Nathan Katz est un poète et dramaturge alsacien né le à Waldighoffen et mort le à Mulhouse.
D'origine juive mais marqué par l'empreinte du christianisme et du bouddhisme, voyageur durant une longue partie de sa vie mais attaché au paysage alsacien, Nathan Katz est un grand poète alsacien d'expression dialectale du XXe siècle.
Nathan Katz a donné son nom à un prix littéraire, créé en 2004, qui s'est donné pour but de traduire en français et de célébrer les grands auteurs du patrimoine littéraire de l'Alsace du Moyen Âge à nos jours, le prix Nathan-Katz du patrimoine.
Le prix Nathan-Katz du patrimoine 2018 a distingué l'œuvre de l'auteur qui lui a donné son nom en soutenant la traduction et la publication de son chef-d'œuvre, Annele Balthasar[1].
Les éditions Arfuyen ont entrepris depuis 1987 la réédition bilingue de l'ensemble de l'œuvre de Nathan Katz[2].
Biographie
Fils d'un boucher casher[3], Nathan Katz fréquente l'école primaire de son village natal et dès qu'il sait lire, lit les brochures pour la jeunesse, puis les grands classiques, en particulier l'œuvre théâtrale de Schiller et plus particulièrement Geschichte der Weltliteratur.
Il entre à l'usine Les Fils d'Emanuel Lang comme employé à l'âge de quinze ans. Durant ses loisirs il compose ses premiers vers, qu'il porte à la rédaction du Mülhauser Tagblatt.
En Nathan Katz est blessé et est admis à l'hôpital de Tübingen. Une intervention chirurgicale lui évite la paralysie du bras droit. Après sa convalescence, il est affecté à un détachement de la Croix-Rouge de Fribourg-en-Brisgau. Il suit des cours sur la littérature alémanique. Rappelé sur le front de l'Est, il est fait prisonnier à Nijni Novgorod. C'est là qu'il compose, en juin 1915, les poèmes de son premier recueil Das Galgenstüblein publié en 1920.
Depuis longtemps, il avait envie d'écrire un long poème épique : le chant de l'amour et de la mort de la belle et innocente Annele Balthasar et de son fiancé Doni. Il crée Annele Balthasar, pièce dramatique en quatre actes, considérée par beaucoup comme son chef-d'œuvre, ainsi que l'explique le critique Frédéric Dieu : « C’est qu’Annele Balthasar est aussi le chant d’amour offert par Nathan Katz à son Sundgau doux et fertile : en faisant se déployer la tragique histoire d’Annele sur le fond de ses profonds vergers, le poète semble demander à la nature alsacienne de conserver la mémoire de ce procès fatal et de cette sombre époque mais aussi, en quelque sorte, de les fondre et convertir en sa douceur quasi-miséricordieuse[1]. »
En 1930, il publie le recueil de poésies Sundgaü puis, la même année, un recueil de poèmes et de contes en langue allemande intitulé Die Stunde des Wunders.
Travaillant pour le compte d'une grande firme d'alimentation, il parcourt l'Afrique du Nord et l'Europe occidentale. Lorsque éclate la guerre, il trouve refuge dans le Limousin. Après la Libération, il s'installe à Mulhouse avec son épouse et travaille comme bibliothécaire à la bibliothèque municipale.
Lors de la libération de Waldighoffen, il prononce l'hommage aux morts devant le général de Lattre de Tassigny. Très touché par l'élévation des paroles du poète, le général le fait appeler pour le féliciter : « Avec les armes, j'ai fait mon devoir pour la France, maintenant la Patrie a besoin d'hommes comme vous, aidez-moi. »
En 1957, ayant pris sa retraite, il prépare une réédition augmentée de son œuvre poétique sous le titre Sundgaü. O loos da Rüaf dur d'Garte. L'ouvrage paraît en décembre 1958.
Élu membre titulaire de l'Académie d'Alsace, Nathan Katz reçoit en 1966 le Oberrheinische Kulturpreis décerné par la Johann-Wolfgang von Goethe-Stiftung. Il meurt en 1981.
La Ville de Mulhouse organise les premières Journées Nathan-Katz en à l'initiative du maire Joseph Klifa. Françoise Urban-Menninger, alors attachée culturelle, coordonne ce vaste projet en lien avec Françoise Katz, Yvonne Gunkel, Francis Haas, le théâtre alsacien de Mulhouse...Eugène Guillevic, ami et traducteur de Nathan Katz sera présent lors de cet hommage.
