dezallier d’Argenville écrit en 1752 : « Ses dessins sont très terminés, surtout ses études d'après l'antique ; elles sont faites sur du papier bleu, au crayon de pierre noire relevé de blanc de craye : les hachures en sont si fines qu'elles paraissent estompées, avec un trait très délié et un crayon peu moelleux[9]. »
Hommages
Une rue de Sotteville-lès-Rouen porte son nom. Son portrait se trouve dans la collection de la Bibliothèque de Rouen[1].
Saint Hyacinthe sauvant la statue de la Vierge des ennemis, pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier beige foncé. H. 0,361 ; L. 0,257 m[10]. Ce dessin est une étude préparatoire pour sa toile illustrant le même sujet (Paris, Louvre). Il représente l'ensemble de la scène où domine Hyacinthe entouré de religieux agenouillés dans un paysage esquissé à l'arrière plan. On relève peu de changements par rapport à la version finale[11].
1699 : La Course d'Hippomène et Atalante, Psyché abandonnée par l'Amour, Portrait d'une femme sous les traits de Diane revenant de la chasse.
1704 : Fabius Maximus.
Expositions
« Nicolas Colombel, l'idéal et la grâce », musée des beaux-arts de Rouen, du 9 novembre 2012 jusqu'au 24 février 2013, commissaires de l'exposition : Karen Chastagnol et Diederik Bakhuÿs, conservateur du musée.
Notes et références
↑ ab et cThéodore-Éloi Lebreton, Biographie rouennaise : recueil de notices biographiques et bibliographiques sur les personnages célèbres nés à Rouen qui se sont rendus célèbres ou qui se sont distingués à des titres différents, Rouen, A. Le Brument, , 360 p. (OCLC31033533, lire en ligne), p. 87.
↑ abcd et eLouis-Abel de Bonafous de Fontenay, Dictionnaire des artistes : notice historique et raisonnée des architectes, peintres, graveurs, sculpteurs, musiciens, acteurs & danseurs ; imprimeurs, horlogers & méchaniciens, t. 1, Paris, Vincent, , 772 p., in-8° (OCLC64975677, lire en ligne), p. 396.
↑Auguste Jal, Dictionnaire critique de biographie et d’histoire : errata et supplément pour tous les dictionnaires historiques d’après des documents authentiques inédits, Paris, Henri Plon, , 2e éd., 1357 p. (lire en ligne), p. 1129.
↑Selon l’abbé de Fontenai, il se serait sans doute plus distingué dans son art, s’il n’avait pas marché si scrupuleusement sur les traces de ces deux peintres.
↑Pierre-Jean-Baptiste Nougaret et Nicolas Thomas Leprince, Anecdotes des beaux-arts : contenant tout ce que la peinture, la sculpture, la gravure, l’architecture, la littérature, la musique, & c. & la vie des artistes, offrent de plus curieux & de plus piquant, chez tous les peuples du mode, depuis l’origine de ces différens arts, jusqu’à nos jours…, Paris, J.-F. Bastien, , 718 p. (lire en ligne), p. 176.
↑Antoine Joseph Dezallier d'Argenville, Abrégé de la vie des plus fameux peintres, avec leurs portraits gravés en taille-douce, les indications de leurs principaux ouvrages, quelques réflexions sur leurs caractères, et la manière de connoître les desseins des grands maîtres Par M*** de l'Académie royale de Montpellier (3 volumes, 1745-1752). Nouvelle édition, revue et corrigée et augmentée de la vie de plusieurs peintres, 4 vol., 1762.
↑Sous la direction d’Emmanuelle Brugerolles, De Poussin à Fragonard : hommage à Mathias Polakovits, Carnets d’études 26, Beaux-arts de Paris éditions, 2013, p. 86-88, Cat. 17.
Bibliographie
Théodore-Éloi Lebreton, Biographie rouennaise : recueil de notices biographiques et bibliographiques sur les personnages célèbres nés à Rouen qui se sont rendus célèbres ou qui se sont distingués à des titres différents, Rouen, A. Le Brument, , 360 p. (OCLC31033533, lire en ligne), p. 87.
Anthony Blunt, « Nicolas Colombel », Revue de l’Art, .
Karen Chastagnol et Diederik Bakhuÿs, Nicolas Colombel vers 1644-1717 : exposition présentée au musée des Beaux-Arts de Rouen du 9 novembre 2012 au 24 février 2013, Paris, Nicolas Chaudun, , 229 p. (ISBN978-2-35039-147-2, lire en ligne).