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Le Mouvement rural de jeunesse chrétienne (MRJC) est une association gérée et animée par des jeunes âgés de treize à trente ans, héritière de la Jeunesse agricole catholique (JAC) créée en 1929, en Lorraine et de la Jeunesse agricole catholique des femmes (JACF).
La Jeunesse agricole catholique (JAC) est fondée en 1929 par l'abbé Charles Jacques(1900-1939 né à Maixe) du Diocèse de Nancy-Toul. Il va l'appeler JAC (Jeunesse Agricole Catholique), un jeu de mots avec son nom. Le mouvement connait un essor rapide sous l’impulsion de ecclésiastique.
En 1935, 2 500 jeunes assistent à un premier Conseil national. En 1939 ils sont 25 000 au Vél d’Hiv de Paris. Pendant la guerre, la JAC entre dans la clandestinité. En 1950, la JAC rassemble 50 000 jeunes pour son vingtième anniversaire. En 1954, pour son vingt-cinquième anniversaire, la JAC compte 350 000 jeunes dans tout le pays. Elle est alors à son apogée. Mais la société française des Trente Glorieuses est en pleine mutation : les non-agriculteurs sont de plus en plus nombreux dans les villages, le nombre d'ouvriers ruraux augmente, les jeunes sont scolarisés de plus en plus longtemps, et l'exode rural s'amplifie. Il n'y a plus coïncidence entre réalité agricole et rurale[1].
La JAC décide de s'adapter à ces nouvelles réalités. À partir de 1961, nait le Mouvement rural de la jeunesse catholique (MRJC) qui regroupe progressivement plusieurs organisations :
la Jeunesse agricole catholique (JAC)
la Jeunesse chrétienne de l'industrie (JCI), ex-Jeunesse rurale ouvrière chrétienne (JROC)
la Jeunesse chrétienne sanitaire et sociale (JCSS)
la Jeunesse chrétienne de l'artisanat et du commerce (JCAC).
Parallèlement, la Jeunesse agricole catholique féminine (JACF) suit le même processus et donne naissance à partir de 1963 au Mouvement rural de la jeunesse catholique féminine (MRJCF) par fusion de la JACF, la JROCF, la JCSSF, la JCACF.
Le , le MRJC et le MRJCF fusionnent officiellement et le mouvement devient ainsi mixte sous le seul nom de MRJC.
Le , le nom du MRJC est officiellement modifié au Journal officiel : le MRJC est désormais « chrétien » et non plus « catholique »[2].
La radicalisation politique et l'ancrage à gauche
La fin des années 1960 est marquée par une radicalisation politique du MRJC. L'idéologie marxiste y progresse, notamment parmi les membres des équipes dirigeantes. Le mouvement de Mai 68 accélère le phénomène. Nombre de militants du MRJC se joignent aux étudiants en révolte[3]. En , une session tenue à Jambville réunit une centaine de responsables du MRJC et autant d'aumôniers pour analyser les « rapports de domination et d'exploitation au sein du système capitaliste »[4]. Le MRJC organise également au profit de ses membres et sympathisants des formations au marxisme, en faisant intervenir des intellectuels marxistes comme Gilbert Mury et Henri Lefebvre, et les « dominicains rouges » Paul Blanquart[5], Jean-Pierre Jossua, Jean-Yves Jolif, favorables aux révolutions chinoise et cubaine, ainsi qu'à la théologie de la libération.
En , une crise interne éclate. L'équipe nationale du MRJC, convertie au maoïsme et proche du Parti communiste marxiste-léniniste de France (PCMLF) interdit par le ministère de l'Intérieur, prône l'action révolutionnaire directe des militants du MRJC, ce qui signifierait la fin du MRJC en tant que mouvement d'Église et sa transformation en organisation révolutionnaire gauchiste[6]. Mais cette stratégie est rejetée par la base qui opte pour un engagement dans les organisations syndicales existantes (CGT, CFDT, etc.) et au sein de l'Union de la Gauche. L'équipe nationale pro-maoïste doit démissionner après un dur conflit. Parallèlement, cette crise interne a déboussolé nombre de sympathisants qui choisissent de s'éloigner du MRJC. En 1976 le MRJC, jadis mouvement de masse, ne compte plus qu'environ 10 000 militants[7].
