La néguentropie est une « entropie négative », une variation générant une baisse du degré de désorganisation d'un système. Elle équivaut par conséquent à un facteur d'organisation des systèmes physiques, biologiques, écologiques et éventuellement sociaux et humains, qui s'oppose à la tendance naturelle à la désorganisation (entropie). Elle est une caractéristique essentielle des êtres vivants.
Selon le principe de néguentropie de l'information, l'information ne peut être obtenue qu'en empruntant de la néguentropie à un système physique, par l'intermédiaire d'un appareil de mesure[pas clair][1].
Pour désigner la néguentropie, dans certains contextes, on emploie aussi parfois le nom de syntropie (nom proposé par Albert Szent-Györgyi)[réf. souhaitée].
Le terme de « néguentropie » a été créé plus tard, dans le contexte d'un grand débat scientifique, par plusieurs physiciens, dont, en 1944, l'autrichien Erwin Schrödinger, dans son ouvrage Qu'est-ce que la vie ? pour expliquer la présence de « l'ordre » à l'intérieur des êtres vivants et leur tendance à s'opposer au chaos et à la désorganisation qui régit les systèmes physiques, puis développé et mis en perspective à partir des travaux du mathématicien Claude Shannon par le physicien français Léon Brillouin, dans son ouvrage La Science et la théorie de l'information (1956)[3],[4]. La néguentropie ne contredit pas les travaux de Sadi Carnot.
L'entropie est énoncée, dans le second principe de la thermodynamique de Rudolf Clausius, comme spontanément croissante en système isolé. Sous cette condition, la notion de néguentropie est donc nécessairement limitée dans le temps ou l'espace ou ne peut s'appliquer qu'à un système ouvert.
D'origine thermodynamique, la néguentropie est donc utilisée en systémique comme synonyme de la force de cohésion. Norbert Wiener la décrit ici socialement comme une traduction physique de l'information.
On parle dans l'étude de système dynamique de « dysentropie ». Dans un tel système, une néguentropie partielle mène à un état d'auto-organisation de niveau supérieur par un phénomène de percolation.
En prenant l'exemple d'une cellule, on peut voir la vie comme une forme de néguentropie. Elle tend à conserver sa néguentropie, c’est-à-dire une organisation, une structure, une forme, un fonctionnement, et cela grâce à la consommation d'énergie, venant de l'extérieur de la cellule. Une cellule morte n'entretient plus cette néguentropie, donc elle se désagrège.
Interprétation en termes d'information
Ce qui rend possible le maintien d'une structure « ordonnée » (capable de s'adapter en permanence à un environnement changeant) : ce sont les voies de communication sélectives entre le corps de la cellule et son environnement. Les membranes des cellules sont poreuses, mais seulement de façon sélective ; si une cellule perd cette capacité de sélection dans ses échanges avec son environnement, elle meurt rapidement, notamment sous l'effet de toxines dont elle ne peut plus se protéger.
À une échelle beaucoup plus large, la planète Terre n'est pas un système isolé : elle reçoit de l'énergie, essentiellement solaire, réémet une partie vers l'univers, et, au passage, une partie est captée par les formes de vie sur Terre, contribuant à donner cette vision de néguentropie présentée par Schrödinger [11].
Agriculture syntropique
Cette forme d'agriculture, de type Agroforesterie[12],[13] et/ou permaculture à haute productivité[14] ou parfois d'aquaculture[15], vise à s'inspirer des systèmes naturels néguentropiques pour augmenter la productivité d'une parcelle agricole en tirant parti de la biodiversité plutôt que d'une monoculture[16],[17],[18]. Elle s'inscrit parfois dans une agriculture de restauration écosystémique, de renaturation et/ou de puits de carbone visant à limiter les effets des émissions de gaz à effet de serre
Notes et références
↑Henri Atlan, L'Organisation biologique et la théorie de l'information, Seuil, coll. « Sciences humaines », (1re éd. 1972), 306 p. (lire en ligne), p. 182
↑Richard Loiret, « Thesis in Ecological Economics : The ecological Balance sheet. Measuring the anthropogenic disturbance of the Ecosphere and the Biosphere (an Anthropocene assessment). Characterizing the ways of the territories ecological development. 2016 », HAL (https://hal.archives-ouvertes.fr/), Université Paris-Saclay, (lire en ligne, consulté le ).
↑(en) Celyane Portilho Santos, Indiamara Marasca, Gilmar Oliveira Santos et Raisa Gomes Diniz, « Biodiversity agroforestry syztem : syntropic agriculture », Científic@ - Multidisciplinary Journal, vol. 5, no 3, , p. 140–144 (ISSN2358-260X, DOI10.29247/2358-260X.2018v5i3.p140-144, lire en ligne, consulté le )
↑(en) Moritz von Cossel, Heike Ludwig, Jedrzej Cichocki et Sofia Fesani, « Adapting Syntropic Permaculture for Renaturation of a Former Quarry Area in the Temperate Zone », Agriculture, vol. 10, no 12, , p. 603 (DOI10.3390/agriculture10120603, lire en ligne, consulté le )
↑Dayana Andrade, Felipe Pasini et Fabio Rubio Scarano, « Syntropy and innovation in agriculture », Current Opinion in Environmental Sustainability, vol. 45, , p. 20–24 (ISSN1877-3435, DOI10.1016/j.cosust.2020.08.003, lire en ligne, consulté le )
↑Ludovic Aubin et Josefa Salete Barbosa Cavalcanti, « Des origines rituelles de l'agriculture à l´Anthropocène. Réflexions sur un paradigme en formation aux multiples visages: l´agroécologie », Revista AntHropológicas, (ISSN2525-5223 et 1516-7372, DOI10.51359/2525-5223.2017.24045, lire en ligne, consulté le )