Portrait de l'anarchisteNestor Makhno qui est à l'initiative des premières communes libertaires autogérées en Ukraine, des soviets libres. Nestor Makhno défend les pauvres, la culture et la liberté, en 1917, il exproprie les aristocrates et les terres deviennent propriété sociale, un agriculteur ne pouvant posséder que la superficie qu'il peut cultiver seul sans salarié. Cette insurrection libertaire dans les terres cosaques est une des plus exemplaires réalisations de l'idéal anarchiste communiste, portée par la population, sur sa terre.
Simultanément, il lutte victorieusement contre les Russes blancs avec son armée, la Makhnovchtchina. Mais en 1921 son alliée se retourne contre lui, l'armée rouge sous les ordres de Trotski détruit la Makhnovchtchina et contraint Makhno à l'exil, il finira sa vie à Paris.
Dans ce portait, Hélène Châtelain retrouve et reprend les écrits de Makhno, depuis ses journaux de jeunesse. Elle va à Goulaï-Polié et les fait lire aux actuels habitants. Son enquête en Ukraine[1], révèle ce que les mémoires conservent de lui, le batko («le petit père»).
L'iconographie, les nombreux documents d'archives et les témoignages montrent cette légendaire figure insurrectionnelle mais aussi ce que la propagande communiste a voulu faire de lui : un paysan attardé, fou sanguinaire et antisémite[1]. Avec les preuves récoltées, Hélène Châtelain démonte les accusations calomnieuses que les dirigeants communistes ont répandu, par exemple sur le prétendu antisémitisme de Makhno, alors qu'il l'a combattu dès ses premières actions[2].
Commentaire
Selon Isabelle Marinone, Maître de conférences en Histoire du Cinéma à l’Université de Bourgogne : « Le documentaire poétique d’Hélène Châtelain en 1996 « Nestor Makhno, un paysan d’Ukraine » constitue un témoignage visuel unique exhumant l’histoire de cette figure emblématique de l’anarchisme. L’expérience anarchiste en Ukraine fut pendant des générations, discréditée et ensevelie sous une représentation mythifiée que ce film permet de reconsidérer »[3].
Hélène Châtelain, « Nestor Makhno. Les images et les mots », in Cinéma Engagé, Cinéma Enragé, L'homme Et La Société (revue internationale de recherche et de synthèse en sciences sociales) no 127-128, L'Harmattan, 1998 (DOI10.3406/homso.1998.3562)
Korine Amacher et Leonid Heler, Le retour des héros : La reconstitution des mythologies nationales à l'heure du postcommunisme, Institut européen de l'Université de Genève,
Notes et références
↑ a et bÉdouard Waintrop, « «Nestor Makhno, paysan d'Ukraine», documentaire d'Hélène Châtelain. Makhno, un drapeau noir qui dérange l'Histoire », Libération, (lire en ligne)