Le tournoi des Nation Wars est un événement e-sport se jouant sur la série de jeux vidéo StarCraft II. Il oppose les représentants de différents pays ; leurs équipes sont composées de trois joueurs choisis au préalable par la communauté, via un système de vote. Les parties sont commentées en streaming par différentes personnalités de l'e-sport, dans plusieurs langues.
La première édition du tournoi a lieu en 2014, et est organisée par Alt Tab Productions, pour le compte de la web TVO'Gaming TV. La cinquième édition se déroule du au .
Mode de fonctionnement
Le créateur du tournoi, O'Gaming TV[1], diffuse à la fois les matchs en direct, les rediffuse, et met ensuite à disposition sur sa chaîne YouTube les replays.
À la suite du succès des éditions successives, le nombre de pays conviés a progressivement augmenté, passant de 8 à la première à 32 pour la quatrième. Les pays sont sélectionnés en fonction de leur rang WCS, ce rang se calculant en additionnant les points de ses joueurs les mieux classés. Ce concept de faire jouer des équipes nationales, et non des équipes professionnelles ou des joueurs seuls, est propre à cette compétition, s'inspirant des premières tentatives de ce genre[Note 1],[2].
Une fois les pays sélectionnés, la communauté en ligne internationale de StarCraft II est sollicitée pour choisir les joueurs allant représenter le pays. Les joueurs pouvant se présenter font obligatoirement partie de la ligue Grand Maître en cours sur l'un des serveurs « régionaux »[Note 2]. Chaque votant peut donner son avis sur chaque pays ; les trois premiers joueurs sont sélectionnés pour jouer, le quatrième est conservé pour être un remplaçant potentiel (en cas d'impossibilité pour un joueur de l'équipe de participer à l'un des tours ou à l'ensemble de la compétition). L'organisateur tire ensuite au sort les premiers tours (à élimination directe, opposant généralement une équipe d'un haut rang WCS - « tête de série » -, et une équipe plus faible[Note 3],[3]), et tire à nouveau les groupes pour la seconde partie du tournoi (à double élimination similaire au mode de fonctionnement de la GSL, permettant à deux pays par groupe de se qualifier). Le reste du tournoi reprend le format à élimination directe, jusqu'à la finale. La majeure partie du tournoi se joue en ligne, et seules certaines éditions ont pu voir leur phase finale être organisée en live.
Matchs
Les équipes s'affrontent deux à deux en « Best of five[Note 4] - all kill[Note 5] » (pour la première édition) ou en « Best of seven[Note 6] - all kill » (pour les éditions suivantes). Le mode actuel permet à une équipe dont tous les joueurs ont été battus une fois de faire « revivre » l'un d'entre eux, pour un match décisif. Si ce dernier joueur, considéré comme l'« ace » de l'équipe, est battu, le match est perdu.
Les joueurs jouant directement de zones géographiques parfois fortement éloignées, les manches se déroulent successivement sur les serveurs géographiques respectifs des deux pays, ou sur un troisième serveur « neutre », afin de limiter les problèmes de latence. Les serveurs considérés sont l'européen, le coréen, et le nord-américain.
Éditions
Nation Wars I
Les Nation Wars I se déroulent du 17 au . Elles opposent la France, la Suède, l'Allemagne, l'Ukraine, la Russie, l'Espagne, la Pologne et la Norvège. Après une phase de groupe à double élimination, la Norvège remporte le tournoi en phase finale devant la Russie et l'Ukraine, la finale se faisant au Best of seven, le reste des matchs au Best of five.
Nation Wars II
La seconde édition rassemble des équipes représentant 16 pays[4]. En plus des nations déjà représentées lors de l'édition précédente, les États-Unis, le Canada, le Mexique, le Royaume-Uni, l'Italie, le Danemark, la Finlande et les Pays-Bas participent pour la première fois, cette fois dans un arbre à élimination directe[5]. La diffusion des matchs est disponible en sept langues, et se fait également sur le site du magazine L'Express[1]. La Norvège, tenant du titre, la France, la Pologne et l'étonnant Mexique se qualifient pour les phases finales[6].