Nathan Katz est le poète du Sundgau et son attachement à son terroir a pu exercer une influence sur deux poètes modernes qui furent ses amis : Guillevic et Jean-Paul de Dadelsen.
Nathan Katz chante les coutumes du Sundgau, ses légendes, sa joie de vivre et célèbre la beauté de sa langue. Pour lui, le dialecte alsacien, dont les racines sont puisées dans l'alémanique, est plus vieux que la langue allemande.
Il écrit ses poèmes en langue alémanique, s'efforçant de donner à cette langue ses lettres de noblesse. Mais il est convaincu qu'on peut s'exprimer entièrement dans le dialecte alsacien et traduit par exemple les poèmes de Péguy, Mistral, Poe, Burns, Guillevic, Shakespeare.
Œuvres
Premières éditions
Pour une bibliographie complète, voir l'Œuvre poétique, Éditions Arfuyen, Orbey, 2001.
Das Galgenstüblein. Ein Kampf um die Lebensfreude. Éd. de la Littérature populaire, Mulhouse, 1 920.
Annele Saithasar, Éd. de la Jeunesse, Thann, 1 924.
D’Ardwibele. E Spiel üs ‘m Sundgäu, Colmar, 1930.
Die Stunde des Wunders, Alsatia, Colmar, 1930.
Sundgäu. Gedichte, Alsatia, Colmar, 1930.
0 loos da Rüef dur d’Gàrte, 1958.
‘S Rosele (avec traduction de Roger Kiehl). Contes et récits d’Alsace. Petite anthologie de la poésie alsacienne. Association Jean-Baptiste Weckerlin, tome III, Strasbourg, 1966.
D’Gschichte vom e Rolli (avec traduction d’Eugène Guillevic), même édition, tome V, 1970.
Poèmes alémaniques inédits (composés par Nathan Katz à l’occasion de la libération de l’Alsace), édités et traduits par Yolande Siebert, Recherches germaniques 24 (1994), p. 129-184.
Rééditions
Sundgäu Gedichter (ci-dessus no 5) augmentés de l’édition princeps de 0 loos da Rüef dur d’ Gàrte. Näii Sundgäugedichter. (ci-dessus no 6), en 1 volume, Alsatia, Colmar, 1958.
Mi Sundgäu. Alemannische Gedichte in Sundgauer Mundart. Einführung und sprachlicher Anhang von Raymond Matzen (qui est aussi l’auteur du titre de l’ouvrage et de l’ordre de présentation des poèmes), Zeichnungen von Eugène Cordier, Éd. Morstadt, Kehl-am-Rhein, 1985.
Traductions en français
Sundgäu, choix de poèmes avec traductions, préface de Camille Schneider, lithographies originales d’Alberto Solbach), Éd. Plaisir du Livre, Imprimerie Nationale, Paris, 1975.
Comme si nous pouvions connaitre l’éternité. Choix de poèmes fait par les traducteurs et les éditeurs. Dessins de Henri Solveen. Traductions de l’alémanique par Hubert Holl et Kza Han, Éd. du Nadir, 1987.
La Petite Chambre qui donnait sur la potence (Das Galgenstüblein). Traduit de l'alémanique par Jean-Louis Spieser. Préfaces de Yolande Siebert et de Jean-Paul Sorg. Éditions Arfuyen, Paris-Orbey, 2020. (ISBN978-2-845-90297-8).
↑« Nathan KATZ », sur Éditions Arfuyen, (consulté le ).
↑Les informations sont extraites des deux ouvrages sur Nathan Katz : Victor Hell, Nathan Katz. Itinéraire spirituel d’un poète alsacien, Alsatia, Colmar, 1978 ; Yolande Siebert, Nathan Katz, poète du Sundgau, Société savante, d’Alsace et des régions de l’Est, Librairie Istra, Strasbourg-Paris, 1978.
Voir aussi
Bibliographie
Victor Hell, Nathan Katz : l'universalité d'un poète dialectal, Éditions du Rhin, Mulhouse, 1992, 175 p. (ISBN2-86339-078-3)
Yolande Siebert, « Nathan Katz ou la modernité d'un poète d'antan », in Recherches germaniques, vol. 13, 1983, p. 197-214