À partir des années 1980, les références au marxisme et à la lutte des classes s'estompent peu à peu et laissent place aux discours plus consensuels sur le chômage, le sacré, la scolarité, l'armée, etc[8]. Depuis les années 1990, le MRJC conserve un positionnement malgré tout ancré à gauche[9].
↑Jean-Philippe MARTIN, Histoire de la nouvelle gauche paysanne: Des contestations des années 1960 à la Confédération paysanne, Paris, La Découverte,
↑Denis PELLETIER, Jean-Louis SCHLEGEL, A la gauche du Christ, Paris, Seuil, , page 332.
↑Paul BLANQUART, En bâtardise: itinéraires d'un chrétien marxiste, 1967-1980, Paris, Karthala,
↑Denis PELLETIER, Jean-Louis SCHLEGEL, A la gauche du Christ, Paris, Seuil, , page 285.
↑Gérard CHOLVY, Histoire des organisations et mouvements chrétiens de jeunesse en France (XIXe – XXe siècle), Paris, Cerf, , page 333.
↑Jean-François CHOSSON, Les Générations du développement rural, 1945-1990, Librairie générale de droit et de jurisprudence, , page 274.
↑Adrien de Tricornot, « Un manifeste pour que la « génération de la crise » ne soit pas « celle de la guerre » », Le Monde, (lire en ligne, consulté le ).
↑« Le MRJC s’oppose au projet d’aéroport à Notre-Dame des Landes », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
↑ ab et cJ. Conq - C.-H. Guilloteau - F.Leprieur - B. Vilboux, JAC / MRJC : Origines et mutations, Chronique Sociale, 1er trim 1996, 411 p. (ISBN2-85008-246-5), p. 410.
↑« La présidente-militante du MRJC passe le relais », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
↑« Le MRJC, fidèle à l'Evangile, souhaite réaffirmer la foi en milieu rural », La Croix, (ISSN0242-6056, lire en ligne, consulté le )
Jean Concq, Charles-Henri Guilloteau, François Leprieur et Bernard Vilboux, JAC/MRJC, Origines et mutations : un mouvement de jeunesse au cœur de la société française, Lyon, Éditions de la Chronique sociale, , 424 p. (ISBN978-2-850-08246-7).
SERGE CORDELLIER, JAC-F, MRJC et transformation sociale Histoire de mouvements et mémoires d’acteurs 1945-1985
MARIE-JOSEPHE DURUPT, Les mouvements d’action catholique, facteurs d’évolution du mouvement rural, thèse de 3e cycle sous la dir. de René Rémond, multigraphié, FNSP, Paris, 1963, 414 et 204 feuillets.
CHARLES-HENRI GUILLOTEAU, MRJC, école d’apprentissage du pouvoir social, mémoire de maîtrise de l’Institut des sciences sociales, Paris, 1986.
RICHARD STOSSE, Les mouvements catholiques de jeunesse féminine en Aveyron à travers leurs journaux. JFCA-JACF 1936-1958, mémoire de maîtrise en histoire sous la dir. de Philippe Levillain et Pascal Ory, Université Paris-X Nanterre, 1988, 129 feuillets.
MARIE-PAULE HALGAND, 1972 : la vague de 1968 ou la difficile recherche de l’identité mémoire de DEA de sociologie sous la dir. de Michel Wieviorka, CADIS, 1991, Paris, 100 feuillets + annexes.
FRANÇOIS COLSON, La JAC, des origines à la Libération, 1976, 42 pages (document de travail multigraphié).
