Un neurite fait référence à toute projection du corps cellulaire d'un neurone. Cette projection peut être soit un axone soit une dendrite. Ce terme est fréquemment utilisé dans le cadre de la biologie du développement en parlant de cellules nerveuses immatures, notamment en culture, car il est alors difficile de distinguer les deux types de prolongements[1].
Développement et croissance des neurites
Le développement d'un neurite nécessite l'interaction complexe de signaux extracellulaires et intracellulaires. Le long d'un neurite se trouvent des récepteurs détectant les signaux de croissance positifs et négatifs[2]. Le neurite en développement additionne ces signaux de croissance afin de déterminer dans quelle direction ce dernier doit se développer[2]. Bien que tous les signaux de croissance ne soient pas encore connus, plusieurs ont été identifiés et caractérisés. Parmi ces signaux extracellulaires connus, on trouve la nétrine, la sémaphorine, l'éphrine et la collapsine, qui sont tous des inhibiteurs de la croissance des neurites[2],[3],[4].
Les jeunes neurites sont souvent remplis de faisceaux de microtubules dont la croissance est stimulée par des facteurs neurotrophiques, tels que le facteur de croissance nerveuse (NGF)[5]. Les protéines Tau permettent elles d'aider à la stabilisation des microtubules en se liant à ces derniers, les protégeant des protéines de coupure[6]. Même après la stabilisation des microtubules, le cytosquelette du neurone reste dynamique.
Dans le neurite qui deviendra l'axone, les filaments d'actine conservent leurs propriétés dynamiques afin de pousser les faisceaux de microtubules vers l'extérieur pour étendre l'axone[7]. Dans tous les autres neurites cependant, les filaments d'actine sont stabilisés par la myosine ce qui empêche le développement de plusieurs axones[8].
Pour finir, des champs électriques endogènes de faible intensité peuvent être utilisés pour faciliter et diriger la croissance des neurites, démontré chez les modèles murins et xénopes. La co-culture de neurones avec du tissu glial électriquement aligné permet également de diriger la croissance des neurites grâce à sa richesse en neurotrophines.[réf. nécessaire] .
Établissement de la polarité du neurone
In vitro
Si l'on place un neurone de mammifère indifférencié en culture, ce dernier rétractera tous ses neurites qu'il a déjà développés[10].
Après une mise en culture pendant 0,5 à 1,5 jours, plusieurs neurites mineurs commenceront à sortir du corps cellulaire de ce neurone[10]. Entre le jour 1,5 et le jour 3, l'un des neurites mineurs commencera à devenir considérablement plus grand que les autres, ce neurite finira par devenir l'axone. Aux jours 4 à 7, les neurites mineurs restants commenceront à se différencier en dendrites[10]. Au jour 7, le neurone devient complètement polarisé, avec des dendrites et un axone fonctionnels[10].
In vivo
Un neurite croissant in vivo est entouré de milliers de signaux extracellulaires qui, à leur tour, peuvent être modulés par des centaines de voies intracellulaires. Les mécanismes par lesquels ces signaux chimiques affectent la différenciation des neurites in vivo ne sont pas tous compris avec précision. Néanmoins, l'on sait que 60% du temps le premier neurite qui dépasse du corps cellulaire deviendra l'axone, 30% du temps ce premier neurite ne deviendra pas l'axone, et 10% du temps le neurite qui deviendra l'axone dépasse du corps cellulaire en même temps qu'un ou plusieurs autres neurites[10].
L'hypothèse du "touch and go" tente d'expliquer la mise en place de cette polarité. Elle propose l'idée qu'un neurite mineur puisse s'étendre et grandir vers l'extérieur jusqu'au contact avec un axone déjà développé d'un autre neurone. À ce stade, le neurite commencerait à se différencier en un axone[10]. Cependant, ce modèle n'explique pas comment le premier axone à l'origine des autres puisse se développer.
Quels que soient les signaux extracellulaires impliqués dans la formation d'axones, ils sont transmit par, au moins, 4 voies différentes :
Une déficience dans l'une de ces voies peut conduire à l'incapacité de développer un axone[10].
Après avoir formé l'axone, le neurone doit empêcher tous les autres neurites de devenir également des axones. C'est ce qu'on appelle l'inhibition globale[10]. Il a été suggéré que l'inhibition globale est obtenue par un signal rétroactif négatif libéré par l'axone nouvellement développé et dirigé vers les autres neurites[11]. Cependant, aucune molécule de signalisation n'a été découverte[10].
Alternativement, il a été suggéré que l'accumulation de facteurs de croissance axonale dans le neurite devenant l'axone induit l'épuisement du dit facteur de croissance pour les autres neurites[12]. Cela forcerait les autres neurites à devenir des dendrites à la suite de concentrations insuffisantes de facteurs de croissance[12].
↑ ab et cValtorta et Leoni, « Molecular mechanisms of neurite extension », Philosophical Transactions of the Royal Society of London. Series B, Biological Sciences, vol. 354, no 1381, , p. 387–394 (ISSN0962-8436, PMID10212488, PMCID1692490, DOI10.1098/rstb.1999.0391)
↑Niclou, Franssen, Ehlert et Taniguchi, « Meningeal cell-derived semaphorin 3A inhibits neurite outgrowth », Molecular and Cellular Neurosciences, vol. 24, no 4, , p. 902–912 (ISSN1044-7431, PMID14697657, DOI10.1016/s1044-7431(03)00243-4)
↑(en) Xiao, Peng, Wan et Tang, « The Atypical Guanine Nucleotide Exchange Factor Dock4 Regulates Neurite Differentiation through Modulation of Rac1 GTPase and Actin Dynamics », Journal of Biological Chemistry, vol. 288, no 27, , p. 20034–20045 (ISSN0021-9258, PMID23720743, PMCID3707701, DOI10.1074/jbc.M113.458612)
↑Toriyama, Kozawa, Sakumura et Inagaki, « Conversion of a signal into forces for axon outgrowth through Pak1-mediated shootin1 phosphorylation », Current Biology, vol. 23, no 6, , p. 529–534 (ISSN1879-0445, PMID23453953, DOI10.1016/j.cub.2013.02.017)
↑(en) Vladimir Berezin, Structure and Function of the Neural Cell Adhesion Molecule NCAM, Springer Science & Business Media, (ISBN978-1-4419-1170-4, lire en ligne)
↑(en) Arimura et Kaibuchi, « Neuronal polarity: from extracellular signals to intracellular mechanisms », Nature Reviews Neuroscience, vol. 8, no 3, , p. 194–205 (ISSN1471-003X, PMID17311006, DOI10.1038/nrn2056)
↑ a et b(en) Inagaki, Toriyama et Sakumura, « Systems biology of symmetry breaking during neuronal polarity formation », Developmental Neurobiology, vol. 71, no 6, , p. 584–593 (ISSN1932-846X, PMID21557507, DOI10.1002/dneu.20837)