Un financement participatif à hauteur de 165 000 euros[6] permet l'organisation des phases finales (demi-finales, petite et grande finales) au Trianon de Paris, ainsi qu'un ultime match opposant le gagnant des Nation Wars II à l'équipe de Corée du Sud[4], pays considéré comme étant le « boss final »[Note 7],[7]. La phase finale a lieu au Trianon le , devant un millier de spectateurs « physiques », sélectionnés via le crowdfunding[6], et dure près de douze heures[8].
La Norvège et le Mexique se qualifient facilement pour la grande finale : le joueur norvégien Eiki, supposé le plus faible de son équipe, balaie sèchement l'équipe polonaise, tandis que le meilleur joueur mexicain Juan Carlos MajOr Tena Lopez fait de même avec l'équipe française. Dans une petite finale beaucoup plus accrochée, la France, menée, l'emporte finalement face à la Pologne[9]. Dans la grande finale, la Norvège, menée par le meilleur joueur du tournoi et best foreigner 2014[10] Jens Snute Aasgaard, bat le Mexique quatre manches à deux, et remporte pour la seconde fois la compétition[9]. Les quatre finalistes se partagent la dotation du tournoi, environ 28 000 dollars, répartis respectivement pour 53 % pour le premier, 28, 13 et 6 % pour les suivants[8].
Le match contre la Corée du Sud est joué le , en « Best of nine », avec la possibilité pour chaque équipe de relancer un joueur venant de perdre directement dans la manche suivante (ce joueur devant être différent de celui choisi en fin de match). L'équipe norvégienne s'incline 5 à 3, et l'équipe coréenne remporte donc la majeure partie de la dotation de 5 000 euros[7].
Nation Wars III
La troisième édition voit l'équipe de Corée participer directement au tournoi, sans bénéficier cette fois d'un statut particulier. C'est également la première édition à se jouer sur la dernière extension de StarCraft II, StarCraft 2: Legacy of the Void, sortie peu auparavant. Les phases finales sont prévues comme précédemment dans une salle de spectacle, l'Olympia, mais faute de ventes suffisantes[Note 8], elles doivent finalement se jouer en ligne[11].
Les deux finalistes de l'édition précédente, la Norvège et le Mexique, sont éliminés dès les phases de groupe[12]. La petite finale n'est pas jouée, et la France s'impose en « Best of nine » devant la Corée, la Pologne et la Finlande se partageant la troisième place. La victoire de la France face à la Corée, incontestable (le Français Alexis MarineLorD Eusebio, qui avait déjà qualifié son équipe pour les demi-finales avec trois all-kill[12], inflige à aux représentants coréens un 5-0[13]), est considéré comme un exploit, faisant de plus de MarineLorD le meilleur joueur du tournoi[11]. La nouveauté de l'extension (dont la version finale sort en ), sur laquelle les joueurs ont eu peu de temps pour s'entraîner de manière exhaustive, et le décalage horaire en défaveur des joueurs coréens[11] minimise toutefois un peu la performance.
Nation Wars IV
La quatrième édition, qui se déroule entre et , comprend cette fois 32 pays engagés[14]. Pour la première fois également, l'éditeur du jeu Blizzard Entertainment est partenaire de l'événement[Note 9], permettant selon les organisateurs de valider définitivement le tournoi dans le paysage de l'e-sport en France[15]. Les phases finales, pour lesquelles se sont qualifiés le Canada, la Pologne, l'Allemagne et la Corée du Sud, se déroulent dans les locaux d'O'gaming TV, en présence d'Axelle Lemaire, alors secrétaire d'État chargée du Numérique et de l'Innovation[14]. La Corée, par son joueur phare Lee INnoVation Shin Hyung, élimine entièrement l'équipe allemande, et remporte face à la Pologne (5-4) son premier titre. Malgré l'élimination de son équipe en demi-finale par la Pologne (4-2), la meilleure joueuse du tournoi est la Canadienne Sasha Scarlett Hostyn, qui atteint un ratio de 85 % de victoires[15].
Nation Wars V
La cinquième édition se déroule du au , et comprend toujours 32 équipes. Les phases finales se jouent à Paris, à La Villette[16].
La Corée du Sud, tenante du titre, est qualifiée d'office pour les phases de groupes[17]. Les autres pays doivent passer par un premier match éliminatoire, avant que les groupes ne soient constitués.