ALBERT ACHARD (S. J.), Vingt ans de JACF 1933-1953, Ed. JACF, 1953, 128 pages.
MICHEL D’HAENE (S. J.), La JAC a 25 ans, Ed. JAC, coll. « Semailles », Paris, 1954, 144 pages.
JAC-MRJC : 1929-1979, 50 ans de notre mémoire, MRJC, Paris, 1979, 284 pages.
70 ans de jeunesse, 1929-2000, Paris, MRJC, 2000, 72 pages.
JAC et modernisation de l’agriculture de l’Ouest, Compte-rendu de la journée d’étude du , INRA-Rennes, Rennes, 1980, 212 pages.
reproduction de l’étude de DANIELLE BARRES, FRANÇOIS COLSON, FRANÇOISE BOURQUELOT ET HENRI NALLET, La JAC et la modernisation de l’agriculture, publiée la même année par l’INRA (Paris-Nantes) et l’EHESS (Paris), multigraphié, 26 pages ;
communication de PAUL HOUEE, Les étapes du projet jaciste dans le développement rural ;
communication d’YVES LAMBERT La JAC et la modernisation des agriculteurs dans la région d’Ancenis ;
communication de ROGER LE GUEN La Place de la JAC dans l’évolution des exploitations agricoles du Maine-et-Loire.
BERTRAND HERVIEU, La JAC et le MRJC, une brève étude historique, MRJC, Paris, 1971, 48 pages (multigraphié).
MARTYNE PERROT, « La jaciste, une figure emblématique », in Rose-Marie Lagrave (sous la dir. de), Celles de la Terre. Agricultrices, l’invention politique d’un métier, éd. de l’EHESS, Paris, 1987, 254 pages.
JEAN CONQ, De la Jeunesse agricole catholique au Mouvement rural de jeunesse chrétienne, 1959-1965, mémoire de maîtrise en histoire sous la dir. d’Antoine Prost, université Paris-I, 1991, 148 feuillets + annexes
CATHERINE ROSSIGNOL, La crise du Mouvement rural de jeunesse chrétienne, 1967-1974, mémoire de maîtrise en histoire sous la dir. d’Antoine Prost, université Paris-I, 1991, 159 feuillets + annexes.
GWENAËLLE LAOT, La Révolution culturelle jaciste. Aspects culturels de la JAC/F dans le Finistère (1945-1960), mémoire de maîtrise en histoire sous la dir. d’Yvon Tranvouez, université de Bretagne occidentale, 2001, 156 feuillets + annexes.
JEAN-FRANÇOIS COLET, Itinéraires de militants et militantes jacistes (1936-1967), mémoire de maîtrise d’histoire sous la dir. de Gérard Cholvy, université Paul-Valéry-Montpellier-III, 2002, 466 feuillets.
VINCENT FLEUROT, La JAC dans le Massif central méridional (Aveyron, Cantal), des années 1930 aux années 1960, thèse pour le doctorat d’histoire soutenue en 2003, université d’Aix-Marseille-I, 3 vol., 706 feuillets.
JEAN-MARIE BALANANT, Générations jacistes : des militants finistériens témoignent, mémoire de master I en histoire sous la dir. d’Yvon Tranvouez, université de Bretagne occidentale (Brest), 2005, 240 feuillets ;
En route vers la mixité : la transformation de la JAC et de la JACF en MRJC (1930-1965), mémoire de master II en histoire sous la dir. d’Yvon Tranvouez, université de Bretagne occidentale (Brest), 2007, 181 feuillets.
Alban Habauzit, « La JAC en Haute-Loire de la guerre au MRJC (1939-1964) », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay,
Jean-Pierre Houssel, « La place des anciens de la Jeunesse agricole catholique (JAC et JACF) dans la modernisation des campagnes en Haute-Loire », Cahiers de la Haute-Loire, Le Puy-en-Velay,