Nadine Paulette Bari est née le 19 juin 1940 à Terrasson-Lavilledieu en Dordogne[3],[4],[Note 1]. Durant ses études de droit, elle rencontre un étudiant guinéen, Abdoulaye Djibril Bari, qu'elle épouse. Après avoir obtenu son doctorat en droit à la Sorbonne[5], elle rejoint son mari reparti vivre en Guinée après l’Indépendance en 1963 pour participer à sa reconstruction. Nadine Bari travaille pour l'ONU et Abdoulaye au ministère des Affaires étrangères[6]. Nadine Bari repart cependant en France avec ses quatre enfants quand la situation sous la dictature de Sékou Touré devient dangereuse pour la famille et son mari en particulier : il est peul, intellectuel et marié à une Française, ce qui l'expose. Nadine Bari voit son mari pour la dernière fois à l'aéroport de Conakry le . Il fuit le pays plus tard, mais est arrêté le en Côte d'Ivoire par la police politique de Sékou Touré[7], envoyé à la prison de Kankan et torturé. Il meurt des suites de ses blessures pendant son transfert vers le camp Boiro, à Tokounou entre Kankan et Kissidougou[8]. Son corps est enterré au bord de la route près de Tokounou[8]. Il fait partie de milliers de victimes enlevées, torturées et assassinées dont les familles n'auront pas de nouvelles[9],[10].
Après l'arrestation de son mari, Nadine Bari crée l'Association de familles françaises de prisonniers politiques en Guinée (AFPPG)[7]. En 1982, elle refuse de serrer la main de Sékou Touré lors de sa première visite officielle en France[11].
Nadine Bari documente la recherche menée pendant près de vingt ans pour retrouver les traces de son mari avec les ouvrages qu'elle publie, sans même savoir s'il est encore vivant ou mort[12],[13]. Le premier intitulé Grains de sables, les combats d'une femme d'un disparu, est publié en 1983[14].
Nadine Bari est l'autrice de plusieurs ouvrages dont Chroniques de Guinée : essai sur les années 1990, et Le cri de la Mangouste. Le film Hier encore je t’espérais toujours lui est consacré[15],[16],[17].
Le 10 décembre 2023, elle meurt sur l'Île de La Réunion à l'âge de 83 ans[19]. Un symposium en son nom est prévue par l'Association des Victimes des Camps Boiro (AVCB) - dont elle était membre active - au Centre International de Recherche et de Développement (CRDI) de Conakry[réf. nécessaire].
↑ a et bBien que deux sources affirment le lieu de naissance à Terrasson-Lavilledieu, c'est impossible puisque cette commune porte ce nom seulement depuis 1997, en remplacement de Terrasson-la-Villedieu en 1963. Avant 1963, il y avait deux communes distinctes : Terrasson et Lavilledieu. C'est donc sur l'une des deux que Nadine Bari a dû naître.
↑Laure Bigourd et Julien Brygo, Paris-Conakry, 1958-2008: cinquante ans après le "non!" de Sékou Touré à de Gaulle, Karthala, (ISBN978-2-8111-0016-2, lire en ligne)
↑« Nadine Bari », sur Éditions L'Harmattan (consulté le )
↑Céline Pauthier, « L'héritage controversé de Sékou Touré, « héros » de l'indépendance » », Vingtième Siècle. Revue d'histoire, vol. 118, no 2, , p. 31-44 (lire en ligne [html])