La dotation est de 50 000 dollars, qui sont répartis à 50 % pour le vainqueur, 25 % pour le finaliste, et 12,5 % pour chacun des demi-finalistes[3].
Durant la phase de poules, la défaite de la Corée du Sud (pour son deuxième match dans le tournoi) face au Mexique est l'événement le plus marquant ; le tenant du titre parvient tout de même à se qualifier lors du dernier match du groupe B[18]. En finale, l'équipe coréenne parvient à conserver son titre face à l'équipe des Pays-Bas[19].
↑Entre novembre 2010 et mars 2011 se déroule l'« European National War League », première tentative de faire un tournoi inter-nations, réunissant 24 pays européens. Quelques mois après cette compétition, une épreuve similaire réunit sur le serveur de l'Asie du sud-est huit pays asiatiques. En 2012, l'Electronic Sports League crée le « Country Championship », qui voit s'affronter 46 pays. Mais aucune de ces épreuves ne connait de réel engouement.
↑La ligue Grand Maître regroupe les deux cents meilleurs joueurs de chaque « région ».
↑Durant la cinquième édition, les deux finalistes de l'édition précédente sont considérés comme des têtes de série.
↑De par la culture de l'e-sport qui s'y est développée, la Corée du Sud est jugée comme le berceau du sport électronique, et renferme les meilleurs joueurs au niveau mondial (plus spécifiquement pour les jeux de stratégie en temps réel), à tel point que si un joueur non coréen est considéré comme le meilleur joueur en activité, il n'est souvent que le « meilleur hors Corée » (best foreigner).
↑La campagne de vente des billets n'obtient pas le succès escompté, la compétition étant lancée peu après l'attentat du Bataclan, qui fait baisser de 80 % les ventes de places de concert.
↑La compétition prend alors le titre de StarCraft II: Nation Wars.
↑ a et b(en) « Handbook StarCraft II: NationWars V » [PDF], Nations Wars V (consulté le ) : « Seeded countries are: Korea then Poland, then per WCS points. ».
↑ a et bVictor Garcia, « Championnat des nations de Starcraft II: la France s'impose 4 1 face à la Russie », L'Express, (lire en ligne)
↑Clément "Lelfe" Laparra, « Nation Wars 2 : La France régale », Red Bull Esport, (lire en ligne)
↑ ab et cVictor Garcia, « EN DIRECT. e-Sport: Suivez les finales du championnat des nations de Starcraft II », L'Express, (lire en ligne)
↑ a et bVictor Garcia, « EN DIRECT. e-Sport: la Norvège affronte la Corée du Sud sur Starcraft II », L'Express, (lire en ligne)
↑ a et bVictor Garcia, « Nation Wars II Norvege remporte finale Starcraft II e-Sport jeux vidéo », L'Express, (lire en ligne)
↑ a et bClément "Lelfe" Laparra, « Nation Wars : la Norvège encore », Red Bull Esport, (lire en ligne)
↑Clément "Lelfe" Laparra, « Nation Wars : Les finales samedi », Red Bull Esport, (lire en ligne)
↑ ab et cClément "Lelfe" Laparra, « MarineLorD offre le titre à la France », Red Bull Esport, (lire en ligne)
↑ a et bClément "Lelfe" Laparra, « Nation Wars : En route pour Paris », Red Bull Esport, (lire en ligne)
↑Paul Arrivé, « eSport - Starcraft II : le retour des Nation Wars », L'Équipe, (lire en ligne)
↑ a et bPaul Arrivé, « eSport : La Corée du Sud remporte les NationWars IV », L'Équipe, (lire en ligne)
↑ a et bClément Authié, « NW4 : La Corée met tout le monde d’accord », Canal Esport Club, (lire en ligne).
↑Paul Arrivé, « Esport - Starcraft II : Coup d'envoi des Nation Wars 5 », L'Equipe, (lire en ligne)
↑Paul Arrivé, « Esport - Starcraft II : la France éliminée des Nation Wars », L'Equipe, (lire en ligne)
↑Paul Arrivé, « Esport - Starcraft II : aux Nation Wars, la Corée du Sud a tremblé », L'Équipe, (lire en ligne)
↑Paul Arrivé, « Esport - Starcraft II : la Corée du Sud remporte les NationWars 5 », L'Équipe, (lire en ligne)