Les navires obélisques étaient des navires utilisés pour transporter des obélisques.
Égypte antique
Les premiers navires obélisques ont été construits dans l'Égypte antique pour transporter les obélisques sur le Nil depuis les carrières jusqu'à leur destination.
Sous le règne de Thoutmôsis Ier, Inéni s'est vu confier la surintendance des projets de construction du roi, dont l'érection de deux obélisques. Un fragment de texte subsistant documente que le navire obélisque avait une longueur d'environ soixante-trois mètres et une largeur d'environ vingt-et-un mètres[1].
« J'ai inspecté l'érection de deux obélisques ... construit l'auguste bateau de 120 coudées dans sa longueur, 40 coudées dans sa largeur, afin de transporter ces obélisques. (Ils) arrivèrent en paix, en sécurité et en prospérité, et débarquèrent à Karnak ... de la ville. Sa "piste" était faite de tout bois agréable. »
Au cours de la XIXe dynastie, Séthi Ier a commandé de nombreuses œuvres, dont de multiples obélisques, et de grandes barges pour les transporter. Une stèle rupestre à Assouan indique :
« Sa Majesté a ordonné la commande de multitudes de travaux pour la réalisation de très grands obélisques et de grandes et merveilleuses statues au nom de Sa Majesté. Il a fait de grandes barges pour les transporter, et des équipages de navires à leur mesure (pour) les acheminer depuis la carrière, tandis que les officiels et les transporteurs se hâtaient et que son fils aîné était devant eux, faisant ce qui est bénéfique pour Sa Majesté »
Trois navires romains ont été construits pour transporter un obélisque. Les deux navires arrière étaient de forme rectangulaire ; ils mesuraient trente-sept mètres de long et cinq mètres de large. Les deux navires étaient maintenus ensemble par des poutres longitudinales, tandis que l'obélisque était attaché à ces poutres longitudinales et maintenu immobile. Le troisième navire, une trirème plus grande, se trouvait à l'avant et était attaché aux deux plus grands navires transportant l'obélisque. Le troisième navire avait pour fonction d'aider à diriger les deux navires arrière et de faire traverser la Méditerranée aux rameurs et aux marins.
Chargement des navires
Pline l'Ancien décrit comment un obélisque était chargé sur un navire.
« À cette fin, un canal a été creusé depuis le Nil jusqu'à l'endroit où se trouvait l'obélisque ; deux larges vaisseaux, chargés de blocs de pierre similaires d'un pied carré, la cargaison de chacun représentant le double de la taille, et par conséquent le double du poids, de l'obélisque, ont été amenés sous celui-ci ; les extrémités de l'obélisque restant soutenues par les côtés opposés du canal. Les blocs de pierre étaient ensuite retirés, et les vaisseaux, ainsi progressivement allégés, recevaient leur charge »
Il existe peu de traces des grands navires qui transportaient les grands obélisques à travers la Méditerranée. L'un des deux navires qui transportaient l'obélisque du Vatican a été coulé à dessein par l'empereur Claude pour construire le port de Portus ; l'autre a brûlé sous le règne de Caligula alors qu'il était ancré au port de Pouzzoles.
Époque moderne
Obélisque de Louxor
Afin de transporter l'obélisque de Louxor offert à la France par Méhémet Ali, un navire est spécialement construit à cette fin, le Louxor[5], commandé par Raymond de Verninac Saint-Maur. Il quitte Toulon en et remonte le Nil en août. Il s'agit d'une barge à fond plat, à usage unique d'une construction inhabituelle (cinq quilles, proue amovible) dont les dimensions ont été étudiées en fonction des ponts sur la Seine. Après s'être approché au plus près de l'obélisque grâce au creusement d'un canal par 300 fellahs, le bateau embarque le monolithe le . Huit mois s'écoulent avant que le Nil, en crue, permette au navire de flotter le . La barge quitte Thèbes le , parvient le à Rosette, à l'embouchure du Nil où elle est bloquée par des bancs de sable. Le , le Louxor franchit la barre du Nil grâce aux vents locaux qui déplacent le sable et parvient à Alexandrie le lendemain. L'équipage doit attendre la fin des tempêtes d'hiver pour quitter le port le avec sa précieuse cargaison[6]. Le navire est remorqué par la corvette à vapeur et à voiles Sphinx sur le trajet Alexandrie - Rouen. Arrivé à Toulon dans la nuit du 10 au , il atteint Paris le après avoir contourné l'Espagne et remonté la Seine depuis Rouen, après escale à Cherbourg[7],[8]. Il est alors déposé couché sur le quai au début du Cours-la-Reine.
Aiguilles de Cléopâtre
Jusqu'à la seconde moitié du XIXe siècle, deux obélisques étaient situés au Césaréum d'Alexandrie, aujourd'hui connus sous le nom d'aiguilles de Cléopâtre. Celui qui est tombé a été transporté à Londres par le navire Cleopatra en 1877. Quatre ans plus tard, l'obélisque debout a été chargé sur le SS Dessoug et expédié à New York.
↑Jacques-Joseph Champollion-Figeac et Jean-François Champollion, L'Obélisque de Louqsor, transporté à Paris : notice historique, descriptive et archaéologique sur le monument, Paris, Firmin Didot frères, (lire en ligne), p. 3
↑Bernadette Menu, L'obélisque de la Concorde, éditions du Lunx, , p. 74.
Peter J. Brand, « The 'Lost' Obelisks and Colossi of Seti I », Journal of the American Research Center in Egypt, vol. 34, , p. 101–114 (DOI10.2307/40000801).
Henry Honychurch Gorringe, Egyptian Obelisks, John C. Nimmo, coll. « Nineteenth Century Collections Online (NCCO): Photography: The World through the Lens », (lire en ligne).
Björn Landström, Ships of the Pharaohs: 4000 years of Egyptian Shipbuilding, Londres, Doubleday, (ISBN978-0385078306).
Ammianus Marcellinus, Roman Antiquities, vol. 17 (lire en ligne), p. 319-329.
Edouard Naville, The temple of Deir el Bahari, vol. 6 : The lower terrace, additions and plans, Londres, (lire en ligne).
Cecil Torr, Ancient Ships, Cambridge, University Press, (lire en ligne).
Steve Vinson, Egyptian Boats and Ships, Buckinghamshire, Shire Publications, (ISBN0-7478-0222-X).
Armin Wirsching, « How the Obelisks Reached Rome: Evidence of Roman Double-Ships », The International Journal of Nautical Archaeology, vol. 29, no 2, , p. 273–283 (DOI10.1111/j.1095-9270.2000.tb01456.x, S2CID162710923).
Armin Wirsching, « Supplementary Remarks on the Roman Obelisk-Ships », The International Journal of Nautical Archaeology, vol. 32, no 1, , p. 121–123 (DOI10.1111/j.1095-9270.2003.tb01438.x, S2CID233246649).
(de) Armin Wirsching, Obelisken transportieren und aufrichten in Ägypten und in Rom, Norderstedt, BoD, (ISBN978-3-8334-8513-8, lire en ligne)